VisiMuZ, un concept qui s’installe dans l’univers des guides pour les musées

VisimuZ, source du magazine l’Express

VisiMuZ, après seulement 3 mois d’existence, s’illustre comme un acteur sérieux et crédible de l’information sur les Beaux-Arts.
Dans l’Express du 21 mars 2013, aux pages culture, on trouve un article qui prend ses sources sur le blog VisiMuZ et le dit. Merci à Amaury Perrachon.

Express_Capture21mars13

Pour lire l’article de l’Express, aller sur :

L’Express : Top 10 des tableaux volés puis retrouvés de façon insolite

Il reprend là notre article de janvier 2013 :

Retour sur les tableaux volés, tableaux retrouvés en 2012

VisiMuZ, un concept qui s’étend

Lors de nos dernières visites aux musées du Vatican ce mois-ci, nous avons pu voir des guides-conférenciers professionnels s’appuyer sur leur tablettes pour mieux expliquer les tableaux. Les guides VisiMuZ vous fournissent ce type d’informations, mais en vous permettant en plus de choisir avant la visite ce que vous avez envie de voir, et en vous aidant dans votre itinéraire dans le bâtiment, afin de rendre votre visite plus réussie.

VisMuZ_un_concept_qui_prend

VisiMuZ et ses lecteurs

Au-delà de la publication de l’Express ou de nos observations dans les musées, nous tenons à remercier tous les lecteurs-utilisateurs des guides VisiMuZ, ainsi que tous les visiteurs du blog VisiMuZ et de la page Facebook VisiMuZ.
Le Blog de VisiMuZ enregistre une progression très régulière de son nombre de visiteurs de 20 % PAR SEMAINE. Merci à vous tous qui appréciez nos publications et nous récompensez du travail de synthèse que nous réalisons au quotidien, pour que vos visites des musées soient plus riches et plus réussies.

Pensez à prendre vos tablettes pour vos prochaines visites dans les musées.

La lecture sur tablette : quelques infos pour le débutant 2/2

Nous avons vu dans un premier article (ici) que la lecture numérique :
1) pouvait se faire sur tablette ou sur liseuse, mais que la tablette emportait les suffrages d’une majorité.
2) que le format à choisir entre 7 à 10 pouces dépendait des envies de chacun.
3) que le format de fichier des livres devait être reformattable (flow) pour profiter des avantages du numérique (choix de police, etc.).
Nous allons aller un peu plus en profondeur aujourd’hui et étudier :
1) les différents éco-systèmes,
2) la structure des livres et les formats techniques (ici),
3) les ebook-readers (ou programmes de lecture) (ici),
4) l’organisation de votre bibliothèque numérique (ici),

1) Les différents éco-systèmes

Nous appelons éco-système l’ensemble formé par un fabricant de matériel ou de système d’exploitation, sa place de marché et son catalogue de livres, et enfin ses propositions pour l’organisation et la sauvegarde de votre bibliothèque (en général sur son site, ce qui est souvent appelé le cloud, mais un cloud dont il est le propriétaire).

En introduction, les DRM (ou Digital Rights Management) sont des algorithmes de cryptage des données qui empêchent de copier et ou transférer dans un autre éco-système. Ils sont analogues dans leur objet à ces dispositifs anti-copie que l’on a vu sur les CD il y a dix ans et dont on a pu mesurer le succès extraordinaire 😉

Aujourd’hui trois éco-systèmes principaux existent :
– Apple, avec sa boutique iBookstore, son format epub (que nous verrons ci-dessous au paragraphe suivant), ses livres avec ou sans DRM selon le choix des éditeurs.
– Androïd, la boutique Google Play, son format epub, ses livres avec ou sans DRM.
– Kindle, la plate-forme Amazon, ses formats propriétaires, ses livres avec ou sans DRM.
D’autres sont moins visibles et connus au travers des liseuses tels que Kobo (Fnac), ou Bookeen Cybook (Virgin, Cultura, Decitre), Nook (Barnes & Noble) tous au format epub.

