Florence : découvertes à la basilique Santissima Annunziata

À l’entrée de la basilique de la Santissima Annunziata, c’est le désert alors que les files d’attente, à l’entrée de la Galerie de l’Académie, située à deux cents mètres de là, débordent jusque sur la Via degli Alfani voisine. On se rappelle que Stendhal fit un malaise en sortant de la basilique de Santa Croce. « J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. » Cette pathologie est maintenant reconnue comme le syndrome de Stendhal. Moins connue que Santa Maria Novella ou Santa Croce, Santissima Annunziata reçoit très peu de visiteurs, même en août. Et pourtant, elle peut leur être comparée.
À l’entrée de cette église, rien n’indique qu’il s’agit là d’un haut lieu de l’art de la Renaissance. On franchit un seuil, sans guichet ni billet à débourser, pour se retrouver dans un cloître, dit des statues votives ou des ex-voto, construit de 1447 à 1452. Les statues votives ont été enlevées en 1785 mais le nom est resté.
Le visiteur attentif, arrivé là par hasard, remarque alors que le cloître est couvert par une verrière et que ses parois sont couvertes de fresques dont la qualité du dessin saute aux yeux. En les voyant, la notion de «valeurs tactiles», chère à Bernard Berenson, vient immédiatement à l’esprit. En cherchant des indications, on ne trouve qu’un panneau en italien avec le nom d’Andrea del Sarto. Alors nous avons fait les recherches nécessaires, et découvert ainsi que ce lieu était l’endroit au monde où on trouvait le plus grand nombre de peintures d’Andrea del Sarto (huit), ainsi que bien d’autres chefs-d’œuvre. Et comme la vocation de VisiMuZ est de vous apporter ces informations pour enrichir vos visites…
Cette basilique a tout d’un musée. Je vous laisse regarder l’histoire de la basilique sur Wikipedia (ici) pour évoquer seulement le cloître des statues votives. La décoration du cloître va s’étaler de 1460 à 1517 environ. Ces fresques, endommagées par les inondations de Florence de 1966, ont été détachées, restaurées puis remises en place.

Les peintures sont, par ordre d’entrée en scène, les œuvres d’Alesso Baldovinetti (1427-1499), de son élève Cosimo Rosselli (1439-1507), puis d’Andrea del Sarto (1486-1531), de son ami et associé de l’époque Franciabigio (1482-1525). Enfin deux élèves d’Andrea, Pontormo (1494-1557) et Rosso Fiorentino (1494-1540) vont trouver ici la notoriété.

La basilique est issue de la fondation en 1233 de l’Ordre mendiant des Servites de Marie par sept marchands florentins, canonisés « comme un seul homme » en 1888 (voir leur histoire ici). Un oratoire avait été installé, mais devenu trop petit, il fut remplacé par la basilique en 1447.
Deux histoires parallèles ont été illustrées dans le cloître. L’une d’elles est dédiée à la vie de Marie, l’autre à celle de Philippe Benizzi. Philippe Benizzi (1233-1285) était un moine, général réformateur de l’Ordre des Servites de Marie, qui refusa la tiare papale en 1269, et à qui il était attribué plusieurs miracles (biographie ici). Il fut canonisé en 1671 mais son culte avait commencé dès sa mort et était très développé à la fin du Quattrocento.
Alesso Baldovinetti se voit d’abord confier en 1460 une Adoration de l’Enfant.

01_Vig_Baldovinetti_AdorationBergersAlesso Baldovinetti, Adoration de l’Enfant, 1460

Puis, en 1475, Cosimo Rosselli peint une première fresque d’un cycle dédié à la vie de Philippe Benizzi. Rappelons que Cosimo Rosselli a ensuite, en 1481, été appelé par le pape, avec Ghirlandaïo, Botticelli, et Perugino, à Rome pour les fresques de la vie de Moïse et celles de la vie de Jésus dans la chapelle Sixtine (voir guide VisiMuZ des musées du Vatican).

Cosimo Rosselli - La Prise d'habits de Philippe BenizziCosimo Rosselli, La Prise d’habits de saint Philippe, 1475

Le cycle fut ensuite interrompu jusqu’en 1509. À cette date, il fut repris par Andrea del Sarto, qui n’avait alors que 23 ans et venait tout juste d’être admis (le 12 décembre 1508) dans la congrégation des peintres.
Devenu très vite célèbre, Andrea a continué à travailler pour les pères de l’ordre des Servites de Marie et a illustré la vie de Philippe Benizzi.

03_Vig_Sarto_PhilippeBenizzilibereunefemmedundemonAndrea del Sarto, Philippe Benizzi libère une femme d’un démon, 1509

Andrea del Sarto, Philippe Benizzi guérit un lépreuxAndrea del Sarto, Philippe Benizzi guérit un lépreux, 1509

Andrea del Sarto – Les Blasphémateurs punisAndrea del Sarto, Les Blasphémateurs punis, 1509-10

Andrea del Sarto - La Mort de Philippe BenizziAndrea del Sarto – La Mort de Philippe Benizzi, 1509-10

Andrea del Sarto - La Dévotion aux reliques de Philippe BenizziAndrea del Sarto, La Dévotion aux reliques de Philippe Benizzi, 1509-10

Vers 1511, Andrea a peint le Voyage des mages pour faire pendant à l’Adoration de l’Enfant de Baldovinetti.

Andrea del Sarto - Voyages des magesAndrea del Sarto, Voyage des mages

En 1513-14, il travailla à La Nativité de la Vierge.

Andre del Sarto - La Nativité de la ViergeAndrea del Sarto, La Nativité de la Vierge

Puis il a été rejoint par Francabiggio pour Les Noces de Marie puis par Pontormo pour La Visitation. Le talent de ce dernier éclate dans cette composition de jeunesse.

Pontormo - La VisitationPontormo, La Visitation

Enfin, Rosso Fiorentino exécuta L’Ascension de la Vierge en 1517.

Rosso Fiorentino -  L'Ascension de MarieRosso Fiorentino, L’Ascension de la Vierge

Andrea del Sarto partira en France à l’invitation de François 1er en 1518 et reviendra à Florence à la fin de 1519. Rosso Fiorentino, fera de même en 1530, et il restera en France jusqu’à sa mort en 1540, pour devenir le créateur de la première école de Fontainebleau. Dans un autre cloître de la basilique, le cloître Saint-Luc, patron des peintres (on se souvient du Saint Luc dessinant la Vierge, par Rogier van der Weyden, à Boston ou à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg), sont ensevelis dans une tombe commune quinze artistes dont Andrea del Sarto et Pontormo, évoqués plus haut, mais aussi Benvenuto Cellini ou Gianbologna.
Cette visite inopinée, s’est éclairée peu à peu et a révélé toute la richesse du contenu du cloître. Elle illustre assez bien la méthode que nous appliquons dans les guides VisiMuZ : vous permettre de savoir ce qu’il y a à voir, pour rendre votre visite plus riche et plus réussie.

P.S. : quand vous irez à Florence, ne vous limitez pas à ce cloître ! Andrea del Sarto a aussi réalisé La Madone au sac en 1525 dans le grand cloître, Vasari et Pontormo ont encore sévi à l’intérieur de la nef. Mais chut ! Ensuite, vous pourrez voir l’évolution du style d’Andrea avec La Madone des Harpies de 1517 à la galerie des Offices.

Crédits photographiques
1, 3, 5, 6, 7 : VisiMuZ
2, 4, 8, 9, 11 : Wikimedia Commons User : Sailko -, licence CC-BY-SA-3.0-migrated
10 : Wikimedia Commons User : Upload Bot (Eloquence) licence : PD-Art

Modigliani et l’École de Paris à Martigny

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Tel est le titre de l’exposition-phare de l’été à la fondation Pierre Gianadda à Martigny (Valais suisse) : 80 œuvres prêtées par le centre Pompidou, complétées par des prêts des musées suisses (Fondation Bührle de Zürich, musées de Berne, de Bâle, de Zürich, collections Gianadda, Merzbacher, etc.).
Rappelons que le terme d’École de Paris désigne les peintres ayant travaillé à Paris, au début du XXe siècle, souvent autour de Montparnasse mais aussi à Montmartre. Nombre d’entre eux étaient venus d’Europe centrale ou orientale (Chagall, Soutine, Survage, Pascin, Kars, Reth, Kisling, Zadkine, etc.). Il ne s’agit pas vraiment d’une école. Le terme apparaît en Allemagne avant 1914 en opposition au terme d’expressionisme allemand. Il ne sera utilisé en France qu’à partir du milieu des années 20.

Les toiles sont accrochées sur le pourtour de la salle principale du bâtiment et quelques cloisons annexes, le milieu de la salle étant occupé par les chaises du prochain concert à venir.

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Vue de la seconde partie de l’exposition depuis le bas de l’escalier

Comme pour chaque exposition en ce lieu, il vaut mieux commencer par le fonds à droite, et tourner dans le sens horaire pour suivre une démarche chronologique. Mais dans ce cas précis, les toiles de Modigliani, qui servent de fil rouge, ne sont pas accrochées chronologiquement. Il faut dire que la carrière de l’artiste est très courte, puisque seulement quatorze ans se sont écoulés entre son arrivée à Paris en 1906 et sa mort le 24 janvier 1920 à 35 ans.

L’accrochage commence avec un portrait de Maurice Utrillo en 1910 par André Utter, son copain d’enfance qui deviendra le mari de sa mère Suzanne Valadon, puis des toiles d’Utrillo (1883-1955), un Raoul Dufy (1877-1953) de 1908 et un autre de 1912, et des Modigliani de 1909 à 1915, dont un premier portrait de Béatrice Hastings, sa compagne en 1915-16.
On trouve ensuite pêle-mêle Léopold Survage (1879-1968), le futuriste Gino Severini (1883-1966) et aussi un intéressant tableau d’Alfred Reth (1884-1966) de 1912. Notons au passage qu’Alfred Reth, tombé injustement dans l’oubli, est, avec Georges Kars, un des seuls peintres exposés ici qui soit encore accessible sur le marché de l’art (toiles à partir de 3 000 euros, à comparer par exemple aux 31,4 millions de dollars de Modigliani avec Jeanne Hébuterne devant une porte, 1919 en novembre 2004 à New York ou aux 69 millions de dollars de La Belle Romaine en 2010 toujours à New York – à voir ici).
Il est judicieux, après ce premier côté, de quitter la grande salle et d’aller tout droit vers la collection permanente de Louis et Evelyn Franck, qui reste exposée en même temps que l’exposition temporaire.
En effet, Catherine Grenier, commissaire de l’exposition, a demandé à Antoinette de Wolf-Simonetta d’afficher ici une biographie de Modigliani, qu’il vaut mieux lire avant de continuer la visite, plutôt qu’à la fin de la visite. Notez que cette biographie se trouve aussi dans le petit journal disponible en pile à l’entrée et à la librairie, mais personne ne songe à vous le proposer.
Dans cette salle Franck, se trouvent des photographies (dont le fameux Baiser, célébré par Danièle Thomson dans Fauteuils d’Orchestre) et des sculptures de Constantin Brancusi (1876-1957), dont le centre Pompidou possède l’atelier, mais aussi d’Henri Laurens (1885-1954), d’Ossip Zadkine (1890-1967) ou Jacques Lipschitz (1891-1973).
Il serait dommage de ne pas regarder au passage les œuvres de la collection Franck : ♦Les Poissardes mélancoliques par James Ensor, un pastel de Picasso, deux Cézanne, un Kees van Dongen, un Toulouse-Lautrec, et surtout deux Van Gogh, dont le ♦Bébé Marcelle Roulin, 1888, un sujet dont VisiMuZ vous a longuement parlé dans le guide du Met à la fois dans la collection Annenberg et la collection Lehman.

Au retour dans la salle principale, et en continuant dans le sens horaire se trouvent un tableau de Kees van Dongen (♦La Grille de l’Élysée, 1912) et plusieurs œuvres de Suzanne Valadon (1865-1938) (voir l’hommage à Suzanne Valadon sur le blog VisiMuZ – ici ), bordés sur la cloison intérieure par des toiles et bronzes de Pablo Picasso entre 1905 et 1910, et entourés d’autres toiles et sculptures de Modigliani dont ♦Nu couché avec les bras derrière la tête, 1916 de la collection Bührle à Zürich, qui fait la couverture du catalogue et est accroché au centre du 2e côté de la grande salle.

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Amedeo Modigliani – ♦Tête de femme, 1912, Centre Pompidou.

La seconde partie de l’exposition présente alors d’abord un bel ensemble de Chaïm Soutine (1893-1943), deux toiles de Marc Chagall (1887-1985), des tableaux de Jules Pascin (1885-1930), un Henri Hayden (1882-1970) de 1912, la ♦Femme au châle gris, 1930 de George Kars (1882-1945), un artiste qui, ne supportant pas la tragédie de la Shoah, s’est suicidé en 1945, et enfin un très beau tableau de Moïse Kisling (1891-1953), la ♦Femme au châle polonais, ca 1928.

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Chaïm Soutine (1893-1943) – L’Idiot, 1920, musée Calvet, Avignon

Les toiles qui suivent présentent des peintres qui ne sont pas directement estampillés École de Paris mais sont d’autres témoins de l’époque : Juan Gris (1887-1927), Fernand Léger (1881-1955), Henri Matisse (1869-1954), André Derain (1880-1954). Avec les Picasso de l’autre mur, on a l’impression de se retrouver à une réunion chez Daniel-Henry Kahnweiler. Seuls Georges Braque et Maurice de Vlaminck manquent à l’appel.
L’exposition se termine en beauté avec plusieurs très beaux Modigliani dont ♦Nu debout (Elvira), 1918 et un portrait de ♦Jeanne Hébuterne au chapeau, 1919.

Gianadda_Elvira_9190Nu debout (Elvira), 1918, KunstMuseum de Berne

Gianadda_JeanneHebuterne_9201♦Jeanne Hébuterne au chapeau, 1919

La dernière compagne du peintre, enceinte de huit mois de leur troisième enfant, s’est donnée la mort le lendemain du décès d’Amedeo.

Pour les amateurs, au sous-sol du musée se trouve aussi une très belle collection d’automobiles anciennes. En complément, le parc, dit aussi le Jardin des Délices, habité par les sculptures, mérite une visite assez longue, au demeurant très agréable et reposante.

Informations pratiques :

21 juin – 24 novembre 2013 – tous les jours de 9 h à 19h – Billet payable en euros ou en francs suisses au choix, mais pas de carte de crédit.
Accès par le Léman, puis direction Grand-Saint-Bernard, ou par le col des Montets depuis Chamonix.
De Genève, 1h30 de route
Site de la fondation : http://www.gianadda.ch/wq_pages/fr/expositions/

Crédits photos : VisiMuZ

Publication de l’Acte III de : Musées, visites, et numérique. Classer et mémoriser.

Nous poursuivons notre route pour rendre la visite d’un musée plus simple et plus riche avec une nouvelle page,

Classer et mémoriser pour mieux regarder et ressentir 2/2

suite d’un article dont la première partie avait été publiée ici le 22 juin 2013.

Cet article s’adresse d’abord aux visiteurs des musées, mais aussi aux professionnels, dans une approche collaborative de partage avec leurs publics.
Plutôt que de partir des œuvres et d’essayer de généraliser, nous avons choisi de donner une vision globale de la visite des musées, en privilégiant l’illustration par les grands musées des Beaux-Arts. Au delà des exemples évoqués, les thèmes abordés concernent potentiellement tous les lieux d’exposition.

VisiMuZ à l’honneur sur kelkoo.fr

VisiMuZ, source d’informations de référence

Quand Kelkoo veut écrire un article sur les tablettes, il commence par se renseigner sur le blog VisiMuZ.

Photo_du_blog_visimuz

Capture d’écran sur kelkoo.fr d’une photo de l’article VisiMuZ

Sur ce sujet, c’est l’occasion pour nous de vous rappeler les articles du blog VisiMuZ.
D’une part l’article :

Ne confondons pas lecture numérique et connectée

d’autre part les deux articles du blog relatifs à la lectures sur tablettes,

La lecture sur tablette : Quelques infos pour le débutant 1/2

La lecture sur tablette : Quelques infos pour le débutant 2/2

et enfin de l’importance de la couleur pour les nombreuses reproductions de tableaux qui sont dans les guides VisiMuZ. Une liseuse couleur est apparue au Medpi de Monaco le 20 mai dernier ou au Computex 2013 en juin à Taiwan, mais encore à l’état de prototype. Pour les visites de musée, préférez donc les tablettes aux liseuses !

Parution du guide Musées du Vatican et un ebook gratuit en supplément

Le guide VisiMuZ des musées du Vatican dès le 18 juin

Le guide VisiMuZ des musées du Vatican sera publié et disponible le mardi 18 juin sur l’iBookstore (ici).
Ce guide présente toutes les richesses de la Pinacothèque, des chambres de Raphaël, de la chapelle Sixtine, mais aussi des musées Pio-Clementino, Chiaramonti, etc.

