Te Tamari No Atua, Nativité (Le Fils de Dieu), 1896, huile sur toile, 96 x 129 cm, Paul Gauguin, Neue Pinakothek, Munich, GW541 S371
Dans l’histoire de l’art européen, lorsque l’on évoque la Naissance de Jésus, ce sont souvent des images de nombreux peintres de la Renaissance italienne qui nous viennent à l’esprit, de Giotto au Corrège. Au deuxième rang, viennent les Primitifs flamands (Christus, Memling, Gérard de saint Jean, etc.). Il est plus rare chez les peintres de traiter ce thème au XIXe siècle.
Notre tableau du jour date de 1896, époque du 2e et dernier voyage de Gauguin. Il est reparti de Paris le 3 juillet 95 et arrivé à Tahiti le 9 septembre. Il partira pour les Marquises en 1901.
En 1896, son état de santé est très mauvais. Il souffre de sa cheville brisée dans une rixe à Pont-Aven en 1894, l’eczéma s’installe sur ses jambes, enfin la syphilis contractée avant son départ de France affaiblit son état général. Il passe les mois de juillet et août à l’hôpital de Papeete.
La composition correspond à une période de retour de Gauguin vers des sujets issus de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il peint à la même époque un Joseph et la femme de Putiphar (São Paulo) et un Autoportrait près du Golgotha (São Paulo également). Le fond du tableau à droite avec le bœuf des évangiles apocryphes est repris d’un Intérieur d’étable, du peintre Octave Tassaert (1807-1874), qui était dans la collection de Gustave Arosa, le tuteur de Paul lorqu’il était jeune.
Le contexte religieux est souligné par la présence des auréoles sur la tête de la jeune mère et du bébé.
Le motif central au second plan est repris d’un autre tableau Bé Bé, Nativité tahitienne (musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg), peint peu de temps auparavant. L’enfant serait l’un de ceux que Gauguin a eus à Tahiti, né en 1896.
Bé Bé (La Nativité tahitienne), 1896, huile sur toile, 67 x 76,5 cm, Paul Gauguin, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, GW540 S370
Gauguin durant cette période se laisse parfois aller au mysticisme. Il commence d’écrire une étude sur l’Église catholique et les Temps modernes, une critique de la vision de Dieu par les prêtres et les philosophes. Il écrit par exemple « Dieu n’appartient pas au savant, au logicien. Il est aux poètes, au Rêve. Il est le symbole de la beauté, la Beauté même ». Il réfléchit déjà à sa grande toile de 1897 : Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?
25/12/2015
Photos
1 wikimedia commons : Gauguin_-_Te_Tamari_no_Atua_%28Son_of_God%29.jpg Usr Boo-Boo Baroo
2 wikimedia commons : File:Paul_Gauguin_061.jpg Usr Eloquence