2) La structure des livres et les formats techniques


En préambule, un livre numérique n’est pas une application. Un e-book ne doit pas être cherché sur l’App Store par exemple mais sur l’iBookstore (ou l’iTunestore sur PC).
Les livres numériques sont dans un format « re-formattable » en fonction de la police de caractères et la notion de page fixe n’existe plus. Des normes ont été élaborées depuis quelques années et en particulier la norme epub, qui a eu différentes versions (aujourd’hui nous en sommes à epub3) et est basée sur le langage html du web.
Rassurez-vous, nous n’irons pas plus avant dans les tréfonds de la technique, mais il est important de comprendre aussi qu’un livre numérique est structuré, comme une page web ou une application (cette dernière est un programme exécutable). Un livre numérique, même le plus simple, a au moins un titre, des chapitres, des paragraphes, une table des matières, donc une structure. Alors un ebook peut être bien structuré ou mal structuré selon les principes de développement adoptés par l’éditeur. L’éditeur de livre numérique doit avoir maintenant des compétences en développement informatique, ce qui n’est pas encore le cas de tous aujourd’hui. On se souvient à ce sujet du prix Goncourt 2011 édité en numérique par un éditeur célèbre qui avait omis les cédilles ou certains accents. Ceci était lié à une numérisation du livre papier, preuve d’un manque de compétence dans le domaine informatique.

Exemple d’un commentaire client lu sur Amazon.
« Deux mots suffiront : mauvais formatage. Dommage car le choix d’œuvres est intéressant. Pour la suite prévoir une édition des « Voyages » serait bien. En veillant au formatage ! »

L’auteur est donc important, mais le rôle de l’éditeur numérique l’est aussi. Le marché à ce stade n’est pas mature, en particulier pour les textes libres de droit.
Dans la suite de l’article, on supposera que l’éditeur a bien fait son travail.
Deux grandes familles de formats techniques sont maintenant adoptés par tous les éditeurs : le format epub (norme epub2 ou epub3) et le format azw (ou kf8, ou prw, ou mobi).

Le format se visualise via les trois ou quatre lettres qui sont à la fin du nom de fichier. On pourra trouver par exemple un livre Fifty_Shades_of_Blue.epub ou La_Chartreuse_De_Parme.azw3.
La famille azw (ou kf8, prw, mobi) est celle utilisée par Amazon, la famille epub par tous les autres tels qu’Apple, Androïd, Kobo, etc.

Les formats Amazon (kf8, azw3, prw, mobi,etc.) sont des formats dits propriétaires. Ils ne respectent pas une norme publiée. Notons de plus chez Amazon deux générations de produits. Jusqu’en 2011, Amazon utilisait le format mobi, renommé prw, un format propriétaire antérieur aux normes du livre numérique, aux jeux de caractères et au graphisme très limité. Ce format est utilisable sur toutes les liseuses Kindle, quelle que soit leur génération. Mais cet ancien format ne supporte pas tous les caractères étendus (tels que les étoiles, les diamants, les flèches, les puces, etc..), ni les traits d’encadrement, de soulignement, les changements de couleur pour des encadrés, une gestion propre des images dans le texte, etc. Il ne convient donc que pour des textes purs (romans, essais).
Le format kf8 ou azw3 gère beaucoup mieux le graphisme ou les images. Il n’est pas utilisable sur les liseuses (encre électronique) mais seulement sur les tablettes (Kindle fire).

Quand Amazon écrit « format Kindle », cela peut signifier ancien format prw, compatible avec toutes les liseuses et tablettes Kindle, mais aussi le nouveau format kf8 et dans ce cas, Amazon ne propose pas que vous l’achetiez pour les anciennes liseuses.

achat_format_kf8_vs_prw_Amazon

Ainsi sur l’exemple de gauche (achat d’un roman) on peut télécharger le livre sur toutes les liseuses et tablettes ou PC enregistrés chez Amazon. Sur l’exemple de droite (achat d’une BD) seul le 2ème Kindle est proposé. Le premier choix, celui d’une liseuse Kindle de 2011 au format prw/mobi, est grisé. Le 2ème Kindle est dans cet exemple un Kindle Fire, au format kf8/azw, c’est pourquoi il est proposé.