Ce sont près de huit siècles de l’histoire papale qui sont présentés dans le guide VisiMuZ, en guidant le lecteur dans les méandres des palais pontificaux. Plus de 85 photos vous permettent de repérer et retrouver très facilement les œuvres majeures. Les commentaires vous expliquent les contenus et les dessous des tableaux ou sculptures, vous replongent dans les contextes historiques et politiques et dans les jeux de pouvoirs. Comme d’habitude, la navigation non linéaire dans le guide vous permet de vous repérer à partir des plans et les images sont toutes agrandissables en pleine page par simple-tap.

Guide VisiMuZ musées Vatican page Raphaël

VisiMuZ toujours à l’écoute et au service de ses lecteurs avec un supplément gratuit : l’ebook de la biographie des artistes

Le livre complémentaire « VisiMuZ artistes des musees du_Vatican.epub » est encore une innovation dans l’univers des guides touristiques pour simplifier et enrichir votre visite. Cet ebook gratuit comprend les biographies des artistes les plus importants représentés dans les musées du Vatican.
Il est téléchargeable sur toutes les liseuses et tablettes au format epub ou pdf, donc en particulier disponibles sur iPad et Androïd.
Nous avons mis à profit les nouveaux outils que Wikipedia met à notre disposition pour vous proposer un supplément gratuit à notre guide des Musées du Vatican. En mode connecté, les biographies Wikipedia sont disponibles dans les guides VisiMuZ par simple-tap sur le nom de l’artiste. Mais dans les musées des Beaux-Arts, il est rare de trouver un point wifi en accès libre. Alors nous avons créé un guide des artistes présents aux musées du Vatican, que vous pouvez télécharger gratuitement et qui sera un complément apprécié lors de votre visite ou lorsque vous serez en mode déconnecté (avion, etc.).
Comme les guides VisiMuZ, cet ebook supplémentaire s’inscrit dans notre ligne éditoriale. Mettre l’information indispensable et nécessaire, utile et agréable, au bout de vos doigts pour simplifier et enrichir votre visite.

Guide Vatican - biographies des artistes
Guide des artistes du musée du Vatican (format epub ou pdf)

Contrairement au contenu de nos guides, nous n’avons rien écrit dans cet ebook. Nous avons récupéré les biographies de Wikipedia. La forme en reste primaire, car nous ne pouvons pas en l’état actuel des outils, introduire notre propre couverture ou logo. Notre valeur ajoutée a consisté alors à retrouver les artistes importants dans les musées du Vatican, puis à sélectionner leurs biographies et à les présenter dans l’ordre où vous les rencontrerez lors de votre visite des musées du Vatican. Par cette démarche, nous rajoutons du sens à une information brute pour un contexte précis, celui de la visite du Vatican. Ce livre que nous vous permettons de télécharger gratuitement, ne remplace en aucune façon le guide VisiMuZ. Mais il apporte un éclairage complémentaire différent.
Ce supplément gratuit est à la fois une expérience et un bêta-test. La suite se construira aussi en fonction des résultats, de vos retours, de vos commentaires. Le web 3.0, dit aussi web sémantique, se construit chaque jour. Nous sommes fiers d’apporter notre pierre, aussi minime soit-elle, à la construction d’un écosystème 3.0.

Note : « Le web dit sémantique vise donc à produire des relations logiques de données à partir d’autres relations logiques de données, mais ne produit et n’interprète aucun sens (le sens restant le seul fait de l’interprétation humaine) »(d’après la page wikipedia du « web sémantique »)

Nous vous proposons de télécharger le guide sous deux formats, epub (8.6 Mo) et pdf (180 Mo). Nul doute que ce simple téléchargement convaincra tous ceux qui n’ont pas encore essayé le format epub pour la lecture et étaient restés fidèles au pdf.

Note : Pour le téléchargement epub sur tablettes, il n’y a rien de particulier à faire, sinon cliquer sur le téléchargement puis répondre aux questions posées. Sur iPad, iBooks est le lecteur par défaut. Sur Androïd, nous conseillons Mantano reader.
Sur un PC :
Avec Mozilla Firefox, il est conseillé d’installer le plug-in « EPUBReader » avant le téléchargement epub.
Avec Chrome, le téléchargement une fois effectué, vous pouvez ouvrir le fichier ou le transférer sur votre tablette ou liseuse.

Téléchargement du supplément des biographies des artistes des musées du Vatican

Version epub (8,5 Mo)          Version pdf (181 Mo)

Les Érotomanes de Prague

Après trois derniers sujets sur le blog VisiMuZ relatifs à la muséographie, nous avons choisi de nous accorder un peu de détente. Et quoi de mieux que se replonger un peu dans l’histoire avec les érotomanes de Prague. Non ! Rien à voir avec une ballade dans les quartiers chauds de la capitale de Bohème, ou une version tchèque d’un magazine avec des petits lapins, mais simplement le propos de Lord Kenneth Clark (1903-1983), directeur de la National Gallery de 1933 (à 30 ans !) à 1946 et historien d’art célèbre, dans The Nude, an Essay in Ideal Form (Princeton University Press, 1984, 1re éd. 1956).

Rodolphe II : trente ans de mécénat entre 1580 et 1611

Rodolphe II de Habsbourg (1552-1612) était le petit-fils de Charles-Quint (par sa mère), et donc le neveu de Philippe II d’Espagne (1525-1598). Il devint aussi son beau-frère après le mariage de Philippe avec Anne (1549-1580), la sœur aînée de Rodolphe. Il était aussi par le mariage de sa sœur Élizabeth (1554-1592) le beau-frère de Charles IX, roi de France. Les problèmes liés à la consanguinité étaient inconnus des scientifiques de l’époque.
Rodolphe a transféré la cour de Vienne à Prague en 1586. Le concile de Trente avait eu lieu, et Rodolphe était resté profondément attaché au catholicisme. Il soutint donc la Contre-Réforme. Mais à son métier de roi, il préférait le rôle de protecteur des arts et des sciences, et profitait de ce que la vie pouvait lui apporter. À Prague, il s’était entouré d’artistes, comme François Ier l’avait fait à Fontainebleau avec Le Primatice, Niccollo del’ Abbate ou Rosso Fiorentino, et Philippe II à Madrid avec Titien.
Rodolphe avait hérité de son père Maximilien II certains des Titien de sa collection. Élevé à la cour d’Espagne de 1564 à 1571, il voulut aussi comme son oncle Philippe enrichir sa collection de Titien (mort en 1576). Il acquit entre autres une version de Danaë en 1601, ainsi qu’une version de Vénus au joueur de luth.
Les peintres de Rodolphe étaient nombreux et deux d’entre eux étaient plus talentueux : Hans von Aachen (1552-1615) a accompagné Rodolphe de 1576 à sa mort, et Bartholomeus Spranger (1546-1611) est resté à Prague de 1592 jusqu’à sa mort. Avec Spranger et von Aachen, Rodolphe a rejoué le scenario de Philippe II avec Titien pour la série des Poesie. Les tableaux peints à Prague à cette époque ont le plus souvent un contenu propre à réjouir les sens de leur commanditaire. Mais réduire Rodolphe II à un obsédé sexuel serait inapproprié. Seuls un quart des tableaux de Spranger montrent des nus, et, dans le même temps, Rodolphe a aussi passé commande à Arcimboldo ou protégé l’astronome Tycho Brahé.

Les compositions de Bartholomeus Spranger

Une salle importante au Kunsthistrorisches Museum de Vienne, contiguë à la salle Bruegel, est consacrée aux peintres de Rodolphe. Attardons-nous quelques instants sur Bartholomeus Spranger.
Peintre flamand né à Anvers, il s’installe en Italie de 1565 (il n’a que 19 ans) à 1575 et il y travaille pour le pape Pie V, celui-là même qui considérait les statues antiques du Belvédère comme des idoles et les avait fait cacher. Spranger y découvre aussi des œuvres de Jules Romain et de Perin del Vaga destinées au cercle privé. On peut voir exemple à l’Albertina de Vienne, un Jupiter et Antiope, gravure de Gian Giacomo Caraglio vers 1530 d’après Perin del Vaga (ici) qui n’a rien à envier à certaines estampes japonaises. Au contact du Maniérisme, Spranger a appris aussi à apprécier les poses très sophistiquées des personnages. Ses tableaux pragois le montrent en digne continuateur du Parmesan ou de l’école de Fontainebleau.
On trouve ci-dessous cinq exemples pour illustrer l’œuvre de Spranger. À Vienne ce ne sont pas moins d’une douzaine d’œuvres qui sont présentées par roulement parmi les dix-huit que comporte la collection.

1) Hermaphrodite et la nymphe Salmacis – Ovide – Les Métamorphoses (4, 337-379)

Salmacis tombe amoureuse du jeune Hermaphrodite mais celui-ci se refuse à elle. Elle part et le garçon se déshabille pour se baigner. Salmacis, le voyant si beau, ne peut plus se maîtriser, et se colle à lui dans l’eau. Elle demande alors aux dieux la faveur qu’ils soient à jamais unis l’un à l’autre et elle est exaucée.

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Hermaphrodite et la nymphe Salmacis, ca 1580 – 110,5 cm x 81,5 cm

2) Glaucus et Scylla – Ovide – Les Métamorphoses (13, 898-968)

Scylla rencontre Glaucus. Celui-ci devenu immortel depuis qu’il a été transformé en poisson, lui fait le récit de sa métamorphose et lui présente les avantages d’une vie avec lui dans la mer.

Spranger - Glaucus et Scylla - VisiMuZ - Kunsthistorisches Museum Vienne
Glaucus et Scylla, ca 1580-82 – 110 x 81 cm

3) Hercule, Déjanire et le centaure Nessus – Ovide (Métamorphoses, IX, 101-134)

Hercule avait confié sa femme Déjanire au centaure Nessus mais celui-ci trompa la confiance d’Hercule et tenta de la ravir. Hercule tua Nessus avec une flèche empoisonnée par le poison de l’hydre. Le centaure meurt en donnant à Déjanire, soit-disant pour la protéger, sa tunique ensanglantée et empoisonnée et ainsi construire sa vengeance post-mortem.

Spranger_Kunsthistorisches_Vienne_Hercule_Dejanire_et_le_centaure_NessusHercule, Déjanire et le centaure Nessus, ca 1580-85 – 112 x 82 cm

4) Ulysse et Circé – Homère – L’Odyssée d’Homère– chant X

Circé a changé les compagnons d’Ulysse en porcs. Celui-ci se voit confier par Hermès une herbe qui l’immunise contre le poison qu’elle veut lui faire boire. Voyant son échec, elle lui propose alors :
« Mais, remets ton épée dans sa gaine, et couchons-nous tous deux sur mon lit, afin que nous nous unissions, et que nous nous confiions l’un à l’autre. » (traduction de Leconte de Lisle)
Vous trouverez la suite par exemple ici. Ulysse et ses compagnons resteront un an chez Circé.

Spranger_Kunsthistorisches_Vienne_Ulysse_et_CirceUlysse et Circé, ca 1586-87 – 110 x 73,5 cm

5) Vénus et Adonis – Ovide (Métamorphoses, X, 510-559 et 708,739)

Adonis est le plus beau des mortels. Homère précise : « L’Envie même aurait loué sa beauté ; en effet, il ressemblait aux corps des amours dénudés peints sur un tableau, mais, pour ne pas que son équipement l’en distingue, ajoutez-lui un léger carquois, ou retirez-le aux Putti. » (Traduction A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2008) .
Vénus en oublie sa nature divine. Elle va à la chasse avec lui tout en le mettant en garde contre ses dangers. Adonis va mourir des assauts d’un sanglier. Spranger représente ici les adieux de la déesse et du chasseur. Comme souvent dans ses tableaux les corps se touchent et ajoutent à la vue des corps la tension érotique née de ce toucher.
Remettons aussi en lumière que William Shakespeare a écrit sa pièce poétique Vénus et Adonis en 1593-94 donc trois ans avant la composition de Spranger et que Vénus et Adonis est aussi un des tableaux des Poesie de Titien (original au musée du Prado, répliques à la National Gallery Londres, au Metropolitan, à la National Gallery of Art de Washington, et au Getty Museum L.A.).
Le thème est alors au goût du jour. Le tableau permet de prolonger le plaisir intellectuel et émotionnel de la pièce.

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Vénus et Adonis, 1597 – 163 x 104 cm

Poesie de Bartholomeus Spranger

Les sujets de Spranger sont le plus souvent mythologiques et représentent des couples. Ils ont une valeur d’exemplarité. Ils appartiennent au corpus culturel des lettrés de l’époque, même si les nudités et les attitudes font naturellement partie des éléments recherchés.
Citons l’article de Da Costa Kaufmann et Coignard (référence ci dessous, page 36) : « La notion bien connue de la critique humaniste que les peintures considérées comme comparables aux poèmes sont régies par des principes similaires ut pictura poesis était très répandue en Europe Centrale. Le traité de Pontanus contenait en appendice une longue discussion sur les relations entre la poésie, la peinture et la musique. »
Le roi Rodolphe a créé pendant son règne la notion de Kunstkammer, ou cabinet de curiosités, qu’elles soient œuvres de la nature ou de l’homme. La vue de toutes ces merveilles donnait un sens à sa pensée. Vanités, allégories se mêlaient à la sensualité et la beauté. Les collections de Rodolphe sont pour l’essentiel au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Le talent de Spranger n’est pas étranger à leur renommée.
Nous reprendrons après d’autres à propos de Spranger la conclusion de Charles Hope (Problems of Interpretation in Titian’s Erotic Paintings, Tiziano et Venezia pp 136-137) à propos de Titien. « Les poesie n’étaient donc pas seulement des erotica très élaborées mais une démonstration hautement consciente et calculée de ce que l’art de peindre pouvait accomplir ».

Note : l’actualité romaine et papale nous avait fait intervertir la publication du guide VisiMuZ du Kunsthistorisches de Vienne et des musées du Vatican. Ce dernier va paraître avant le 20 juin. Celui de Vienne paraîtra au courant de l’été.

Référence :
DaCosta Kaufmann Thomas, Coignard Jerôme. Éros et poesia : la peinture à la cour de Rodolphe II. In: Revue de l’Art, 1985, texte intégral ici .

Crédits Photographiques
VisiMuZ sauf
Vénus et Adonis – Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bartholomeus_Spranger_-_Venus_and_Adonis_-_WGA21692.jpg User : JarektUploadBot Licence : CC-PD-Mark

Bonaparte au pont d’Arcole. L’ennemi de la Russie en vedette à Saint-Pétersbourg ?

Bonaparte au pont d’Arcole est un tableau que tous les écoliers français connaissent. Au-delà de ses qualités artistiques, il a été l’un des symboles utilisés pour former à l’Histoire de France des générations de jeunes Français. Comme toutes les icônes, il est même souvent devenu inutile d’en citer l’auteur (Antoine-Jean Gros dit le baron Gros). Ce tableau fait partie du « roman national » et lorsqu’on arrive au 2e étage du musée de l’Ermitage, on reçoit un grand choc. D’où vient ce tableau, qu’on croyait à Versailles ?
Ce que nous vous proposons ici est une mise en application de notre dernier billet (Quel regardeur êtes-vous ?), déclinée selon l’approche présentée sur le blog et mise en œuvre dans les guides VisiMuZ, du tableau lui-même jusqu’à la saga qui lui est associée. Bien évidemment, comme notre propos ci-après se veut didactique, ce que nous décrivons ici l’est de façon très détaillée, et la synthèse que nous vous proposons dans les guides VisiMuZ est beaucoup plus succincte. Toutefois, l’approche est identique, il s’agit dans un premier temps d’apporter des informations au visiteur mais surtout de lui ouvrir des portes, des pistes, des objets d’intérêt qu’il pourra approfondir à loisir s’il le désire.

Napoleon_Bonaparte_au_Pont_dArcole_Ermitage
Version du musée de l’Ermitage – Saint-Pétersbourg

Regardons le tableau de l’Ermitage, en commençant par les trois niveaux de Panofsky, et en poursuivant par ceux présentés dans notre article précédent.

1) Ce qu’on voit :

Un militaire, un sabre à la main droite, un drapeau dans la main gauche. Il porte un uniforme de général des armées de la République dans les années 1790.

2) Iconographie

En s’approchant, on peut lire sur la lame du sabre « Bonaparte, Armée d’Italie » et son ceinturon porte sur le devant une plaque à ses initiales. Le titre du tableau confirme la légende d’un général en chef à la tête de ses hommes sur le pont d’Arcole. La bataille eut lieu les 15, 16, 17 novembre 1796.

3) Iconologie

Au-delà des symboles de sa fonction, le drapeau montre au-dessus de la tête du général la couronne de feuilles de chêne, symboles de la victoire et de la sagesse ainsi que le faisceau des licteurs romains, c’est-à-dire le symbole de l’imperium, le pouvoir de contraindre des magistrats. Le général a la tête tournée vers l’arrière, avec toute l’énergie possible exprimée dans son visage, visant à entraîner ses hommes (et au-delà la France et les Français ?). Pour reprendre la classification de Félibien, ce n’est plus seulement le portrait d’un homme, mais un moment d’histoire, à la limite de l’allégorie.

