Mademoiselle Isabelle Lemonnier tenant son chapeau, Édouard Manet

Mademoiselle Isabelle  Lemonnier tenant son chapeau, Édouard Manet

Mademoiselle Isabelle Lemonnier tenant son chapeau, ca 1879-80, hst, 101,8 x 81,5 cm, Édouard Manet, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

Manet était un homme assez fascinant. Né en 1832, il a donc 47 ans en 1879, il est célèbre. Et cependant il continue à suivre encore des jeunes femmes sur les grands boulevards, et à les inviter à poser dans son atelier. À d’autres moments, il profite de sa notoriété pour faire de même dans les soirées bourgeoises dans lesquelles il est invité.

Il a eu dans les années 1879-1882 un faible particulier pour mademoiselle Isabelle Lemonnier. Pour le nombre de portraits réalisés par Manet, Isabelle obtient la deuxième place après Berthe Morisot. Elle était la fille d’un grand bijoutier du boulevard des Italiens et de la place Vendôme, fournisseur de la cour impériale et de l’impératrice sous le second Empire.

Les lecteurs des livres de VisiMuZ ont souvent rencontré sa sœur aînée Marguerite, qui avait épousé l’éditeur Georges Charpentier. Les soirées de madame Charpentier étaient à cette époque les plus courues de Paris. Georges Charpentier a commandé de nombreuses toiles à Renoir, ou encore a aidé Sisley quand il n’avait plus un sou pour faire son déménagement.

Isabelle (1857-1926) était la jolie petite sœur. Elle a dû se sentir flattée d’être ainsi remarquée par un peintre célèbre, mais ne pouvait souhaiter qu’un peu d’attention mondaine. Manet savait de son côté que tout les séparait : l’âge, les convenances ou encore sa maladie, suite d’une syphilis contractée dans sa jeunesse.

Durant l’été 80, Manet atteint par le mal qui l’emportera 3 ans plus tard, part se soigner à Bellevue. Là, il s’ennuie et, grand seigneur aussi bien que cœur d’artichaut, il écrit à son modèle préféré des lettres ornées de dessins aquarellés, somptueux, (voir un exemple ici) et de quatrains… assez ridicules.

Ainsi celui-ci, à retrouver en version originale ici :

« À Isabelle,

Cette mirabelle,

Et la plus belle,

C’est Isabelle. »

Alors on imagine l’ami Édouard chantant avec les Inconnus « Isabelle a les yeux bleus… ». Plus sérieusement, citons Étienne Moreau-Nélaton, qui, dans son Manet raconté par lui-même (Paris, 1926, t.II, p. 70) raconte cet épisode.

« Pendant son séjour à Bellevue, sa pensée s’envole sans cesse vers elle, et se confie à de courtes missives, ornées de petites aquarelles d’un goût exquis : tantôt une fleur, tantôt un fruit, tantôt un portrait de Zizi, la chatte bien-aimée de la maison, ou celui de la jeune personne elle-même, esquissée d’idée, pendant qu’elle villégiature à Luc-sur-mer, une fois avec sa toilette de plage, une autre fois avec le costume qui convient pour piquer une tête dans les flots. Le ton de ces billets est celui de la conversation, plein d’abandon et d’enjouement. »

Mais venons-en à notre tableau du jour. Un fort contraste existe entre la manière de la tête, très poussée, reprise à de multiples reprises, et la spontanéité qui ressort de la touche esquissée des vêtements ou du fond.
Après différents propriétaires prestigieux, le tableau est entré dans les années 1920 dans la collection de l’industriel Otto Krebs à Holzdorf (près de Weimar). En 1945, le domaine de Holzdorf est libéré par l’Armée rouge et la collection va disparaître pendant 50 ans. En 1995, les Soviétiques annoncent qu’en fait elle avait été transférée à Leningrad au titre des « réparations de guerre ». Une exposition est organisée en 1996-97 au musée de l’Ermitage et le portrait de mademoiselle Lemonnier fait alors partie de ce qui est pudiquement nommé par la Russie les « Trésors retrouvés ». On peut aller le voir maintenant au 2e étage du musée.

Vous pourrez aussi retrouver par exemple d’autres portraits d’Isabelle :
À Copenhague :

Mademoiselle Lemonnier Édouard Manet

Isabelle Lemonnier au fichu blanc, ca 1879-80, hst, 86,5 x 63,5 cm, Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague

À Dallas (TX) :
Mademoiselle Lemonnier au manchon, Édouard Manet

Mademoiselle Lemonnier au manchon, ca 1879-80, hst, 91,5 x 73 cm, Dallas Museum of Art, Dallas (TX)

ou encore à Philadelphie (non reproduit), et enfin dans des collections privées comme ce dernier portrait, vendu la dernière fois en 2002, pour 1,654 millions de Livres Sterling.