3) Les ebook-readers (ou programmes de lecture)

Un ebook sur une tablette a besoin pour être lu d’un programme de lecture ou e-reader. Sur une liseuse, il y a aussi un programme de lecture mais celui-ci est lié « en dur » au matériel. Il ne peut être séparé de la liseuse elle-même.
Sur une tablette (autre que la Kindle Fire sur lequel l’e-reader est imposé par Amazon), vous pouvez choisir l’e-reader qui correspond le mieux à vos habitudes ou à vos goûts, avec une limitation toutefois. Les fonctionnalités supportées par les e-readers ne sont pas identiques, en particulier pour les livres enrichis.
À ce jour, un e-reader surpasse tous les autres au niveau de la conformité à la norme epub. iBooks sur la famille iPad, iPhone (iOS) est conforme à la norme et c’est pourquoi, logiquement les ebooks enrichis sont publiés tout d’abord sur l’iBookstore. iBooks a encore deux défauts, dont les éditeurs espèrent qu’ils seront corrigés assez vite.
1) Les règles de césure appliquées sont celles de l’anglais et non du français ce qui donne des résultats parfois surprenants et en tout cas très désagréables pour un lecteur exigeant.
2) Certains caractères d’imprimerie classiques ne sont pas encore gérés. Ainsi les « fines espaces insécables » ou certains tirets cadratins s’affichent improprement comme des petits carrés.
D’autres e-readers (59 gratuits ou payants ont été trouvés lors d’une recherche récente) sont disponibles pour l’iPad sur l’appstore. Citons par exemple BlueReader, Marvin, ou le défunt Stanza. La plupart ne supporte que partiellement la norme epub2 et pas la norme epub3, et ne sont utilisables que pour des textes simples.
Sur Androïd, les e-readers sont aussi souvent déficients pour les textes enrichis, et pour des ebooks enrichis comme les guides VisiMuZ, aucun e-reader ne donne pleinement satisfaction.

iPad_vs_Android2

Exemple d’affichage d’un guide VisiMuZ sur iPad et Androïd. Les étoiles sont manquantes sur Androïd (à droite).
On peut citer parmi les problèmes rencontrés :
-un agrandissement des images impossible,
-un affichage incorrect des jeux de caractères étendus (caractères danois, espagnols, italiens si on est en français, ou symboles et puces),
-pas de support des cadres, bordures, lettrines, fonds colorés, etc. qui rendent le livre tellement plus agréable à lire,
– et surtout l’impossibilité d’utiliser ce que l’on appelle la navigation non-linéaire.
La navigation non-linéaire est une caractéristique des livres numériques, analogue à la notion de lien dans une page Web. C’est la base pour les livres enrichis et c’est ce qui permet dans les guides VisiMuZ, la navigation dans les salles du musée, ce qui révolutionne la visite par rapport à un guide papier en permettant entre autres de faire son propre itinéraire sans se préoccuper de trouver la page dans le guide.
Je vais citer ici un « coup de gueule » de F. Bon le mois dernier sur le blog de tierslivre.net (ici) dans un article un peu technique mais bien documenté.
« Toutes les marques, Samsung, Microsoft, Kindle, Kobo proposent des tablettes aux normes epub3 : sauf qu’elles refusent, dans leur moteur epub3, la possibilité de cette instruction dite non-linear et qui est pour nous, auteurs, après 15 ans de web, rien que l’élémentaire de l’écriture, un des modes de l’hypertexte. Et c’est grave, parce que – voyez les capacités de la Samsung – la prescription technique des marchands interfère alors en amont avec une norme d’écriture établie uniquement selon les critères marchands dérivés du livre traditionnel.»
D’après les tests assez exhaustifs que nous avons réalisés sur différentes tablettes, seul l’e-reader iBooks sur iPad supporte aujourd’hui proprement la navigation non linéaire (au passage, merci de nous dire si vous en avez trouvé un autre). Sur Androïd, elle est supportée partiellement avec l’e-reader Mantano. Sur PC, on peut utiliser, avec toutefois un confort de lecture moindre, l’extension epubreader sous Mozilla Firefox.