4) Esthétique de l’œuvre

En sus des détails vestimentaires décrits plus haut, de la grande maîtrise également de la réalisation de la ceinture et du fourreau, on est frappé par le contraste entre l’uniforme, c’est-à-dire la fonction et le visage de l’homme d’une part, et d’autre part entre le dessin précis du personnage au premier plan et le décor en arrière-plan tout de fumée et de boulets de canon.

5) La place dans le corpus de l’artiste

Antoine-Jean Gros a été appelé à Milan par Joséphine. Elle a réussi à faire poser son mari pour l’artiste, dans une esquisse approuvée par le jeune général et maintenant au Louvre (ici). Le peintre dans ce tableau annonce déjà toute l’énergie du romantisme, qui s’épanouira trente ans plus tard.
Antoine-Jean Gros a expliqué dans une lettre à sa mère : « Je viens de commencer le portrait du général, mais on ne peut pas donner le nom de séance au peu de moments qu’il m’accorde. Il faut que je me résigne à ne peindre que le caractère de sa physionomie, et après cela y donner de mon mieux la tournure d’un portrait ».
Après le retour de Joséphine à Milan le 29 novembre 1796, Gros obtient une dernière séance de pose le 30 novembre. Joséphine réussit à rendre son époux immobile en le gardant sur ses genoux (anecdote rapportée par Justin Tripier-Lefranc en 1880, dans sa monographie sur le baron Gros). L’œuvre est reprise à Paris pour créer la version originale. Celle-ci a été léguée à la France par l’impératrice Eugénie en 1879 et se trouve maintenant à Versailles.

6) Sa place dans l’époque et dans l’histoire

Antoine-Jean_Gros_Bonaparte_on_the_Bridge_at_Arcole_VersaillesNapoleon_Bonaparte_au_Pont_dArcole_Ermitage

À gauche l’original à Versailles, à droite la réplique pour le prince Eugène à l’Ermitage

En commandant cette toile, le dessein de Joséphine était clairement politique. Ce tableau véhicule une image destinée à renforcer le prestige et la renommée de son époux. On l’a oublié mais le premier mari de Joséphine avait été aussi général en chef (de l’armée du Rhin), avant d’être guillotiné par la Convention. Joséphine a donc une revanche à prendre, et on dirait aujourd’hui qu’elle fait la promotion de son second mari.
Le tableau de l’Ermitage est une des deux répliques que Joséphine a demandées à Antoine-Jean Gros quelques mois plus tard (en 1797) pour les transmettre à ses enfants, Hortense, future épouse de Louis Bonaparte, et Eugène, futur vice-roi d’Italie. On remarquera que le drapeau est moins travaillé sur les deux répliques que sur l’original de Versailles.
La version de la reine Hortense se trouve au château d’Arenenberg (Bonaparte au Pont d’Arcole – Gros – Arenenberg ici), qui accueillit l’exil de la reine Hortense de 1817 à 1837, et où le futur Napoléon III a grandi.
La version de l’Ermitage est celle qui appartenait au prince Eugène. Eugène a épousé Augusta de Bavière en 1805, et devient après la chute de l’Empereur, duc de Leuchtenberg. Il meurt à Munich en 1824, ayant utilisé son entregent pour allier ses enfants aux grandes familles européennes. Il est ainsi l’ancêtre des dynasties des actuels rois de Norvège, de Suède, de Danemark, de Belgique, du grand-duc de Luxembourg ou encore de la famille royale de Grèce.

7) La saga de l’œuvre

Maximilien (1817-1852) est le deuxième fils d’Eugène. Il tombe amoureux de Maria Nikolaïevna de Russie (1819-1876), fille du tsar Nicolas Ier de Russie (1796-1855) et l’épouse. Il est l’héritier du tableau de Gros et l’emporte avec lui à Saint-Pétersbourg, où il vit désormais. Président de l’Académie Impériale des Beaux-Arts, botaniste réputé et membre de l’Académie des Sciences, il meurt prématurément en 1852. Le tableau rejoint les collections impériales puis ensuite celle du musée de l’Ermitage.

La nature de toutes ces informations donne au tableau une autre dimension. L’œuvre n’est plus seulement picturale, elle devient historique, politique, épique, fascinante, et même, en risquant un anachronisme évident, nous présente un côté people. Mais c’est le privilège des chefs d’œuvre de nous présenter de multiples facettes. Et c’est notre vocation chez VisiMuZ de vous les dévoiler si vous ne les connaissez pas déjà.

Crédits photographiques
Ermitage : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gros_Antoine-Jean_-_Napoleon_Bonaparte_on_the_Bridge_at_Arcole_%28cropped%29.jpg User : Olpl Licence : CC-PD-Mark
Versailles : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:1801_Antoine-Jean_Gros_-_Bonaparte_on_the_Bridge_at_Arcole.jpg User : Hohum Licence PD-Art (PD-old-100-1923)

Quel regardeur êtes-vous ?

La renommée d’un tableau et d’un artiste

Nous avons l’habitude dans les guides VisiMuZ de vous signaler les tableaux les plus connus par un nombre d’étoiles fonction de leur renommée. Pour cela, nous prenons en compte les ouvrages publiés par le musée, les monographies des artistes, les cartes postales, voire les objets dérivés qui le reproduisent. Nous n’avons pas prétention à nous substituer aux spécialistes qui ont établi ou contribué à la renommée de l’œuvre. En même temps, nos lecteurs peuvent parfois ne pas comprendre pourquoi tel tableau a deux ou trois étoiles alors qu’il les laisse relativement indifférents.

En peinture, le goût de chacun évolue en fonction de son âge, des œuvres qu’il a regardé mais aussi de la connaissance que l’on a de l’artiste, de son contexte, de sa pensée, de l’influence qu’il a eu sur la société de son temps ou du nôtre. Une œuvre peut exister seule mais elle existe aussi par rapport à son environnement. Roy Lichtenstein ou Keith Haring, indépendamment de leur immenses qualités de graphistes, ont eu sur les années 60 à 2000 pour le premier, sur les années 80 à nos jours pour le second une influence gigantesque sur tous les codes sociaux et visuels qui animent notre société, dans la rue, dans la mode ou encore dans les magazines. C’est pourquoi il est parfois plus difficile d’aimer une peinture pour laquelle les rapports avec notre culture quotidienne sont plus lointains. La Renaissance est un peu à part, d’abord parce qu’elle a été tellement révolutionnaire que ses codes ont été repris de temps à autre, mais il est plus compliqué par exemple de faire partager aux ados le plaisir éprouvé devant les œuvres des artistes de la Réforme catholique (XVIIe), du rococo (XVIIIe), des Pré-Raphaélites ou de la peinture d’Histoire du XIXe, tout simplement parce qu’ils n’ont pas encore acquis la culture nécessaire.
Exemple de tableau célèbre qui a pourtant peu de chance d’émouvoir un adolescent.

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Nicolas Poussin – Tancrède et Herminie, 1649, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg

Indépendamment du talent des artistes, les thèmes qu’ils exploitent, par leur volonté propre ou celle de leurs commanditaires entrent également plus ou moins en résonance avec les envies d’une culture ultérieure. Ainsi, la dé-christianisation de la société européenne entraîne aussi une disparition de la connaissance des codes et symboles associés.
Comme dans d’autres domaines, il y a aussi pour les artistes des périodes de grâce et de disgrâce, ou plus simplement des modes. Seuls les impressionnistes et leurs suiveurs échappent pour l’instant aux modes montantes ou descendantes. On se souviendra aussi qu’en 1850, Jan Vermeer ou Georges de La Tour étaient d’illustres inconnus, et qu’en 1980 les tableaux de l’école de Barbizon (Millet, Corot, Rousseau, Daubigny, etc.) étaient, sur le marché de l’Art, trois, cinq, ou dix fois plus chers qu’aujourd’hui. Les modes touchent aussi les conservateurs de musées puisqu’il y a ainsi beaucoup moins de tableaux de l’École de Barbizon exposés à Orsay en 2013 qu’en 1993.

Regarder avec les yeux et le cœur mais aussi avec la tête.

