Notre thème du jour, est la suite de celui d’avant-hier.
Après Venise par Manet, regardons Venise par Boudin.
Venise, Santa Maria della Salute vue de San Giorgio, 1895, hst, 46 x 65 cm, Eugène Boudin, Museum of Fine Arts, Boston
Nous sommes en 1895. Boudin a 71 ans. Malade, profondément marqué par la mort de sa femme, il passe maintenant tous les hivers sous le soleil de la Côte d’Azur. Cet hiver-là, il pousse jusqu’à Venise qu’il découvre. Ziem est à la mode alors, et les touristes voient Venise avec le regard de Ziem, celui d’une Venise archaïque aux bateaux à voiles qui ont en réalité disparu. Mais Boudin a plus de personnalité et voit la ville avec ses yeux à lui. Bien sûr il regrette de ne pas y être allé plus jeune mais il trouve des points de vue très personnels. Il déclarera l’année suivante à Gustave Cahen : « Il y a une autre Venise, celle que j’ai vue, non moins belle et d’une beauté éternelle. Les misérables efforts des hommes, voyez-vous, n’empêcheront jamais le ciel d’être bleu, les nuages de courir en troupeaux rapides ou en flocons légers sur son immense tapis de velours, et la mer de refléter les mirages du ciel… Ah ! Ce fut pour moi une inoubliable volupté de l’œil que ce voyage ».
Et il est vrai que Boudin nous régale par son approche si personnelle, par son métier qu’il possédait de façon si intense qu’il pouvait peindre un tableau (fini, non une pochade) en une journée « sur le motif ».
Mais quand on compare notre tableau du jour, peint en 1895, avec le précédent, peint 20 ans plus tôt en 1875, on aime Boudin pour toutes ses qualités techniques, pour sa « joliesse », mais… on comprend bien pourquoi et comment Manet a changé la scène artistique de l’époque. Et vous, qu’en pensez-vous ?
31/01/2016
Photo wikimedia commons Eugène_Louis_Boudin_-_Venice,_Santa_Maria_della_Salute_from_San_Giorgio_-_Google_Art_Project Usr DcoetzeeBot