4) L’organisation de votre bibliothèque numérique et sa pérennité.

Chez VisiMuZ, en tant qu’éditeurs mais aussi en tant que lecteurs, nous sommes fondamentalement attachés à la notion de bibliothèque, et à la pérennité de celle-ci.
Un livre n’est pas et ne sera jamais comme un jeu vidéo qu’on utilise et qu’on jette quand la nouvelle version sort, ou qu’on perd quand on change d’ordinateur ou de tablette. Nous sommes aussi convaincus de la complémentarité du livre papier et du livre numérique.
Attention : autant les paragraphes précédents sont seulement factuels, autant nous faisons part ci-dessous de nos convictions et engagements.
Aussi :
– Un propriétaire d’un livre acheté doit pouvoir le stocker dans sa bibliothèque. Cette bibliothèque peut être sur un ordinateur, une clé USB ou dans le cloud, mais ne doit pas dépendre d’un des acteurs vus ci-dessus.
– Pour les livres que j’appelle « jetables », comme certains livres de vacances, l’origine (Amazon ou epub), et la présence ou non de DRM n’a aucune importance.
– Pour les autres, nous ne saurions trop vous conseiller de stocker vos livres au format epub, soit en les achetant dans ce format, soit en les y convertissant (programme Calibre) s’ils sont évidemment sans DRM.
En conséquence, acheter un livre qu’on veut garder, à la fois avec des DRM et sur Amazon serait une erreur, puisque dépendrait du bon vouloir de ce fournisseur au format propriétaire (on sait aussi qu’Amazon peut et a déjà effacé à distance des livres, en l’occurrence ceux de Georges Orwell, sur les Kindle de ses clients).
Dans le même ordre d’esprit, la bibliothèque de Google Play ne permet pas d’importer des livres issus d’un autre éco-système, par exemple des livres achetés sur l’iBookStore, ou créés artisanalement dans le cercle familial ou amical, ou des ebooks créés à partir de Wikipedia (nous parlerons de cette possibilité une autre fois). Google Play n’est donc pas une vraie bibliothèque et nous vous recommandons d’utiliser un autre système pour ranger vos livres numériques (au format epub évidemment).
Et comme vous l’avez évidemment compris, les guides VisiMuZ sont au format epub, et sans DRM. Ils sont pour l’instant disponibles uniquement sur l’iBookstore, mais transférables et lisibles sur les tablettes Androïd (avec certaines limitations des fonctionnalités fonction des e-readers) et sur Kindle Fire (mais sans la navigation interactive).
Nous espérons que ce tour d’horizon va vous permettre de mieux connaître les possibilités pour vos achats, vos lectures, et vous donner quelques idées pour l’organisation de votre bibliothèque numérique.

Pour VisiMuZ, François Blondel

WE à Londres : Visitez la National Gallery avec un guide VisiMuZ dès le 11 mars

Pour que vous soyez acteur de votre visite et rendre celle-ci plus riche et plus réussie,
Pour visiter à votre guise en fonction du temps que vous avez et selon l’itinéraire que vous souhaitez,
Pour éviter de sortir du musée en étant frustré de ne pas avoir vu ce que vous auriez aimé voir,
Emportez votre guide VisiMuZ de la National Gallery sur votre tablette.

11mars_Cover_National_Gallery_fr
National_Gallery_Visimuz

Le guide VisiMuZ de La National Gallery contient plus de 150 reproductions de tableaux, que vous pouvez agrandir en pleine page. Près de 1000 œuvres ont été référencées, dont 13 ☆☆☆ et 49 ☆☆.

