Le Port au crépuscule, Saint-Tropez, Opus 236, 1892, Paul Signac, collection particulière.
En 1881, Signac habitait à Asnières. Ce n’est pas loin du Petit-Gennevilliers et, au Cercle de la Voile de Paris, Caillebotte a pris sous son aile ce jeune peintre qui a le goût de la navigation. Signac a acheté alors son premier bateau, une périssoire qu’il baptisa par provocation Manet-Zola-Wagner, trois noms scandaleux à l’époque. Il passe à la voile avec Le Tub, un nom qui est aussi un calembour entre le sujet de la femme à sa toilette, popularisé par Degas, et le bateau qui se remplit à la gite. Le Tub coulera dans la Seine le 14 septembre 1890 sans qu’il y ait de blessés (Félix Fénéon et Maximilien Luce étaient aussi à bord). Mais plus que la Seine, c’est d’abord la mer qui attire Paul ! Il passe les étés de 1885 à 1890 à Saint-Briac. En 1891, il passe commande de l’Olympia, ainsi nommé en hommage à Manet (qui était décédé en 1883), avec lequel il va aller à Concarneau puis rejoindra, sur les conseils d’Henri-Edmond Cross, Saint-Tropez, en passant par le canal du midi, accompagné par l’ami Théo van Rysselberghe.
Après une escale au Lavandou, où Théo débarque, Paul Signac arrive en solitaire à Saint-Tropez en mai 1892. Ce jour-là soufflait un fort vent d’est. Signac est donc arrivé sous voile au vent-arrière, et une fois la jetée passée a affalé rapidement. Tout s’est bien passé et son audace et sa maîtrise lui ont valu l’enthousiasme des pêcheurs présents qui l’ont salué avec leur casquette. Il écrit à sa mère : « Depuis hier je suis installé et je nage dans la joie. À cinq minutes de la ville, perdu dans les pins et les roses, j’ai découvert un joli petit cabanon meublé. Devant les rives dorées du golfe, les flots bleus venant mourir sur une petite plage, ma plage et un bon mouillage pour Olympia. Dans le fond les silhouettes bleues des Maures et de l’Esterel – j’ai là de quoi travailler pendant toute mon existence – c’est le bonheur que je viens de découvrir ». Tombé sous le charme de l’endroit il y achète la villa La Hune, qui appartient toujours à ses descendants. C’est aussi l’occasion d’évoquer une grande dame : Françoise Cachin (1936-2011), première directrice du musée d’Orsay (1986-1994) puis directrice des musées de France (1994-2001), était la petite-fille de Paul Signac.
Jusqu’en 1894, Signac le peintre donnera à chacun de ses tableaux un numéro d’opus ou des titres évoquant la musique (Allegro, Adagio).
27/10/2015
Dim 65,4 x 81,6 cm
Photo wikimedia commons The Port at Sunset. Saint-Tropez. Opus 236. 1892 (масло, холст)..jpg Usr Aesopus