Isabelle Lemonnier en robe de bal, Édouard Manet

Portrait d’Isabelle Lemonnier en robe de bal, ca 1879-80, hst, 91,5 x 73 cm, collection particulière (TX)

et bien sûr dans la biographie de Manet par Duret, chez VisiMuZ, ICI.

09/12/2015

photos 1 – wikimedia commons File:Édouard_Manet_-_Isabelle_Lemonnier_le_Chapeau_%C3%A1_la_Main.jpg Usr Rlbberlin
2 – wikimedia commons File:Mademoiselle_Isabelle_Lemonnier_by_Édouard_Manet,_1879-1882_-_Ny_Carlsberg_Glyptotek_-_Copenhagen_-_DSC09422.JPG Usr Daderot
3 – wikimedia commons File:Isabelle_Lemonnier_with_a_Muff.jpg Usr Rlbberlin
4 – wikimedia commons File:Édouard_Manet_-_Portrait_de_Mademoiselle_Isabelle_Lemonnier.jpg Usr Rlbberlin

Les Baigneurs, Roger de la Fresnaye

Les Baigneurs, Roger de la Fresnaye

Les Baigneurs, 1912, hst, 162 x 130 cm, Roger de la Fresnaye, National Gallery of Art, Washington (DC)

Roger de la Fresnaye (1885-1925) fait partie des peintres qui ne sont pas aujourd’hui « à la mode » et ses résultats sur le marché de l’art sont très erratiques. Élève de Maurice Denis et de Sérusier, admirateur de Cézanne, il adhère dès 1908 au cubisme et à sa déconstruction de la perspective. Entre 1911 et 1914, il est à l’apogée de sa carrière et construit une œuvre innovante, tout en restant décorative (un héritage des nabis).

Sa conception du cubisme est très personnelle. En effet, très vite, les cubistes historiques (Picasso, Braque, Gris) avaient prôné l’abandon du nu. Blaise Cendrars écrira ainsi un peu plus tard (en 1919)[*] : « Réduire à la qualité de l’objet, de synthétiques, les recherches devenaient analytiques. Aussi voyons-nous rapidement les peintres cubistes s’astreindre à ne faire plus que des natures mortes, et, prenant l’effet pour la cause, introduire bientôt des matières authentiques dans leurs toiles, telles que tessons de bouteille, faux cols, papiers, bois, faux bois, étoffes, cheveux, voire «l’objet» lui-même tel qu’il se trouve dans le commerce ! ».

La Fresnaye, avec Jean Metzinger puis André Lhote et Albert Gleizes résistèrent. Au-delà des formes, La Fresnaye se définit également souvent par des couleurs éclatantes pendant que Braque et Picasso se tournaient vers une monochronie beige. On sait que, très heureusement, Picasso reviendra au nu quelques années plus tard.

C’est évidemment Cézanne autant que le cubisme qu’il faut pourtant invoquer dans notre tableau du jour. La Fresnaye, malgré sa courte carrière (il est mort à 40 ans), est accroché dans les plus grands musées du monde, et très présent aux États-Unis.

Mais on peut le trouver dans des lieux beaucoup plus proches. Ainsi le très beau nu ci-dessous, au musée Pierre Lévy à Troyes.

Nu debout de face, Roger de La Fresnaye

Nu debout, de face, 1910-11, hst, 80 x 45 cm, Roger de La Fresnaye, musée d’art moderne de Troyes, donation Pierre Lévy.

08/12/2015

[*]. Blaise Cendrars, Le Cube s’effrite, in La Rose rouge, n°3, 15 mai 1919.

Photo 1–Courtesy NGA Washington, 2–VisiMuZ

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave Caillebotte

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave Caillebotte

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, 1883, hst, 89 x 116 cm, Gustave Caillebotte, collection particulière

Gustave Caillebotte (1848-1894) a d’abord habité à Paris avec son frère Martial. Ils partageaient un appartement (aujourd’hui on dirait une « coloc ») d’abord à l’angle de la rue de Miromesnil et de la rue de Lisbonne, puis sur le boulevard Hausmann (n° 31). Après la mort de leur mère, les enfants Caillebotte vendent la propriété familiale de Yerres en 1879, et, en 1880, Gustave achète une maison au bord de la Seine, au Petit-Gennevilliers. Pensée d’abord comme villégiature, elle deviendra progressivement sa résidence principale. Il s’y adonne à deux de ses passions, la voile et l’horticulture. Le 20 juillet 1887, il écrit à Claude Monet : « J’ai enfin acheté, après des histoires dont je vous fais grâce, le terrain à côté de moi. Je me fais construire un atelier et je n’ai plus d’autre domicile que le petit Gennevilliers… »

Caillebotte partageait avec Monet la passion des fleurs. Les deux amis s’échangeaient des plants. Les lettres des années 80-90[*] de Caillebotte à Monet parlent de lys, d’oignons roses, de pivoines, ou encore de Stanopia aurea (une orchidée). Et Monet lui répond par exemple en 1891 : « Cher ami, ne manquez pas de venir lundi comme c’est convenu, tous mes iris seront en fleurs, plus tard il y en aurait de passés. Voici le nom de la plante japonaise qui me vient de Belgique : Crythrochaete ». Un indicateur de la passion qui unissait les deux hommes. Caillebotte, qui avait beaucoup d’argent, mais qui, du fait de ses nombreuses passions avait peu de temps, faisait travailler à l’année deux jardiniers dans son jardin.

