Repasseuses, ca 1884-86, huile sur toile, 76 x 81,5 cm, Edgar Degas, musée d’Orsay.
La période 1850-1940 n’a pas seulement été une parenthèse exceptionnelle pour la peinture en France, elle l’a aussi été pour les critiques et historiens de l’art. Gustave Geffroy, fondateur de l’académie Goncourt, est l’un de ces merveilleux critiques. Dans La vie artistique, en 1894, il commente ainsi notre tableau du jour, dix ans à peine après sa réalisation. Serait-il encore possible en 2017 d’être aussi impliqué dans la création contemporaine ?
« Ce n’est pas sur une table à modèles que l’humanité défile. Il faut aller la chercher là où elle est. Degas l’a fait. Il s’est d’abord épris de ce qu’il entrevoyait tout au long de son chemin, des arrangements de personnages groupés dans l’espace étroit des boutiques. Il s’intéressa au labeur jovial des blanchisseuses, qui séjournent, vêtues de blanc, molles et apoplectisées, dans les salles surchauffées par le poêle. Elles absorbent de forts ragoûts arrosés de litres de vins. Elles suivent un régime qui doit fatalement dilater leur estomac et enfler leurs chairs. Tout le monde les a vues ainsi, à travers les carreaux de leurs magasins tout blancs et tout bleus de linge, installées comme des matrones au milieu de leurs ouvrières, débonnaires et flasques, sirotant leur café et surveillant la jeunesse. C’est de cette façon que Degas les a surprises et dessinées, dans une chaleur d’étuve, haletantes sous la camisole, présidant au régulier nettoyage du linge sale de l’humanité. »
Acheté par le comte Isaac de Camondo, ce tableau a ensuite fait partie de son exceptionnelle donation au musée du Louvre en 1911. Ce n’est pas l’État, mais d’abord Camondo et les autres généreux donateurs qui ont permis que les collections d’Orsay soient maintenant aussi riches. Caillebotte a initié le mouvement en 1894, qui s’est poursuivi jusqu’à la donation de Spencer et Marlene Hays en 2016,.
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Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad