Cet article est la suite de celui paru hier( ICI). Une fois la série terminée, les différents articles seront fusionnés.
2. Renoir dans le jardin de la rue Cortot
En 1875, Renoir réalise Mère et enfants (Frick Collection, New York), vraisemblablement dans un jardin public de Montmartre. Ce portrait lui est payé 1200 Francs et va lui permettre de franchir un palier. À cette époque, il souhaite peindre Le Moulin de la Galette
Renoir : « C’était bien compliqué : les modèles à trouver, un jardin… J’eus la veine d’obtenir une commande qui m’était royalement payée : le portrait d’une dame et de ses deux fillettes, pour 1200 francs. Je louai alors, à Montmartre, une maison entourée d’un grand jardin, à raison de 100 francs par mois ; ce fut là que je peignis Le Moulin de la Galette, La Balançoire, La Sortie du Conservatoire, Le Torse d’Anna… »
Le jardin de la rue Cortot devient alors un nouvel atelier qui permettra à Renoir ses plus beaux effets de lumière. Nini a posé pour plusieurs des tableaux de cette époque, changeant de rôle comme le font les actrices. Le jardin reçoit à la belle saison famille et amis : Edmond Renoir, Georges Rivière, Paul Lhôte passent presque quotidiennement.
La Songeuse ou Pensive, 1875, huile sur papier sur toile, 46 x 38,1 cm, Virginia Museum of Fine Arts, collection Paul Mellon, F169
Curieusement, alors que Renoir était célibataire (Lise Tréhot l’a quitté en 1872), la mère de Nini ne semble pas trop inquiète de la voir poser chez l’artiste.
Georges Rivière raconte :
« Nous ne connaissions à peu près rien de la vie de Nini. Elle n’avait pas de père. L’homme qui vivait avec sa mère, son « beau-père » selon l’euphémisme pudique de Montmartre, était prévôt dans une salle d’armes et l’on disait qu’il veillait jalousement sur la vertu de la jeune fille. La mère avait l’allure d’une ouvreuse de petit théâtre, – c’était peut-être du reste sa profession. Elle venait de temps en temps chez Renoir sous le prétexte de s’informer de la conduite de sa fille à l’égard du peintre et, chaque fois, elle lui disait en manière de confidence son inquiétude, sur l’avenir de Nini.
“Pensez-vous, monsieur Renoir,” soupirait-elle, “à quel danger elle est exposée ? Une jolie fille comme elle est bien difficile à garder ! Voyez-vous, il faudrait qu’elle ait un protecteur sérieux, un homme rangé qui assurerait son avenir. Je ne rêve pas pour elle d’un mylord ni d’un prince russe, je voudrais seulement qu’elle ait un petit intérieur tranquille. Tenez, il lui faudrait quelqu’un qui la comprendrait, un homme comme vous, monsieur Renoir”, ajoutait-elle en s’en allant. »
La Couseuse, 1875, hst, 65 x 55 cm , P. A. Renoir, collection particulière, F191
Ce tableau a été vendu le 08/11/1995 chez Sotheby’s, New York (lot 43) pour 2,400,000 dollars.
On sent nettement sur ces tableaux l’influence du plein-air par l’éclaircissement de la palette de Renoir.
Nini dans le jardin (Nini Lopez), 1875, hst, 61,9 x 50,8 cm, P. A. Renoir, Metropolitan Museum of Art, New York, F188
La Jeune Fille au banc, 1875, hst, 61 x 50 cm, P. A. Renoir, collection privée, F189
Ces deux tableaux ont été peints dans le jardin de la rue Cortot.
Suite… et fin demain : Renoir, Nini et la bourgeoisie parisienne entre 1875 et 1879 !
Crédits Photos
4 – wikimedia commons File:Pierre-Auguste_Renoir_-_Pensive_(La_Songeuse).jpg Usr Rlbberlin
5 – Courtesy The Athenaeum, rocsdad
6 – wikimedia commons Pierre-Auguste_Renoir_-_Nini_in_the_Garden.jpg Usr Boo-Boo Baroo
7 – Courtesy The Athenaeum, rocsdad