Comme Monet à Giverny, Caillebotte a conçu et planté son jardin avant de le peindre.

Notre tableau du jour montre la compagne du peintre, Charlotte, et son petit carlin, devant les roses qui faisaient la fierté de Gustave. Charlotte a à cette époque une vingtaine d’années, Gustave a 35 ans. La même année, Renoir a passé un mois chez Caillebotte et réalisé le portrait de Charlotte avec son petit chien (à voir à la National Gallery of Art, Washington).

Dix ans plus tard, un autre tableau va de nouveau montrer Charlotte dans le jardin.

Dahlias : le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave  Caillebotte

Dahlias : le jardin au Petit-Gennevilliers, 1893, hst, 157 x 114 cm, Gustave Caillebotte, collection particulière

07/12/2015

Photos : Courtesy The Athenaeum, rocsdad et chris_mccormick

[*] vente des archives Monet. Archives Claude Monet, correspondances d’artiste, collection Monsieur et Madame Corneboi, Artcurial, Paris, Hôtel Dassault, mercredi 13 décembre 2006.

Chien couché dans la neige, Franz Marc

Chien couché dans la neige, Franz Marc

Chien couché dans la neige, ca 1910-11, hst, 62,5 x 105 cm, Franz Marc, Städel Kunstinstitut, Francfort

Nous sommes ici devant un double défi relevé par l’artiste. Le premier consiste en la représentation de la neige, qui a fasciné Brueghel dès le XVIe siècle ou Avercamp un peu plus tard, puis n’est réapparu qu’avec Monet, Pissarro et Sisley après 1850. Le second, dont Franz Marc parle dans une lettre à August Macke, est lié à la complexité des reflets colorés sur le corps de son chien Russi.

Franz Marc (1880-1916) a été un cofondateur du Blaue Reiter (ou Cavalier bleu en français) à Munich en 1911 (avec Kandinsky, Macke, Jawlensky). Il préférait pour exprimer les vibrations (qui permettent de relier les images, les couleurs, les sons et les mots, selon le manifeste publié en 1912), utiliser comme modèles des animaux, plutôt que des hommes. Et, selon un mot connu de Vassily Kandinsky, Franz Marc s’occupait du cheval et lui-même du cavalier. Marc va peu à peu évoluer vers l’abstraction, avant sa mort prématurée, conséquence d’un éclat d’obus, près de Verdun en 1916, à 36 ans.

05/12/2015

Photo wikimedia commons 1911_Marc_Liegender_Hund_im_Schnee_anagoria.JPG Usr : Anagoria

Femme essuyant son pied, Edgar Degas

Femme essuyant son pied, Edgar Degas

Femme essuyant son pied, 1885-86, pastel sur papier, 50,2 x 54 cm, Edgar Degas, Metropolitan Museum of Art, New York

Francis Carco (1886-1958), écrivain, poète, académicien Goncourt, a écrit entre 1920 et 1924 un ouvrage « Le Nu dans la peinture moderne »[*], tellement oublié aujourd’hui qu’il ne figure même pas dans le répertoire de ses œuvres sur Wikipedia. Et pourtant, ce texte de 162 pages est important pour qui souhaite comprendre l’émulation artistique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Mais citons d’abord l’auteur à propos de Degas [pages 55-56] :

« Renoir peint la femme nue au repos …/… Les modèles de Cagnes sont assis ou couchés. Degas, lui, veut interpréter le mouvement. Deux tentatives dominent dans son premier effort : immobiliser un cheval de course. Une autre, d’esprit plus complexe : figer la pose, le geste de la danseuse hors de scène, le repos après la classe, ou la fatigue dans la loge. L’illusion du ballet s’évanouit. La fée est une créature lasse et voici le contraste, entre l’impression légendaire qu’elle a créée et la réalité même où on la découvre. Le mot de réalité amène celui de réalisme. Cependant Degas n’est pas un réaliste. Il ne s’efforce pas à une traduction servile. La sorte d’avilissement, que causent l’hébétude et la posture animale à la seconde de l’effort ou après l’effort, devient le centre d’une illusion plastique et le départ, en même temps que l’aboutissant, d’une arabesque inédite. Saisir le principe du mouvement exact, comme le ferait un « instantané » et le plier à une expression d’art, sans doute ! Mais en inversant et en prenant le moyen pour la fin, on a souvent donné à Degas la psychologie d’un photographe désabusé. Nulle folie qu’une œuvre ne puisse aussi victorieusement démentir !