Il est plus facile d’être ému devant un tableau quand on le comprend. La raison s’associe souvent à l’émotion pour amplifier celle-ci. Devant Guernica, on regarde, on ressent, puis on rapproche le tableau du combat personnel de Picasso pour les libertés, du bombardement en 1937 et de la commande par le gouvernement républicain espagnol, de l’accrochage et l’errance du tableau avant son retour au musée Reina Sofia en 1981. La sensation de départ est alors amplifiée, le sentiment de compréhension plus prégnant. Le regardeur entre plus facilement en communion avec l’œuvre. Et en suivant Marcel Duchamp, on pourra dire aussi que « C’est le regardeur qui fait le tableau. »

La découverte d’un tableau, selon nous, s’effectue en plusieurs phases : une émotion visuelle (1), puis une analyse de l’œuvre (2), de sa place dans le corpus de l’artiste (3), de sa place dans l’époque et l’histoire (4). Enfin il existe une dernière dimension qui est celle de la saga, liée à l’œuvre elle-même après sa création (5).
Le processus que nous décrivons ici a des analogies avec celui de la cristallisation, décrit par Stendhal en sept phases dans son De l’amour : « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections »

Ainsi, il n’est pas indifférent au point 3 de savoir que Les Parapluies (Renoir, National Gallery) fait la transition entre deux périodes picturales de la vie de l’artiste, ou encore que son modèle était la petite Suzanne Valadon (voir le Blog de VisiMuZ, ici), ou encore au point 4 que l’Allégorie avec Vénus et Cupidon (Bronzino, National Gallery) avait été commandée par le roi François 1er, ou de savoir à quel moment dans l’histoire intervient le Tres de Mayo (Goya, 1814, musée du Prado). Pour le point 5, ce qui est de l’histoire de l’œuvre, que serait devenue par exemple l’Olympia de Manet s’il n’y avait eu le scandale du Salon ? ou encore la renommée en France de La Laitière serait-elle aussi importante si elle n’avait pas été reprise par une marque de yaourts en 1974 ? Chambourcy, oh oui !
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Johannès Vermeer – La Laitière, ca 1658 – Rijksmuseum Amsterdam

Alors quand l’une ou plusieurs de ces dimensions manquent, le tableau et la sculpture, quelles que soient leurs qualités, restent moins connus. Et si toutes ces dimensions a contrario sont réunies, l’œuvre est le plus souvent célèbre, et est reconnue comme un chef-d’œuvre universel.

L’iconographie : quelques clefs pour mieux comprendre une œuvre ancienne

L’iconographie ou iconologie (les termes sont parfois confondus, mais correspondent à deux niveaux d’analyse) a été au XXe remise en lumière par l’historien d’art Erwin Panofsky. Il a défini dans son ouvrage Studies in Iconology (New York, 1939) trois degrés d’interprétation :
– le premier est préiconographique, il correspond à ce que l’on voit. Exemple : une femme nue avec un couteau dirigé vers son corps.
– le deuxième dit iconographique correspond à l’histoire ou au thème conventionnel : cette femme est Lucrèce qui veut se suicider après avoir été abusée par Sextus Tarquin en 509 avant J.C. L’histoire de Lucrèce a pour suite à Rome l’avènement de la République, comme le raconte Tite-Live (Histoire romaine, livre I, chap. 58). L’histoire de Lucrèce a donc également un volet politique, qui prend tout son relief quand on connaît les méandres politiques à Florence au XVIe. Les Médicis ont été chassés en 1494 pour donner lieu à une république éphémère, puis chassés à nouveau à la suite du sac de Rome en 1527.
– le troisième iconologique correspond à une interprétation servant un ou plusieurs thèmes ou exemples universels, ici la fidélité conjugale et le respect de l’honneur.
Artemisia Gentileschi (1593-1652) a peint plusieurs Lucrèce. Regardons le tableau ci-dessous :

Lucrèce Artemisia Gentileschi
Lucrèce, 1620, Palazzo Cattaneo-Adorno, Gênes

Les éléments vus plus haut s’appliquent évidemment. On ajoutera le fait qu’Artemisia Gentileschi a été violée à l’âge de 17 ans par le peintre Agostino Tassi, et qu’elle eut le courage (nous sommes en 1610) d’affronter son violeur dans le procès qui s’ensuivit, et on voit en quoi les trois degrés de Panofsky sont concernés directement. Sur un plan pictural, il est intéressant de constater que la romaine Artemisia, qui fréquentait, dans le cercle des amis de son père, Le Caravage a été influencé par son langage (lumière crue et chair blafarde au premier plan, contrastes très accentués, arrière-plan dans l’ombre).

Quelques textes pour reconnaître l’iconographie

En fait, comprendre le sujet d’un tableau fait appel à relativement peu de textes, même si ces textes sont à la fois denses et anciens.
Pour les œuvres au thème mythologique, la plupart des sujets proviennent de :
La Théogonie d’Hésiode,
– l’Illiade et l’Odyssée d’Homère,
Les Métamorphoses d’Ovide,
– l’Énéïde de Virgile,
– l’Histoire romaine de Tite-Live.
Pour les œuvres liées à l’Ancien Testament, la Bible est évidemment la source d’informations.
Notons que les épisodes faisant intervenir des personnages féminins, souvent dénudés, ont eu la faveur des artistes, qui n’en sont pas moins hommes, en tout cas dans la mythologie et l’Ancien Testament. Le Jugement de Pâris, Danaë, Diane et Actéon, Les Trois Grâces d’un côté, Adam et Ève, Suzanne et les Vieillards , David et Bethsabée, Loth et ses filles sont quelques thèmes récurrents.
Si l’œuvre est liée au Nouveau Testament ou à l’histoire de l’Église, deux ouvrages, outre les Évangiles et les Actes des Apôtres, peuvent vous aider à identifier les protagonistes et mieux comprendre le tableau :
– La Légende dorée de Jacques de Voragine (article wikipedia ici), décrit l’histoire d’environ 150 saints et martyrs chrétiens, et indique aussi souvent leurs attributs (par exemple le lion de saint Jérôme, les flèches de saint Sébastien, la roue de sainte Catherine)
Iconologia de Cesare Ripa, parue en 1593 (article wikipedia ici) destinée à « servir aux poètes, peintres et sculpteurs, pour représenter les vertus, les vices, les sentiments et les passions humaines »

Enfin nombreux sont les artistes jusqu’en 1850 qui se sont inspirés de quelques livres qui ont traversé les siècles. Parmi ces textes, La Divine Comédie (Dante, ca 1320), La Jérusalem délivrée avec ses héros Renaud et Armide, Tancrède et Herminie (Le Tasse, 1581), ou encore Roland furieux (L’Arioste, 1516-32) avec Roger et Angélique.

Pour finir, rappelons que l’académie avait défini en 1667 avec Félibien, puis enrichi un peu plus tard, une hiérarchie des genres, allant du plus noble au moins noble :
– Peinture allégorique (genre auquel la Peinture religieuse appartient)
– Peinture d’histoire
– Peinture de genre
– Portrait
– Peinture animalière
– Paysage
– Nature morte de gibiers, poissons et autres animaux,
– Nature morte de fruits, de fleurs ou de coquillages

Cette classification s’est appliquée jusque vers 1860. On aura à cœur de regarder un tableau antérieur à cette période avec quelques-uns des codes exprimés dans cet article. Pour les tableaux célèbres, nous essayons dans les guides VisiMuZ de vous raconter les histoires (degré 2 de Panofsky, niveau iconographique) associées au thème choisi par l’artiste, ou les anecdotes liées à l’artiste ou l’histoire de l’œuvre. Nous publierons bientôt le guide des musées du Vatican. Plus encore que dans d’autres musées, la démarche que nous vous proposons ici est nécessaire. La Pinacothèque, le musée Pio-Clementino, les appartements Borgia, les Chambres de Raphaël ou la Chapelle Sixtine ne se laissent pas approcher sans l’aide de l’iconographie.
Enfin, ne nous y trompons pas : même si les codes en sont différents, le plaisir dans l’art contemporain dépend aussi du regardeur.

Crédits Photographiques
1) Poussin, Tancrède et Herminie, Ermitage VisiMuZ
2) Vermeer Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Johannes_Vermeer_-_De_melkmeid.jpg User : Centpacrr: CC-PD-Mark
3) Artemisia Gentileschi Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lucretia_by_Artemisia_Gentileschi.jpg User :Shakko Licence : CC-PD-Mark

Le Futur du livre – Chenôve – 13-14 avril 2013

VisiMuZ : présentation-conférence donnée le 14 avril 2013 dans le cadre du Futur du livre

Vous trouverez ci-après le diaporama de la présentation que nous avons réalisée le 14 avril à Chenôve. Le Futur du Livre a permis de réunir tous les gens qui créent, conçoivent, bougent dans l’univers en perpétuelle transformation du livre. Auteurs, éditeurs, imprimeurs, libraires numériques et papier, consultants, ces deux jours ont donné lieu à un bouillonnement sans précédent en France.
Bien sûr, VisiMuZ était là et a présenté ce nouveau concept qui rend votre visite au musée plus riche et plus réussie.