Le guide de la National Gallery, est le troisième guide VisiMuZ, après ceux du Metropolitan de New-York et de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.
Les guides VisiMuZ sont dédiés aux peintures des collections permanentes des Grands Musées du monde. Ils répertorient les œuvres de plus de 500 parmi les peintres ou sculpteurs les plus importants pour l’histoire de l’art. Le guide a ensuite été conçu pour permettre de les localiser le plus facilement possible dans les bâtiments.
Les guides VisiMuZ sont innovants, complets, simples, pratiques. Ils profitent pleinement des avantages du support numérique (navigation intuitive, recherche textuelle, police adaptée à la vue du lecteur, annotations, etc.).

NationalGallery_Astuces_VisiMuZ

Vous pouvez préparer tranquillement votre visite chez vous, à l’hôtel, dans le train ou dans l’avion. Aucune connexion n’est requise après le téléchargement initial (à l’exception près de la  biographie wikipedia)

National Gallery -  Astuces plans et étoiles VisiMuZ

Vous pouvez vous déplacer de manière interactive dans le musée à partir du plan, retrouver directement et simplement les tableaux les plus célèbres. Au lieu de subir un itinéraire, vous organisez votre propre visite en étant sûr de retrouver les œuvres des artistes que vous aimez. Pour chacune des œuvres majeures, un petit commentaire vous plonge dans l’histoire du tableau ou de son auteur. Les enfants sont également demandeurs, car le guide transforme leur visite du musée en « chasse au trésor ».
Les guides VisiMuZ vous donnent une vision d’ensemble du musée que vous êtes en train de visiter.
Ce sont aussi des guides nomades. Ils sont rapides à télécharger, sont économes en place (6 Mo environ), ne nécessitent aucune connexion, ce qui est indispensable à l’étranger.
Les guides VisiMuZ sont pérennes. Ce sont d’abord des livres. Ils sont transférables sur différentes tablettes.
VisiMuZ Éditions est un éditeur issu du monde numérique, spécialisé dans le monde de l’Art.
À ce jour trois guides VisiMuZ ont été publiés :
– États-Unis – Metropolitan Museum of Art – New York
– Russie – Musée de l’Ermitage – Saint-Pétersbourg
– Grande-Bretagne – National Gallery – Londres
Les prochaines parutions sont les suivantes :
– Vatican – Pinacothèque, Chapelle Sixtine et autres – Rome
– Autriche – Kunsthistorisches Museum – Wien

Toutes les fonctionnalités des guides VisiMuZ sont actives sur les iPads, iPods, iPhones. Une version Androïd est en préparation (utilisable avec le programme de lecture Mantano).

8 mars – Journée internationale des femmes – Hommage à Suzanne Valadon

Ce 8 mars, les musées ont rendu en général hommage aux femmes en publiant des portraits de femmes par des hommes, ou en glorifiant la maternité, transformant peu ou prou la journée des Droits des femmes en une fête des Mères-bis. Ce n’est pas de cela que nous allons parler aujourd’hui, mais d’une femme libre. Marie-Clémentine Valadon  est arrivée à Paris peu avant la Commune. Elle sera  peintre et mère du peintre Maurice Utrillo, et les amants de cette fille de blanchisseuse s’appelaient Henri de Toulouse-Lautrec ou Erik Satie.
Nous n’allons pas refaire la bio de Suzanne Valadon. Celle de Wikipedia existe, et sa biographie complète par Jeanne Champion, dans laquelle nous avons puisé quelques anecdotes,  est constamment rééditée depuis 1984,  Mais arrêtons-nous sur quelques aspects !
1) Son physique
En classe, elle gribouille souvent des visages et en particulier le sien. Elle a de beaux traits, des yeux bleus, une grande bouche, le menton volontaire, un caractère fort et la gouaille d’une enfant des rues de Montmartre. Elle est remarquée par tous ceux qui la côtoient, camarades de classe d’abord, puis ouvriers de la Butte. Elle est petite (1,54 m), et on lui reproche alors facilement une arrogance qui n’est qu’une affirmation de sa liberté.