Après s’être appliqué à l’école des chevaux, des danseuses, des ouvrières, Degas commence, vers 1883, cette étude du nu féminin qui le hantera jusqu’à la mort et le confinera dans cet isolement définitif où on l’a vu se retirer. La dernière exposition impressionniste marque pour lui l’heure de la retraite. Et pourtant, la notoriété n’était pas loin de consacrer l’art de ce peintre, Degas en dédaigne le servage. Aussi va-t-elle choyer l’expression, peut-être moins profondément fouillée, mais plus spontanément typique, de Toulouse-Lautrec.

Degas associe la représentation du nu à l’intimité la plus absolue de la femme. Il ne nous la représente qu’au moment où, même avec une domestique, elle se sait seule, à sa toilette.

Après la toilette, femme se coiffant, Edgar Degas

Après la toilette, femme se coiffant, ca 1885, pastel, 52 x 51 cm, Edgar Degas, musée de l’Ermitage

Pour ce peintre, elle doit abdiquer toute coquetterie. Enjambant sa baignoire, accroupie sur son tub, s’épongeant, s’essuyant à gestes gauches ou pénibles, voûtée, maladroite, poussant laborieusement le peigne dans ses cheveux, laissant pendre au bout du pied une sandale disgracieuse, la nymphe de Cabanel s’est transformée en une ménagère qui vient de quitter sa chemise. Cette personne, attentive aux « soins les plus humiliants[1] », a oublié ou n’a jamais su qu’un corps semblable au sien résume la plus haute ferveur des esthétiques. Et cependant Degas s’acharne sur l’inconscience de son modèle. »

[1]. Jean-Louis Vaudoyer.

Il ne vous a pas échappé que notre nymphe d’hier était au repos et que les deux pastels ci-dessus immortalisent un instantané, un mouvement. Le pastel est un outil plus rapide que la peinture à l’huile et permettait donc à Degas de faire (un peu) moins souffrir ses modèles, tenus de garder la pose dans des positions normalement seulement très provisoires au cours d’un mouvement. Imaginez vous seulement en train de garder cette pose pendant plusieurs heures !

Cette analyse, que certains d’entre vous avaient déjà sans doute faite, met en évidence le talent novateur de Degas à partir des années 1870. Auparavant, et plus classiquement, il dessinait des modèles beaucoup plus statiques, comme dans le dessin ci-dessous.

Étude pour Scènes de guerre au moyen âge, Edgar Degas

Étude pour Scènes de guerre au moyen âge, 1865, crayon sur papier 31,1 x 27,6 cm, Edgar Degas, musée du Louvre, département des Arts graphiques

Une évolution à retrouver dans la monographie de Degas par Paul Jamot chez VisiMuZ

04/12/2015

Photos : 1- VisiMuZ, 2- Courtesy The Athenaeum, rocsdad, 3- Courtesy wikiart.org

[*] Paris, Édition G.Crès, 1924.

Nu allongé (La Source), Pierre-Auguste Renoir

Nu allongé (La Source) , Renoir

Nu allongé (La Source), ca 1902, hst, 67,3 x 153,3 cm, Pierre-Auguste Renoir, collection particulière

Nous vous proposons aujourd’hui de regarder et d’analyser le tableau du jour avec une méthode inspirée d’Erwin Panofsky, que nous avons eue l’occasion de préciser dans un article du site VisiMuZ : Quel regardeur êtes vous ? à lire ici

En synthèse, nous disions que :

« La découverte d’un tableau s’effectue en plusieurs phases  : une émotion visuelle (1), puis une analyse de l’œuvre (2), de sa place dans le corpus de l’artiste (3), de sa place dans l’époque et l’histoire (4). Enfin il existe une dernière dimension qui est celle de la saga, liée à l’œuvre elle-même après sa création (5). »

Regardons d’un peu plus près ce nu allongé.

1) Ce nu représente une jeune femme allongée, aux yeux clos, avec de l’eau qui coule sur la cuisse, dans un paysage esquissé. Les rose et orange de la jeune femme s’opposent aux verts du paysage, selon des principes bien connus des coloristes. La jeune femme est immobile (un détail dont nous reparlerons demain).

2) Quand on regarde cette jeune femme, on a une impression de déjà vu, et pour cause. Le thème de la nymphe à la source est apparu à la Renaissance, quand selon le mot de Malraux, « Van Eyck a peint les Arnolfini parce qu’ils existent ; Ève, la Vierge et les saints parce qu’ils existent plus encore. Mais l’Italie va peindre Vénus parce qu’elle n’existe pas ».

Après Giorgione en 1510, c’est l’allemand Lucas Cranach (1472-1553) qui a popularisé le thème (avec 16 versions différentes) entre 1515 et 1540, et a écrit sur le panneau « N’interrompez pas le sommeil de la nymphe de la source sacrée ».