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Le Van Gogh des musées du Vatican

Lorsqu’on pense Vatican, immédiatement il vient à l’esprit Michel-Ange et Raphaël, Chapelle Sixtine et Chambres de Raphaël. Mais, et c’est aussi une idée forte chez VisiMuZ, il est toujours important de « savoir avant de voir » et en l’occurrence de savoir, qu’une Piétà par Van Gogh se trouve dans le musée d’art religieux, donc dans l’ordre de la visite juste après les appartements Borgia. Ce musée voulu et inauguré par Paul VI n’est pas toujours ouvert et le flot des visiteurs à ce stade est tel qu’on peut passer aussi devant cette Pietà sans la voir (salle XVI).
Il peut être intéressant de s’arrêter quelques secondes sur son histoire.

Delacroix, Nanteuil et les lithographies

À l’origine, il y a d’abord une Pietà, ca 1850, 35 x 27 cm, par Eugène Delacroix, un tableau qui se trouve maintenant au Musée national d’Oslo.

Eugene_Delacroix_Pieta_Musee_Oslo

Il montre Marie et Jésus lors de la descente de Croix. C’est d’abord la solitude de la mère tentant de soutenir son fils mort qui nous frappe par rapport aux autres descentes de Croix souvent remplies de personnages.
Delacroix a peint de nombreux sujets religieux. Mais ce tableau va obtenir une renommée plus grande par la diffusion, très nouvelle à l’époque, de lithographies.
La lithographie a été inventée en 1796. La génération des Romantiques est alors la première à utiliser cette technique qui n’est ni en creux (comme la gravure en taille douce) ni en relief (comme la gravure sur bois) mais « à plat » et utilise la chimie pour que l’encre aille au bon endroit. Lorsque la lithographie est exécutée à partir d’une autre œuvre (une toile par exemple), elle sera inversée puisque la pierre devient la matrice qu’on retourne. C’est ce que l’on peut constater dans cette lithographie de Célestin Nanteuil (1813-1873) exécutée dès 1853 (ici)
La lithographie est bien inversée (effet miroir) par rapport à la toile originelle d’Eugène Delacroix.

Vincent à Saint-Rémy

À la fin de l’été 1889, Vincent van Gogh est interné à l’hôpital à Saint-Rémy de Provence. Confiné dans sa chambre, rarement autorisé à aller dans le jardin (voir par exemple l’histoire du Buisson de lilas✯✯ dans le guide VisiMuZ de l’Ermitage), il utilise parfois des gravures ou lithographies comme modèle. La copie le détend. Il confie à son frère Théo : « Je m’y suis mis par hasard et je trouve que cela apprend et surtout parfois console. Aussi alors mon pinceau va entre mes doigts comme serait un archet sur le violon et absolument pour mon plaisir. »
De cette époque datent par exemple La Bergère✯✯ , La Fileuse✯ (tous deux dans la collection Moshe et Sarah Mayer à Tel-Aviv, un superbe musée dont nous aurons l’occasion de reparler dans VisiMuZ) et Le Faucheur✯ (Memorial Art Gallery de l’université de Rochester, États-Unis) tous les trois d’après Millet, ou encore le Buste d’ange✯ d’après Rembrandt (collection privée).
On sait toujours par les lettres de Vincent à Théo, que des lithographies de la Pietà et du Bon Samaritain de Delacroix étaient dans sa chambre.

Vincent écrit ensuite :
« Ainsi cette fois-ci pendant ma maladie il m’était arrivé un malheur — cette lithographie de Delacroix la Pietà avec d’autres feuilles était tombée dans de l’huile et de la peinture et s’était abîmée. J’en étais triste — alors entretemps je me je me suis occupé à la peindre et tu verras cela un jour, sur une toile de 5 ou 6 j’en ai fait une copie qui je crois est bien sentie. »

L’incident est devenu un sujet, un prétexte à une nouvelle toile. Van Gogh, fils de pasteur, avait lui-même essayé sans succès de devenir pasteur, mais avait échoué à l’examen de théologie. Pourtant, c’est la seule et unique toile dans laquelle Vincent va représenter Jésus, ou plutôt la seule composition puisqu’une réplique en sera réalisée quelques mois plus tard. Il se distingue en cela de son ami Gauguin, souvent attiré par les sujets religieux.

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Cette peinture (42 x 34 cm) est entrée au Vatican via un don du diocèse de New York en 1973. Certains critiques ont fait remarquer que le visage du Christ aux cheveux et à la barbe rousse pouvait être identifié avec celui de l’artiste. Vincent, malade, aurait identifié alors ses souffrances avec celles du Christ.

La réplique du musée d’Amsterdam

L’artiste va exécuter une seconde version en 1890, un peu plus grande (73 X 60.5 cm), pour le docteur Gachet. Cette version est au musée Van Gogh à Amsterdam. Il est intéressant de regarder les différences stylistiques à quelques mois d’intervalle.

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Lettre à Théo d’Auvers sur Oise 3 juin 1890.
« Gachet m’a dit aussi, que si je voulais lui faire un grand plaisir, il désirerait que je refasse pour lui la copie de la Pietà de Delacroix qu’il a regardée très longtemps. Dans la suite probablement il me donnera un coup de main pour les modèles; je sens qu’il nous comprendra tout à fait et qu’il travaillera avec toi et moi sans arrière-pensée, pour l’amour de l’art pour l’art, de toute son intelligence. »
Il reste à ce moment à Vincent quelques semaines à vivre.
Enfin, selon Wikimedia Commons, mais sans qu’aucune précision et référence ne soit indiquée, il existerait une esquisse préparatoire dans la collection Bernhard C. Solomon, Los Angeles (ici)
Les Musées du Vatican, au-delà des œuvres les plus iconiques et célèbres, recèlent pour qui veut les trouver de nombreux trésors. Le guide VisiMuZ correspondant vous les détaillera dès le mois prochain.

Crédits Photographiques
Oslo : Lien : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Eug%C3%A8ne_Delacroix_-_Piet%C3%A0_-_WGA06213.jpg » User : JarektUploadBot Licence : CC-PD-Mark
Vatican : VisiMuZ
Amsterdam : Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Van_Gogh_-_Piet%C3%A0_%28nach_Delacroix%29.jpeg User Mefusbren69 Licence : CC-PD-Mark

Ne confondons pas lecture numérique et connectée.

Un titre bien technique, une réalité très concrète.

Le monde du livre est en pleine révolution, et j’aurai l’occasion d’aborder quelques points le 14 avril au « Futur du Livre » à Dijon-Chenôve. Sans préjuger des choix qui se dégageront dans 10 ans, il me semble important de faire un tour d’horizon des possibilités et des contraintes liées aux outils numériques (sites web, applis, ebooks) actuels en particulier pour le touriste nomade.

De grandes et petites réflexions, de nombreux commentaires.

Je ne parle pas des irréductibles du papier qui nous parlent du grain, du bruit des pages qu’on tourne, de l’odeur du livre, de l’expérience immersive que la lecture d’un livre papier constitue.
Je les comprends parfaitement et les rejoins pour certains types de lecture. Mais on ne lit pas de la même manière un roman policier de Donna Leon, un essai de Umberto Eco, un livre de photos d’Helmut Newton, un guide pratique, un livre de cuisine, un livre scolaire de maths, un dictionnaire, une BD adulte, etc. Et parmi ceux qui ont goûté au livre numérique, bien peu seraient prêts à abandonner cette pratique.
Je ne parle pas de ceux qui confondent ebooks et liseuses, contenus et contenant, œuvre et outil. Il en existe malheureusement encore qui sévissent sur la toile, et accrochent leurs lecteurs avec des titres aussi chocs qu’inconsistants du genre « L’ebook est mort ».
Pour ceux qui souhaiteraient une introduction aux possibilités offertes par les lectures sur liseuses ou sur tablettes, nous renvoyons bien sûr à nos précédents articles sur le blog VisiMuZ (ici).
Pour ceux qui voudraient en savoir plus la lecture on-line et en streaming et le parallèle avec l’industrie du disque, lisez l’article de Walrus-books (ici). J’aime bien ce blog, même si je ne suis pas toujours d’accord avec leurs analyses. Pour un certain type de prospective sur un monde connecté, ils ont écrit un billet (ici) dans lequel on trouve, je cite « Entendons-nous bien: je parle d’un futur à moyen terme, d’ici 10 ou 15 ans …/… On se demandera alors comment les gens pouvaient utiliser des outils non-connectés. »

Coup de g. : l’utilisation permanente d’une connexion ?

