La lecture sur tablette : quelques infos pour le débutant 2/2

Nous avons vu dans un premier article (ici) que la lecture numérique :
1) pouvait se faire sur tablette ou sur liseuse, mais que la tablette emportait les suffrages d’une majorité.
2) que le format à choisir entre 7 à 10 pouces dépendait des envies de chacun.
3) que le format de fichier des livres devait être reformattable (flow) pour profiter des avantages du numérique (choix de police, etc.).
Nous allons aller un peu plus en profondeur aujourd’hui et étudier :
1) les différents éco-systèmes,
2) la structure des livres et les formats techniques (ici),
3) les ebook-readers (ou programmes de lecture) (ici),
4) l’organisation de votre bibliothèque numérique (ici),

1) Les différents éco-systèmes

Nous appelons éco-système l’ensemble formé par un fabricant de matériel ou de système d’exploitation, sa place de marché et son catalogue de livres, et enfin ses propositions pour l’organisation et la sauvegarde de votre bibliothèque (en général sur son site, ce qui est souvent appelé le cloud, mais un cloud dont il est le propriétaire).

En introduction, les DRM (ou Digital Rights Management) sont des algorithmes de cryptage des données qui empêchent de copier et ou transférer dans un autre éco-système. Ils sont analogues dans leur objet à ces dispositifs anti-copie que l’on a vu sur les CD il y a dix ans et dont on a pu mesurer le succès extraordinaire 😉

Aujourd’hui trois éco-systèmes principaux existent :
– Apple, avec sa boutique iBookstore, son format epub (que nous verrons ci-dessous au paragraphe suivant), ses livres avec ou sans DRM selon le choix des éditeurs.
– Androïd, la boutique Google Play, son format epub, ses livres avec ou sans DRM.
– Kindle, la plate-forme Amazon, ses formats propriétaires, ses livres avec ou sans DRM.
D’autres sont moins visibles et connus au travers des liseuses tels que Kobo (Fnac), ou Bookeen Cybook (Virgin, Cultura, Decitre), Nook (Barnes & Noble) tous au format epub.

2) La structure des livres et les formats techniques


En préambule, un livre numérique n’est pas une application. Un e-book ne doit pas être cherché sur l’App Store par exemple mais sur l’iBookstore (ou l’iTunestore sur PC).
Les livres numériques sont dans un format « re-formattable » en fonction de la police de caractères et la notion de page fixe n’existe plus. Des normes ont été élaborées depuis quelques années et en particulier la norme epub, qui a eu différentes versions (aujourd’hui nous en sommes à epub3) et est basée sur le langage html du web.
Rassurez-vous, nous n’irons pas plus avant dans les tréfonds de la technique, mais il est important de comprendre aussi qu’un livre numérique est structuré, comme une page web ou une application (cette dernière est un programme exécutable). Un livre numérique, même le plus simple, a au moins un titre, des chapitres, des paragraphes, une table des matières, donc une structure. Alors un ebook peut être bien structuré ou mal structuré selon les principes de développement adoptés par l’éditeur. L’éditeur de livre numérique doit avoir maintenant des compétences en développement informatique, ce qui n’est pas encore le cas de tous aujourd’hui. On se souvient à ce sujet du prix Goncourt 2011 édité en numérique par un éditeur célèbre qui avait omis les cédilles ou certains accents. Ceci était lié à une numérisation du livre papier, preuve d’un manque de compétence dans le domaine informatique.

Exemple d’un commentaire client lu sur Amazon.
« Deux mots suffiront : mauvais formatage. Dommage car le choix d’œuvres est intéressant. Pour la suite prévoir une édition des « Voyages » serait bien. En veillant au formatage ! »

L’auteur est donc important, mais le rôle de l’éditeur numérique l’est aussi. Le marché à ce stade n’est pas mature, en particulier pour les textes libres de droit.
Dans la suite de l’article, on supposera que l’éditeur a bien fait son travail.
Deux grandes familles de formats techniques sont maintenant adoptés par tous les éditeurs : le format epub (norme epub2 ou epub3) et le format azw (ou kf8, ou prw, ou mobi).

Le format se visualise via les trois ou quatre lettres qui sont à la fin du nom de fichier. On pourra trouver par exemple un livre Fifty_Shades_of_Blue.epub ou La_Chartreuse_De_Parme.azw3.
La famille azw (ou kf8, prw, mobi) est celle utilisée par Amazon, la famille epub par tous les autres tels qu’Apple, Androïd, Kobo, etc.

