Almaïsa, Amedeo Modigliani
Saga Hebdo 1/2
• Almaïsa, 1916, hst, 91,4 x 53,3 cm, Amedeo Modigliani, collection particulière.
Quoi de plus fascinant que la vie de Modigliani ? Ce mélange de culture, de sensibilité, de transgression permanente, dans le Montparnasse de la guerre. En 1916, Modigliani met fin à sa relation tourmentée (et violente) avec Béatrice Hastings. Il va commencer sa série des grands nus, qui le mènera jusqu’à la fin de 1917. Malgré son manque chronique d’argent, il réussit grâce à son charme et sa beauté (son magnétisme, disaient alors les femmes), à faire poser pour lui quelques modèles professionnels. Almaïsa était de ceux-là.
Modi l’a identifiée clairement en haut à droite sur ce tableau. Il semble que son nom signifie en arabe « Celle qui se dandine ». Était-elle danseuse, comme son nom ou surnom peut le laisser supposer ? Était-elle algérienne, comme Modi l’a écrit à son propos d’un autre tableau ? Certains le pensent, d’autres évoquent « L’Italienne à Alger » (1813) de Rossini, et pensent qu’elle était italienne. À cette époque Modi vivait seul (il ne rencontra Jeanne Hébuterne qu’en avril 1917). A-t-elle été pour lui plus qu’un modèle ? Comme cette Germaine, (ou Thérèse, ou Suzanne, les avis divergent) dont André Salmon raconte que Modi lui avait donné un fils non reconnu ? Almaïsa est identifiable avec certitude sur 2 tableaux de Modi (et certains historiens la reconnaissent sur plusieurs autres), mais elle n’apparaît pas chez les autres peintres de cette époque.
En tout cas, le modèle fait aussi rêver (ses yeux en amande, les lèvres ourlées, etc.) et quand ce tableau, qui était dans une collection bâloise, a été mis en vente chez Phillips à New York en 2001, une bataille d’enchères le vit adjugé à 7.1 millions de dollars.
11/09/2015
Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad