Richard Gallo et son chien Dick, au Petit-Gennevilliers, 1884, hst, 89 x 116 cm, Gustave Caillebotte, collection Samuel et Paul Josefowitz.
Caillebotte (1848-1894), un mécène pour ses amis peintres, un camarade qui peignait aussi, et pour le grand public l’homme de la donation du scandale en 1894 après son décès. Sur les soixante-huit œuvres du legs Caillebotte, seulement trente-huit tableaux (de Manet, Degas, Renoir, Monet, Sisley, Pissarro, Cézanne) seront acceptés par l’État. Puis Caillebotte redeviendra un peintre aux yeux du public d’abord américain, puis français après l’exposition de 1994.
Le tableau du jour a été peint près de la maison que Caillebotte a achetée au Petit-Gennevilliers en 1881. À cette époque, Claude Monet a déjà quitté Argenteuil (que l’on voit sur la rive en face). Caillebotte régate au Cercle de la Voile de Paris, installé près du pont routier, à quelques centaines de mètres de chez lui.
Richard Gallo est un ami de longue date de la famille Caillebotte. Il apparaît déjà sur la Partie de bésigue, tableau de 1881. Il devint rédacteur puis directeur du « Constitutionnel ».
La maison de Caillebotte sera léguée après sa mort à sa compagne Charlotte Berthier, qui l’habitera jusqu’en 1903. Incluse dans l’emprise des usines de motos Gnôme et Rhône, elle sera détruite lors des bombardements du 10 mai 1944. Le terrain est maintenant enclavé dans l’usine Snecma.
De nombreux éléments frappent dans ce tableau. Tout d’abord une conception photographique ou cinématographique de la composition. C’est un arrêt sur image, on imaginerait volontiers un travelling. Ensuite un plan d’eau coloré. Manet avait fait rire au Salon avec son « Argenteuil » en 1875 dont public et critiques raillaient le bleu trop soutenu. L’œil a déjà changé neuf ans plus tard. Mais en même temps la pollution de la Seine, une des causes de départ de Monet, se remarque et les algues ont envahi le plan d’eau. De l’autre côté de la rivière, c’est Argenteuil et son industrialisation rapide, du fait de la gare. Gallo et son chien ne sont pas réellement les vedettes dans cette toile mais surtout des taches foncées contrastant avec la Seine, l’herbe et les arbres, et le ciel. Un tableau lumineux, caractéristique de la peinture de plein air introduite dans la décennie précédente, mais qui ne fait aucune concession à la sûreté du dessin.
08/02/2016
Photo wikimedia commons Gustave_Caillebotte_Richard_Gallo_and_his_Dog_at_Petit_Gennevilliers.jpg Usr Paris 16