Alors connecté ou pas ? Aujourd’hui la question est risible dès qu’on sort de chez soi. Il y en a assez de ces promesses non tenues ! Assez de ces systèmes indisponibles quand nous en avons besoin ! D’où vient le problème ? La réponse est simple : « de la connectivité »
La connectivité est souvent un piège. Chaque fois que l’on a besoin d’un lien avec un serveur, on diminue la robustesse (au sens mécanique) et la fiabilité de l’usage.
Si j’ai besoin d’une information, et que cette information est sur un serveur il me faut :
– mon système client (avec une batterie chargée ou une prise de courant)
– un lien réseau opérationnel (connection)
– une bande passante et un débit suffisants (bandwidth)
– un serveur d’information disponible 24h/24 ce qui n’est pas toujours le cas (sustainability)
Alors :
– si nous sommes vendredi matin en France et que le serveur est sur la côte Ouest des USA nous avons toutes les chances de récupérer un message « serveur indisponible, veuillez ré-essayer dans quelques minutes ».
– si nous avons passé 4 heures dans les transports, nous avons toutes les chances de ne plus avoir de tension dans la batterie et l’accès à un serveur distant est beaucoup plus gourmand en énergie qu’une utilisation locale.
– si nous sommes à la campagne, nous avons toutes les chances d’avoir un message « connexion interrompue » (en 3G) ou l’impossibilité de télécharger un message simple (« débit insuffisant »)
– si nous sommes à l’hôtel, nous avons toutes les chances d’entendre que l’hôtel est désolé, que la connexion wifi existe bien, mais que malheureusement dans cette chambre il peut y avoir quelques problèmes et que nous sommes gentiment invités à nous rendre dans le hall de l’hôtel où un tabouret de bar nous sera gracieusement prêté pour pouvoir commodément consulter nos emails sur nos genoux.
Même à la maison, en pleine journée, avec un adaptateur secteur, une box opérationnelle, il n’est pas rare de rencontrer des problèmes (cela m’est encore arrivé cette semaine sur le site colissimo alors que je voulais juste créer un bordereau d’affranchissement, et cela m’a pris 45mn suite à un site « momentanément » indisponible).
Pour des analyses plus fouillées sur ce sujet, on pourra lire avec intérêt :
– Bill Mc Coy, CEO de l’IDPF ou International Digital Publishing Association, (http://toc.oreilly.com/2012/08/portable-documents-for-the-open-web-part-1.html)
– Ori Idan CEO de Helicon Books (http://www.heliconbooks.com/article/epub3vshtml5)
Alors quid des voyages ? et pire des voyages à l’étranger, avec une clé 3G au coût d’utilisation démesuré, ou dans des bâtiments étanches aux ondes wifi.

L’ebook, un livre numérique et non connecté

La solution dans ce cas consiste à rester numérique mais à n’être connecté que lorsque c’est nécessaire ou possible. Au lieu du tout ou rien, on passe alors du « tout » à « encore beaucoup » en l’absence de connexion. Évidemment, cela ne fonctionne pas pour tout. J’imagine assez mal un « chat » non connecté, ou la réception d’emails non connecté. Mais on peut écouter de la musique en étant non connecté (mp3 versus Deezer). Pour la préparation de ses visites touristiques autant que pendant les visites, la solution pour la lecture s’appelle l’ebook, au format epub de préférence (voir notre article sur la lecture sur tablette pour le débutant 2/2)
Alors, ne confondons pas numérique et connecté.
Numérique, cela signifie entre autres dans le cas d’ebooks au format epub (et même pour un livre non enrichi et skeuomorphiste http://fr.wikipedia.org/wiki/Skeuomorphisme, c’est-à-dire dont la forme reproduit sans nécessité réelle celle du livre papier), une recherche pleine page (ou plein texte) d’un mot ou d’une expression, la possibilité de copier-coller, une adaptation de la taille des caractères à sa vue, un encombrement et un poids minimum, une disponibilité ne dépendant que de soi et pas des autres. Seule la recharge de la batterie reste à assurer. Heureusement les prises électriques sont plus nombreuses que les points d’accès wifi libres.

Connecté c’est certes l’ouverture vers d’autres mondes, mais c’est aussi l’assurance de problèmes récurrents, d’une fiabilité médiocre si l’on est tant soit peu nomade, voire de problèmes de santé potentiels liés à ces ondes que certains disent sournoises.

Jean Baudrillard (1929-2007) avait écrit très justement dans Cool Memories dès 1984:
« Le principe du réseau comporte l’obligation morale absolue de rester branché ».
On peut alors paraphraser l’artiste de Street Art Miss Tic qui affiche dans une publicité « Louer, c’est rester libre » en disant:
« L’ebook, c’est rester libre »

Pour les voyages, pour le nomadisme, pour la liberté, j’ai envie du numérique, je n’ai pas envie de dépendre d’une connexion. C’est toute la différence entre l’envie et le besoin.

J’ai envie d’une connexion, elle peut m’apporter beaucoup, je ne veux pas en avoir besoin. Et cette simple phrase change tout.

Le piège des mises à jour ou la fausse autonomie de certaines applications

L’anecdote qui suit illustre à la fois les dangers de la connectivité nécessaire et comment certains fournisseurs de contenus se moquent de nous : j’avais acheté un guide sous forme d’application pour visiter une ville. Arrivé dans cette ville et à mon hôtel, la société qui m’a vendu le guide m’a proposé une mise à jour, j’ai dit oui et téléchargé la dernière version. Puis je suis parti en ville où bien sûr je n’étais plus connecté. Mon guide avait disparu (ainsi que les autres guides que j’avais achetés) des contenus de l’application, il n’était plus présent sur ma tablette au seul moment où j’en avais besoin. De retour à l’hôtel, en réutilisant l’application tout en étant connecté au wifi, j’ai récupéré mes guides sur ma tablette, mais trop tard.
J’avais acheté cette application dans un but précis. Au moment où j’ai souhaité l’utiliser, cela n’a pas été possible parce que je n’étais pas connecté (et parce que j’avais dit oui pour une mise à jour facultative mais ô combien handicapante pour la suite).
Certains prédisent que la seule solution est au tout connecté. Ils nous vantent la connexion 4G dans le TGV (ont-ils jamais emprunté un TER ?), ou la lecture en ligne, voire en payant à la page (pratique dans l’avion, quand on est à 10 pages de la fin d’un roman policier)

Le format epub sur lequel sont basés les ebooks est basé sur le langage du web (html5). Mais il embarque de plus avec lui tout ce qui est nécessaire pour éviter le besoin de connexion. Les ebooks au format epub redonnent leur liberté aux lecteurs, alors que la lecture sur le web enchaîne à la connexion web.
Enfin, on possède un ebook (sauf dans l’écosystème Kindle Amazon, qui vous concède seulement une licence de lecture et parfois vous interdit de lire les livres qu’on a achetés) et on organise comme on le souhaite sa bibliothèque numérique.

Notre conclusion sera simple. Chaque fois que l’on peut utiliser le numérique sans être connecté, nous gagnons en fiabilité, en robustesse, en liberté, en productivité ! Les ebooks sont pour la lecture aussi performants que les sites web, mais avec la sérénité du numérique déconnecté en prime.

Pour le tourisme culturel, l’ebook est la solution pratique et confortable.

VisiMuZ, un concept qui s’installe dans l’univers des guides pour les musées

VisimuZ, source du magazine l’Express

VisiMuZ, après seulement 3 mois d’existence, s’illustre comme un acteur sérieux et crédible de l’information sur les Beaux-Arts.
Dans l’Express du 21 mars 2013, aux pages culture, on trouve un article qui prend ses sources sur le blog VisiMuZ et le dit. Merci à Amaury Perrachon.

Express_Capture21mars13

Pour lire l’article de l’Express, aller sur :

L’Express : Top 10 des tableaux volés puis retrouvés de façon insolite

Il reprend là notre article de janvier 2013 :

Retour sur les tableaux volés, tableaux retrouvés en 2012

VisiMuZ, un concept qui s’étend

Lors de nos dernières visites aux musées du Vatican ce mois-ci, nous avons pu voir des guides-conférenciers professionnels s’appuyer sur leur tablettes pour mieux expliquer les tableaux. Les guides VisiMuZ vous fournissent ce type d’informations, mais en vous permettant en plus de choisir avant la visite ce que vous avez envie de voir, et en vous aidant dans votre itinéraire dans le bâtiment, afin de rendre votre visite plus réussie.

VisMuZ_un_concept_qui_prend

VisiMuZ et ses lecteurs

Au-delà de la publication de l’Express ou de nos observations dans les musées, nous tenons à remercier tous les lecteurs-utilisateurs des guides VisiMuZ, ainsi que tous les visiteurs du blog VisiMuZ et de la page Facebook VisiMuZ.
Le Blog de VisiMuZ enregistre une progression très régulière de son nombre de visiteurs de 20 % PAR SEMAINE. Merci à vous tous qui appréciez nos publications et nous récompensez du travail de synthèse que nous réalisons au quotidien, pour que vos visites des musées soient plus riches et plus réussies.

Pensez à prendre vos tablettes pour vos prochaines visites dans les musées.