La Nymphe à la source, Lucas Cranach l'Ancien

La Nymphe à la source, po 1537, hsp, 48,4 x 72,8 cm, Lucas Cranach l’Ancien, National Gallery of Art, Washington (DC)

Mais en l’occurrence, on sait que c’est un autre artiste de la Renaissance, son contemporain Jean Goujon (ca 1510-ca 1565) qui a inspiré Renoir au travers d’une sculpture maniériste en bas-relief de la Fontaine des Innocents (maintenant au musée du Louvre).

Jean Goujon nymphe

Nymphe et un petit génie sur un cheval marin, Jean Goujon, musée du Louvre

3) Renoir avait déjà peint ce thème en 1869-70 (voir à la National Gallery) mais dans une position et avec une facture très différente. Puis à partir de 1881, Renoir a voyagé. Il a confié à Vollard (la monographie ici) son envie de découvrir les Italiens de la Renaissance (Raphaël, Titien, etc.).

Il va bientôt commencer sa période aigre ou ingresque, puis au milieu des années 90 revenir à un certain classicisme français (Watteau, Boucher). Il va alors réaliser en 1895 une première version de cette nymphe à la source (aujourd’hui à la fondation Barnes à Philadelphie) puis cette version en 1902. Une 3e version sera réalisée en 1910 (fondation Barnes également).

4) Quand Renoir réalise cette toile, il est un peintre arrivé, chevalier de la légion d’honneur, il a reçu des commandes de l’État depuis 1892. Marié depuis plus de 10 ans, il s’est embourgeoisé. La période impressionniste est loin derrière. Les nus qu’il peint dans cette période, tout en courbes, et au dessin dilué dans la couleur, vont durablement influencer Picasso et Matisse.

5) La saga de l’œuvre ajoute encore à son mystère et à sa gloire. Le premier propriétaire du tableau a été le galeriste Paul Rosenberg, marchand de Picasso après la 1ère guerre mondiale. En 1940, la toile a été volée avec de nombreuses autres par l’E.R.R.(Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg) et envoyée dans la collection du maréchal Goering. Le tableau a heureusement été récupéré en 1945 par les Monuments Men et rendu à son propriétaire.
Paul Rosenberg (1881-1959) l’a ensuite offert au Museum of Modern Art (MoMA, New York) en 1956. Le tableau a été une de ses vedettes mais en 1989, la direction du MoMA a décidé que ce nu était trop classique pour une collection dédiée à l’Art moderne et l’a vendu. Il a été acheté alors par M. et Mme Ernst Beyeler. Ernst Beyeler, très grand marchand d’art, est mort en 2010. Pour payer les frais de fonctionnement de sa fondation, devenue musée, près de Bâle, une vente a eu lieu le 21 juin 2011 à Londres. Cette toile a été alors vendue par Christie’s pour la somme de 5,08 millions de Livres soit un peu plus de 8 millions de dollars. Nous ne connaissons pas le propriétaire actuel.

Mais Paul Rosenberg, Hermann Goering, le MoMA, Ernst Beyeler ont, chacun à leur tour, voulu faire les yeux doux à cette nymphe alanguie !

Maintenant, regardez-vous toujours ce tableau de la même façon ? Une vision sans doute plus facile à acquérir grâce à la lecture des monographies éditées par VisiMuZ.

03/12/2015

Renoir photo wikimedia commons : File:Pierre-Auguste_Renoir_-_La_Source._Nu_allongé.jpg Usr Oxxo
Cranach Courtesy The National Gallery of Art, Washington (DC)
Gojon wikimedia commons File: P3140183_Paris_Louvre_Goujon_Nymphe_et_un_petit_génie_ sur_un_cheval_marin_reduct.JPG Usr Mbzt

Le Port de Saint-Tropez, Paul Signac

Le Port de Saint-Tropez , Paul Signac

Le Port de Saint-Tropez, 1901-02, hst, 131 x 161,5 cm, Paul Signac, musée national de l’art occidental, Tokyo

Paul Signac est arrivé (sur son voilier Olympia, ainsi nommé en hommage à Édouard Manet) à Saint-Tropez en 1892. Enchanté par l’endroit, il s’y installe et achète une maison : « La Hune ». Depuis, il n’a de cesse de peindre les bords de mer et surtout le port. À propos de cette toile, Signac écrit à son ami, le critique d’art Félix Fénéon (lettre, 13 février 1902) :

« Ici, calme. Commencé une assez grande toile. Port de Saint-Tropez. Arabesque bleu (quai, tonneaux, pêcheurs, filets barque) sur un fond très orangé (maison, clocher, tartanes, cargo-boat, torpilleur, brick, goélette) ».