2) Maria, la modèle
En 1880, à quinze ans, elle devient brièvement acrobate, au cirque Fernando. C’est là qu’en 1879, Degas a peint Miss Lala au cirque Fernando (National Gallery- Londres). Mais Marie-Clémentine est trop pressée et une mauvaise chute interrompt sa carrière à peine commencée. Elle continue à dessiner et décide de devenir modèle, sous le prénom de Maria, pour subsister. C’est elle qui pose, entortillée dans un drap de lit pour Le Bois sacré cher aux Arts et aux Muses de Puvis de Chavannes,  et qui nous domine quand on monte l’escalier du musée des Beaux-Arts de Lyon.
Elle rencontre bientôt Renoir pour lequel elle pose souvent par exemple dans Danse à la ville ou les Parapluies.

Valadon_Pierre-Auguste_Renoir_Danse_Ville_OrsayValadon_Pierre-Auguste_Renoir_Parapluies_National_Gallery_Londres

Danse à la ville, 1882-83 – Orsay                               Les Parapluies, 1883 – National Gallery

Quand elle fait la connaissance de Toulouse-Lautrec, il lui donne le prénom de Suzanne, à cause des deux vieillards libidineux que sont pour lui Renoir et Puvis qui n’aiment rien tant que la faire poser nue. Toulouse remarque les gribouillis de Maria et, convaincu de son talent, la présente à Degas.

3) La femme-peintre et cougar
1891. Degas est devenu son maître, et pour elle comme pour lui, c’est d’abord la sûreté de son dessin qu’on admire. Toute sa vie, elle peindra des nus (comme le très beau Nu à couverture rayée de 1922 au musée d’Art moderne de la ville de Paris) ou le petit dessin ci-dessous (29 x 20 cm). Il a été exécuté en 1895 et donné plus tard à Berthe Weill, la découvreuse de Picasso en 1900, qui a exposé Suzanne dès les années 1900. Ce dessin a été vendu chez Sotheby’s Londres en 2007.
En 1894, elle est la première femme peintre à être admise à la Société Nationale des Beaux-Arts.

Suzanne_Valladon_Nu_1895_Sothebys
Sans titre, 1895, dédicacé « à Berthe Weill, à son esprit, avec toute mon amitié » – collection privée

Elle vendait beaucoup moins que son fils Maurice Utrillo. Les clients préféraient les rues de Montmartre de celui-ci aux nus de sa mère au dessin plus construit. Comme Balthus (1908-2001) le fera plus tard, elle a beaucoup dessiné ou peint des portraits de jeunes enfants ou adolescents, mais aussi des natures mortes, ou des paysages. Sa nièce Gilberte, assise ci-dessous, a été son modèle pour des portraits moins sages que celui-ci. Notez aussi l’hommage de l’artiste à son maître Degas avec le tableau accroché au mur.

Musée_Beaux-Arts_Lyon_Valadon_MarieCoca Portrait de Marie-Coca et de sa fille Gilberte, 1913 – Musée des Beaux-Arts de Lyon

Suzanne abandonne pour un temps la vie de bohème le temps de son mariage avec le banquier Paul Moussis de 1896 à 1909. Mais le naturel reste le plus fort , et elle le quitte pour un ami de Maurice, André Utter, de 21 ans plus jeune qu’elle et « beau comme un dieu ». C’est lui qui pose dans le Lancement du filet ci–dessous.

