Le Pont japonais et la mare aux nénuphars, Giverny, 1899, Claude Monet, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie
Si la maison de Giverny est très connue des Français, si les papiers peints, la déco, le jardin, et même le service de table font l’objet de déclinaisons répétées, beaucoup d’entre nous ont oublié la genèse de ce domaine magique. Aujourd’hui, nous ne dirons rien et laisserons Gustave Geffroy, le premier biographe de Monet et son ami proche, nous raconter Giverny. Nous avons aussi l’honneur de publier G.Geffroy chez VisiMuZ.
« C’est à Giverny qu’il faut avoir vu Claude Monet pour le connaître, pour savoir son caractère, son goût d’existence, sa nature intime…/… Celui qui a conçu et agencé ce petit univers familier et magnifique n’est pas seulement un grand artiste dans la création de ses tableaux, il l’est aussi dans le décor d’existence qu’il a su installer pour s’y plaire à l’abri de toutes les tentations du luxe, car le luxe, il l’a, …en correspondance parfaite avec son esprit et sa philosophie de la vie. Cette maison et ce jardin, c’est aussi une œuvre, et Monet a mis toute sa vie à la créer et à la parfaire.
…/… Ce n’est pas toute la richesse florale du domaine. Pour la connaître tout entière, il faut traverser le chemin, grimper au talus du chemin de fer de Vernon à Pacy-sur-Eure, traverser la voie, et pénétrer dans un second jardin qui est le Jardin d’Eau. Autrefois, la petite rivière de l’Epte passait là, sous une voûte de feuillage, et Monet prenait plaisir à y promener ses hôtes en barque jusqu’à la Seine. La rivière passe toujours, mais avec un arrêt. Monet a obtenu du Conseil municipal de Giverny la permission de détourner la rivière, de créer des bassins, et le Conseil municipal a été bien inspiré, car cette création fut la cause d’une éclosion de chefs-d’œuvre. Le cours d’eau détourné dans les bassins creusés, Monet dessina le jardin et les plantations. Les saules déployèrent leurs vertes chevelures, les bois de bambous s’élancèrent du sol, et les massifs de rhododendrons bordèrent les sentiers. Monet ensemença les bassins de nymphéas, dont les libres racines flottèrent entre les eaux sur lesquelles s’étalèrent les larges feuilles et jaillirent les fleurs blanches et roses, mauves et verdâtres. Du haut d’un pont garni de glycines, qui se trouve être de style japonais, Monet vient juger le tableau qu’il a créé. »
Giverny n’est pas loin de Paris, mais pour voir notre tableau du jour, il faut aller à Philadelphie.
Dim 89,2 x 93,3 cm
17/10/2015
Photo Claude_Monet,_French_-_The_Japanese_Footbridge_and_the_Water_Lily_Pool,_Giverny_-_Google_Art_Project.jpg Usr DcoetzeeBot