Le peintre-yachtman se fait ici plaisir en montrant différents types de gréements, propices à des variations de formes et couleurs. Lorsque la toile sera exposée au Salon des Indépendants, le critique H. Bidou écrira, dans L’Occident (juin 1902) :

« Le sujet, conformément à son éclat et sa magnificence, s’enferme dans des lignes tournantes et constitue un ovale. L’architecture de cet ovale est marquée non seulement par les lignes, mais par les couleurs. L’arc inférieur (bateaux, pêcheurs du premier plan) est bleu tandis que l’arc supérieur, qui le prolonge et tourne dans le ciel, s’amincit et s’évapore en nuages couleur de laque. Dans l’ellipse formée par ce cadre froid d’outremer, de violet et de rose, resplendit au contraire l’or des maisons et des eaux… »

Joli compliment à l’artiste, n’est-il pas ? Un tableau pour se réchauffer dans cette grisaille de fin d’automne.

02/12/2015

Photo wikimedia commons : Paul_Signac_-_The_Port_of_Saint-Tropez_-_Google_Art_Project Usr DcoetzeeBot.

La Mer de glaces, Caspar-David Friedrich

La mer de glaces, Caspar-David Friedrich

La Mer de glaces, 1823-24, hst, 126,9 × 96,7 cm, Caspar-David Friedrich, Kunsthalle Hambourg

.

Friedrich (1774-1840) est d’abord un artiste romantique. Il se voulait peintre de paysages mais il inclut souvent des éléments imaginaires, ou des morceaux d’histoire. Ici, il fait référence à la grande quête du XIXe siècle, le passage du nord-ouest, qui sera immortalisé en littérature par les Aventures du capitaine Hatteras de Jules Verne en 1864, et sera finalement vaincu en 1906 par Amundsen.

Sur la droite, on peut voir l’épave du HMS Griper, perdu lors de l’expédition de Parry en 1820. Évidemment, Friedrich n’est jamais allé dans l’arctique, mais il voyait chaque hiver l’Elbe gelé, et s’en est inspiré pour ces aiguilles de glace qui pointent vers le ciel.

Le tableau a été jugé trop radical quand il a été montré et l’artiste n’a jamais pu le vendre jusqu’à sa mort. C’est pourtant (avec l’œil du XXIe siècle) une de ses œuvres majeures. Friedrich était fasciné par la glace. À l’âge de treize ans, Il avait été sauvé par son frère alors qu’il patinait. Ce même frère se noiera un peu plus tard (en 1787) en tombant d’une barque.

À sa mort, Friedrich était déjà complètement oublié. Redécouvert par un chercheur obstiné en 1906, il restera ignoré dans la première moitié du siècle. La grande exposition de Paris en 1976 lui permit de retrouver une gloire, à notre avis méritée.

01/12/2015

Photo wikimedia commons Caspar_David_Friedrich_006.jpg usr : Mathiasrex

Lavandière, Paul Guigou

Quand le cadrage est novateur et qu’en plus la lumière illumine la toile, on s’aperçoit que la tradition classique a du plomb dans l’aile !

Paul Guigou Lavandière

Lavandière, 1860, hst, 81 x 59 cm, Paul Guigou, musée d’Orsay.

L’artiste, originaire du Vaucluse, a quitté Marseille pour Paris en 1863, avant de mourir à 37 ans en 1871 d’une congestion cérébrale. Il était ami du montpelliérain Bazille, et tous deux auraient dû faire partie des impressionnistes si la mort ne les avait fauchés avant. Guigou est d’abord le peintre des Alpilles, de la Durance et de la Provence. C’est un coloriste né, ses ciels sont lavés par le mistral, ses pierres chauffées par le soleil, mais c’est aussi un grand dessinateur. Courbet l’inspire, mais sans le désir du maître d’Ornans de « choquer le bourgeois ». Après sa mort, Guigou fut très vite oublié et redécouvert seulement au tournant du XXe siècle. Il est représenté à Orsay, à Boston, Chicago ou Washington et dans quelques musées de province en France mais il est très étonnant de constater que la plupart de ses toiles sont toujours dans des collections privées. La dernière rétrospective importante qui lui a été consacrée a eu lieu à Marmottan en 2005.

Cette composition, aux nuances de beige, de bleu et de gris exceptionnelles a été reprise presque à l’identique dans un autre tableau en 1862 (collection particulière), qui représente cette fois deux lavandières. Ce tableau de a fait l’objet d’un don de Paul Rosenberg (oui, le grand-père d’Anne Sinclair) au musée du Louvre en 1912.

À l’époque de notre tableau, Guigou est encore à Marseille. Son art, comme celui de Manet et ses amis quelques années après, est ignoré par les gens qui comptent dans le milieu artistique. Seuls quelques artistes et de très rares amateurs du sud de la France apprécient les oeuvres de Paul Guigou. Au nombre de ceux-ci, on trouve un certain Paul Gachet (celui de Cézanne et Van Gogh) qui est en train de terminer ses études de médecine à Montpellier.