Suzanne_Valadon-Le_Lancement_du_filet-Musée_des_beaux-arts_de_Nancy

Le Lancement du filet, 1914, 201 x 301 cm – Musée des Beaux-Arts de Nancy (dépôt du centre Pompidou depuis 1998)

4) La châtelaine profiteuse
André Utter a compris que Maurice Utrillo, son ex-compagnon de bringue et beau-fils, pouvait être leur manne à tous. Maurice est alcoolique et est, après plusieurs cures, sous surveillance permanente. En clair, il est enfermé et condamné à peindre . Ses peintures ont un succès toujours grandissant et il assure le train de vie du trio. André Utter a acheté en 1923 le château de Saint-Bernard dans l’Ain et rien n’est trop beau pour la mère et son mari. Une anecdote en particulier est bien connue. Suzanne va prendre un taxi pour aller de Paris à Saint-Bernard (400 km). Inquiet de leurs dépenses, la galerie Bernheim Jeune achète une maison au nom de Maurice, avenue Junot à Paris, pour cette curieuse famille. Dans le même temps, c’est la reconnaissance officielle pour Suzanne. Dans les années 30, l’Etat lui achète plusieurs œuvres importantes et elle est donc célébrée dans les musées nationaux de son vivant. Elle mourra en 1938 à 73 ans d’une congestion cérébrale.
« Je me suis trouvée, je me suis faite, et j’ai dit, je crois , tout ce que j’avais à dire. » avait-elle déclaré dans son âge mûr.  Pour évoquer Suzanne Valadon, Elisabeth Couturier dans Historia (n° 751 de 2009) a titré La Garçonne avant l’heure qui résume assez bien la vie de Marie-Clémentine Valadon.
Les tableaux de Suzanne Valadon sont visibles en France au centre Pompidou, au musée Utrillo de Sannois (95), mais aussi à Lyon, Nantes, Nancy, Montpellier, Limoges ou encore au musée d’art moderne de la ville de Paris. À l’étranger, le Met (Nu allongé), le musée de San Diego, le SMK de Copenhague (Fleurs de printemps), le musée de Gand, celui de Buenos-Aires, le musée du Petit Palais (fermé et dont la date de réouverture est inconnue) à Genève, par exemple, lui ont offert leurs cimaises.

Crédits photographiques :
1) Danse à la ville Lien http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pierre-Auguste_Renoir_019.jpg
User (Eloquence) licence PD-Art (Yorck Project)
2) Les Parapluies Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pierre-Auguste_Renoir_122.jpg
User (Eloquence) licence PD-Art (Yorck Project)
3) Sans titre, 1895 Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Suzanne_Valladon_,_Nu,_1895.jpg
User : Alinea licence : CC-PD-Mark
4) VisiMuZ
5) Le Lancement du filet Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Suzanne_Valadon-Le_Lancement_du_filet-Mus%C3%A9e_des_beaux-arts_de_Nancy.jpg User : Ji-Elle licence CC-BY-SA-3.0

Deux chaises et une oreille : Gauguin et Van Gogh

La littérature a eu, quelques années avant, son drame. En 1873, Verlaine a tiré sur Rimbaud. Mais la peinture ne va pas longtemps être en reste. Le 23 octobre 1888, Paul Gauguin rejoint Vincent Van Gogh pour fonder un « atelier du midi » qui reprendrait le concept de l’école de Pont-Aven, mais sous le soleil du sud.  La vie quotidienne s’organise, les deux hommes se partagent les tâches ménagères mais les relations se dégradent vite.
De leur éphémère collaboration, subsistent deux grands tableaux : Les Arlésiennes (Mistral), à l’Art Institute de Chicago, pour Paul Gauguin, et La Salle de danse à Arles à Orsay pour Vincent Van Gogh.