30/11/2015

Photo Courtesy The Athenaeum, Irene

Paysage de neige au bois de Boulogne, Félix Vallotton

Vallotton Paysage de neige au bois de Boulogne

Paysage de neige au bois de Boulogne, hst, 60 x 73 cm, 1925, Félix Vallotton, collection particulière

Le Livre de raison

Félix Vallotton était quelqu’un de très ordonné et méticuleux, dans sa peinture comme dans sa vie, tout le contraire d’un Cézanne par exemple. Dès qu’il commence à peindre il prend l’habitude de noter dans un journal, qu’il a appelé son Livre de raison un titre, un libellé, parfois une courte description du tableau fini, un numéro. Bien sûr, il a eu quelques oublis, commis quelques erreurs mais globalement sa carrière est assez facile à retracer. Ce Livre de raison a été publié d’abord par son amie Hedy Hahnloser-Bühler en 1936. Il a servi de base à Marina Ducrey pour son catalogue raisonné en 2005.

Notre tableau du jour est le dernier peint par l’artiste. Dans le Livre de raison, il porte le numéro 1602. Dans le catalogue de 2005, son numéro est 1704. On voit que l’artiste avait plutôt bien répertorié ses œuvres.

Le dernier mois

Vallotton était tout à fait conscient de la gravité du cancer qui le rongeait. L’opération est programmée pour le 26 décembre, il ne sortira pas de la clinique.

Citons Charles Fegdal, son biographe :

« De santé robuste, il est tout à coup atteint de douleurs au ventre, douleurs croissantes, douleurs intermittentes, mais effroyables. Les médecins déclarent l’opération inévitable ; elle est décidée. Vallotton hésite. Sursaut de son caractère promptement inquiet. Il défend, autour de lui, qu’on parle d’intervention chirurgicale. Dès le 15 décembre, il est résolu devant l’opération imminente ; il y aurait danger à surseoir. Il continue sa vie quotidienne. Il s’efforce à paraître gai. Il l’est davantage qu’à l’habitude. Tous les matins il vient, seul, à son atelier. Il s’y enferme. Il supprime, il déchire, il brûle des papiers, des dessins, des études, une grande partie de son Journal ; il coupe en morceaux des toiles qu’il juge mauvaises, il barre des dessins, il jette au feu des romans ébauchés, une pièce de théâtre, il détruit des cires qu’il avait modelées… Par son entrain, par ses projets, il laisse penser à ceux qui l’approchent qu’il croit à la guérison…

Un matin froid, un matin de neige, il va au Bois, il prend des notes. De retour à l’atelier, tout d’un trait, il peint, – « pour oublier », a-t-il dit à une amie, – il peint sa dernière toile.

Si Renoir détestait la neige « cette lèpre de la nature », disait-il, Vallotton comme Sisley avant lui, a su rendre la lumière, ainsi que l’atmosphère étouffée, le silence presque palpable. Contrairement à Sisley qui peignait dans la nature, Vallotton peignait toujours à son atelier, de mémoire.

Ce tableau est à retrouver avec plus de 230 autres œuvres illustrées à contempler dans l’édition VisiMuZ de la biographie de référence de Félix Vallotton par Charles Fegdal : ici.

Le 5 décembre 2005, Christie’s mettrait en vente cette toile, pratiquement 80 ans après la mort de l’artiste le 28 décembre 1925. L’estimation était de 300-350 000 CHF. Le tableau a triplé son estimation et été adjugé 1 080 000 CHF. Les détails ici.

28/11/2015

[*] Marina Ducrey, avec la collaboration de Katia Poletti, Félix Vallotton (1865-1925). L’Œuvre peint. Volume I : Le Peintre ; volumes II et III : Catalogue raisonné, Milan, 5 Continents Éditions,‎ 2005.

Photo courtesy wikiart.org

Le 14 juillet, rue Daunou, 1910, Childe Hassam

Un tableau très symbolique aujourd’hui, à de multiples titres…
Un Liberty Cocktail à partager sans modération !

Childe Hassam, Le 14 juillet rue Daunou

Le 14 juillet, rue Daunou, 1910, hst, 74 x 50,5 cm, Childe Hassam, Metropolitan Museum of Art, New York

Il a été peint par Childe Hassam (1859-1935), impressionniste américain et francophile. Il est allé à Paris une première fois en 1883, puis a habité près de la place Pigalle de 1886 à 1889, et a été élève de l’Académie Julian. Il retourne à Paris en 1896-97 puis à nouveau en 1910. Il est à cette époque déjà un peintre célèbre aux États-Unis. Hassam était proche de Claude Monet et des américains de Giverny, et sa vision du 14 juillet depuis un balcon doit sans doute beaucoup à La Rue Montorgueil, à Paris. Fête du 30 juin 1878 de Claude Monet (musée d’Orsay, ci-dessous en fin d’article). Remarquons qu’Hassam avait déjà peint la fête nationale sur le boulevard Rochechouard en 1889 (collection particulière, ci-dessous).

Mais en cette année 1910, l’artiste sent que ce thème le touche particulièrement. Il retourne à New York et lorsque les États-Unis entrent en guerre après le torpillage du Lusitania, il commence ses « Flag Series » en 1916. L’une des plus célèbres toiles de la série est son Avenue in the rain que le président Obama a décidé d’accrocher dans son bureau lors de son entrée à la Maison-Blanche (voir ici).

On peut évidemment aussi noter que les Flag Series de Childe Hassam ont eu un génial continuateur avec Jasper Johns (1930-).

Notre tableau du jour est intéressant à plus d’un titre. Remarquez au milieu des drapeaux français les drapeaux belges, américains et même russes. Mais la rue dans laquelle il a été peint n’est pas anodine. L’année suivante, en 1911, Tod Sloan va créer au 5, rue Daunou, le New York Bar, qui deviendra le Harry’s New York Bar, puis le Harry’s Bar.

Comme quoi et depuis longtemps, Paris est une fête, n’est-ce pas, cher Ernest (Hemingway) ! C’est aussi au Harry’s qu’après le White Lady (1919), le Bloody Mary (1924), le Blue Lagoon (1960), le James Bond (1963), a été inventé le Liberty Cocktail (1986).

Childe Hassam, 14 juillet, boulevard Rochechouart, Paris

14 juillet, boulevard Rochechouart, Paris, ca 1889, hsp, 18,4 x 24,1 cm, Childe Hassam, collection particulière

Claude_Monet, La Rue Montorgueil à Paris. Fête du 30 juin 1878

La Rue Montorgueil, à Paris. Fête du 30 juin 1878, hst, 81 x 50 cm, Claude Monet, musée d’Orsay, Paris

27/11/2015

Photo 1 Hassam wikimedia commons File:Childe_Hassam,_July_Fourteenth,_Rue_Daunou,_1910 Usr Paris 16
Photo 2 Hassam Courtesy The Athenaeum, rocsdad
Photo Monet Wikimedia commons File : Claude_Monet_The_Rue_Montorgueil_in_Paris._Celebration_of_June_30,_1878_-_Google_Art_Project.jpg Usr Paris 16

La Source, Maurice Denis

Maurice Denis, La Source

La Source, 1941, huile sur carton, 75 x 85 cm, Maurice Denis, collection particulière

Nous sommes là devant une œuvre de la maturité du peintre. Né en 1870, il meurt, renversé par un camion, le 13 novembre 1943. Le théoricien symboliste de l’époque nabi dans les années 1890, le mystique, fondateur des Ateliers d’Art sacré en 1919, le décorateur officiel des années 20, le voyageur impénitent, l’amoureux de la femme et de son corps enfin, montre toujours le même enthousiasme.

Dans sa vie privée, il a été l’homme de deux femmes :Marthe,qu’il a connue en 1890 et qui décède en 1919, puis Élisabeth de 1922 à sa mort. Il a eu huit enfants (6 avec Marthe, 2 avec Élisabeth), et a parfois accepté des commandes juste pour nourrir une famille très nombreuse. On peut préférer les aplats de la période nabi, mais comme Renoir, après ses voyages en Italie, il effectue un retour vers la Renaissance et redonne de l’importance au modelé, tout en conservant les thèmes symbolistes de sa jeunesse.

Dans ses tableaux hédonistes, les personnages évoluent souvent dans des paysages idylliques ; l’Arcadie chère aux classiques n’est pas loin. Ici cette jeune femme est une baigneuse, mais elle symbolise aussi la source de vie. Par sa composition, elle nous a fait penser aussi à un tableau d’un autre nabi, Félix Vallotton, réalisé 20 ans avant, en 1921. Leur juxtaposition permet aussi de mieux cerner l’originalité de chacun.

Félix Vallotton, Femme nue dormant au bord de l'eau

Femme nue dormant au bord de l’eau, 1921, 122,5 x 193 cm, Félix Vallotton, musée des Beaux-Arts de Strasbourg.

À cause de ses nombreuses facettes, la place de Maurice Denis dans l’histoire de l’art reste ambigüe. Et ceci trouble les collectionneurs. Ainsi, notre tableau du jour a dû subir le feu des enchères 3 fois entre 2012 et 2013 avant d’être finalement adjugé.

Mais ce grand peintre sait souvent, comme ici, nous charmer tout simplement.

Sa maison de Saint-Germain-en-Laye est devenue le musée départemental du Prieuré. Il est question que ce musée disparaisse. En tout cas la presse l’a évoqué. Nous n’en savons pas plus aujourd’hui !

Photo Denis Courtesy The Athenaeum, rocsdad
Photo Vallotton Vallotton,_Femme_nue_dormant_au_bord_de_l’eau_(2).jpg Usr Ji-Elle