En novembre 1888, il pleut sur Arles et Vincent, bloqué à la maison, loin des paysages qu’il aime tant, va écouter les conseils de Paul pour des sujets plus « symbolistes ». Il peint deux chaises, la sienne et celle de Gauguin.  En effet, Vincent avait l’ambition d’accueillir d’autres amis artistes dans sa maison-atelier, et avait acheté plusieurs chaises, chacune devant refléter un peu de la personnalité de leur propriétaire. Cette idée était née à la mort de Charles Dickens en 1870, la revue « Graphic » ayant fait paraître la gravure d’une chaise vide (ici) pour peindre l’absence de l’écrivain. Les objets posés sur la chaise sont là pour évoquer un peu de la personnalité de leur propriétaire.
Vers le 19 novembre, Vincent écrit à son frère Théo :
« Si à quarante ans, je fais  un tableau de figures tel que les fleurs dont parlait Gauguin, j’aurai une position d’artiste à côté de n’importe qui. Donc persévérance. En attendant je peux toujours te dire que les deux dernières études sont assez drôles. Toiles de 30, une chaise en bois et en paille toute jaune sur des carreaux rouges contre un mur (le jour). Ensuite le fauteuil de Gauguin rouge et vert, effet de nuit, mur et plancher rouge et vert aussi, sur le siège, deux romans et une chandelle. Sur toile à voile à la pâte grasse.»

Vincent_Willem_van_Gogh_138

Vincent_van_Gogh_-_De_stoel_van_Gauguin_-_Google_Art_Project

La Chaise de Vincent 1888 – National Gallery Londres, et La Chaise de Gauguin – Van Gogh Museum, Amsterdam

Vincent est le jour, Paul est la nuit. Pourquoi pas ?

Mais les relations se tendent  jusqu’à ce jour du 23 décembre où Vincent, le « Hollandais fou » menace Paul avec un rasoir avant de se trancher un morceau du lobe de l’oreille gauche. Il existe d’autres versions de l’histoire, comme celle d’un coup de rapière porté par Gauguin. On trouvera des commentaires sur un article du Figaro de 2009 (ici), à la suite de la parution d’une étude allemande.

Les deux hommes ne se reverront pas. Vincent un peu plus tard réalise des autoportraits le montrant avec l’oreille bandée (qui est donc à droite dans ses autoportraits au miroir).

Courtault_GOG01_6140
L’Homme à l’oreille bandée, 1889. Institut Courtauld , Londres

Il existe deux portraits de cet Homme à l’oreille bandée. Le premier est à l’Institut Courtauld à Londres. Si, passant par Londres avec votre guide VisiMuZ de la National Gallery (parution le 11 mars prochain), vous admirez La Chaise à la National Gallery, un détour s’impose pour aller jusqu’à l’Institut Courtauld (à 500 m à pied) pour voir la suite de l’histoire.

Le second (pour combien de temps encore ?) est dans une collection particulière à Chicago.
S’il est présenté dans une maison de ventes, nul doute que le montant d’adjudication sera pharaonique.

Self-Portrait_with_Bandaged_Ear_and_Pipe20

Vincent a retrouvé Paul dans la salle de l’Institut Courtauld où leurs tableaux sont proches (photo ci-dessous). Permettez-nous à ce sujet à la fois une digression, un coup de cœur et un coup de gueule !

Courtault_VanGogh_6139
La photo ci-dessus montre tout l’intérêt qu’il y a à (re-)découvrir les collections permanentes. Vous avez tout le temps, tout l’espace pour profiter des œuvres. On est loin de la foule agglutinée dans les expositions temporaires montées en épingle. Chez VisiMuZ, nous avons envie de vous emmener voir ces trésors accessibles, mais peu médiatisés, que sont les collections permanentes.

Crédits Photos :
1) La Chaise de Vincent
Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vincent_Willem_van_Gogh_138.jpg
User : Slick-o-bot licence : CC-PD-Mark
2) La Chaise de Gauguin
Lien http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vincent_van_Gogh_-_De_stoel_van_Gauguin_-_Google_Art_Project.jpg – User DcoetzeeBot – Licence : CC-PD-Art
3) VisiMuZ
4) L’Homme à l’oreille bandée
Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Self-Portrait_with_Bandaged_Ear_and_Pipe20.jpg
User : Nolan Licence : CC-PD-Mark
5) VisiMuZ