Les formats Amazon (kf8, azw3, prw, mobi,etc.) sont des formats dits propriétaires. Ils ne respectent pas une norme publiée. Notons de plus chez Amazon deux générations de produits. Jusqu’en 2011, Amazon utilisait le format mobi, renommé prw, un format propriétaire antérieur aux normes du livre numérique, aux jeux de caractères et au graphisme très limité. Ce format est utilisable sur toutes les liseuses Kindle, quelle que soit leur génération. Mais cet ancien format ne supporte pas tous les caractères étendus (tels que les étoiles, les diamants, les flèches, les puces, etc..), ni les traits d’encadrement, de soulignement, les changements de couleur pour des encadrés, une gestion propre des images dans le texte, etc. Il ne convient donc que pour des textes purs (romans, essais).
Le format kf8 ou azw3 gère beaucoup mieux le graphisme ou les images. Il n’est pas utilisable sur les liseuses (encre électronique) mais seulement sur les tablettes (Kindle fire).

Quand Amazon écrit « format Kindle », cela peut signifier ancien format prw, compatible avec toutes les liseuses et tablettes Kindle, mais aussi le nouveau format kf8 et dans ce cas, Amazon ne propose pas que vous l’achetiez pour les anciennes liseuses.

achat_format_kf8_vs_prw_Amazon

Ainsi sur l’exemple de gauche (achat d’un roman) on peut télécharger le livre sur toutes les liseuses et tablettes ou PC enregistrés chez Amazon. Sur l’exemple de droite (achat d’une BD) seul le 2ème Kindle est proposé. Le premier choix, celui d’une liseuse Kindle de 2011 au format prw/mobi, est grisé. Le 2ème Kindle est dans cet exemple un Kindle Fire, au format kf8/azw, c’est pourquoi il est proposé.

3) Les ebook-readers (ou programmes de lecture)

Un ebook sur une tablette a besoin pour être lu d’un programme de lecture ou e-reader. Sur une liseuse, il y a aussi un programme de lecture mais celui-ci est lié « en dur » au matériel. Il ne peut être séparé de la liseuse elle-même.
Sur une tablette (autre que la Kindle Fire sur lequel l’e-reader est imposé par Amazon), vous pouvez choisir l’e-reader qui correspond le mieux à vos habitudes ou à vos goûts, avec une limitation toutefois. Les fonctionnalités supportées par les e-readers ne sont pas identiques, en particulier pour les livres enrichis.
À ce jour, un e-reader surpasse tous les autres au niveau de la conformité à la norme epub. iBooks sur la famille iPad, iPhone (iOS) est conforme à la norme et c’est pourquoi, logiquement les ebooks enrichis sont publiés tout d’abord sur l’iBookstore. iBooks a encore deux défauts, dont les éditeurs espèrent qu’ils seront corrigés assez vite.
1) Les règles de césure appliquées sont celles de l’anglais et non du français ce qui donne des résultats parfois surprenants et en tout cas très désagréables pour un lecteur exigeant.
2) Certains caractères d’imprimerie classiques ne sont pas encore gérés. Ainsi les « fines espaces insécables » ou certains tirets cadratins s’affichent improprement comme des petits carrés.
D’autres e-readers (59 gratuits ou payants ont été trouvés lors d’une recherche récente) sont disponibles pour l’iPad sur l’appstore. Citons par exemple BlueReader, Marvin, ou le défunt Stanza. La plupart ne supporte que partiellement la norme epub2 et pas la norme epub3, et ne sont utilisables que pour des textes simples.
Sur Androïd, les e-readers sont aussi souvent déficients pour les textes enrichis, et pour des ebooks enrichis comme les guides VisiMuZ, aucun e-reader ne donne pleinement satisfaction.

iPad_vs_Android2

Exemple d’affichage d’un guide VisiMuZ sur iPad et Androïd. Les étoiles sont manquantes sur Androïd (à droite).
On peut citer parmi les problèmes rencontrés :
-un agrandissement des images impossible,
-un affichage incorrect des jeux de caractères étendus (caractères danois, espagnols, italiens si on est en français, ou symboles et puces),
-pas de support des cadres, bordures, lettrines, fonds colorés, etc. qui rendent le livre tellement plus agréable à lire,
– et surtout l’impossibilité d’utiliser ce que l’on appelle la navigation non-linéaire.
La navigation non-linéaire est une caractéristique des livres numériques, analogue à la notion de lien dans une page Web. C’est la base pour les livres enrichis et c’est ce qui permet dans les guides VisiMuZ, la navigation dans les salles du musée, ce qui révolutionne la visite par rapport à un guide papier en permettant entre autres de faire son propre itinéraire sans se préoccuper de trouver la page dans le guide.
Je vais citer ici un « coup de gueule » de F. Bon le mois dernier sur le blog de tierslivre.net (ici) dans un article un peu technique mais bien documenté.
« Toutes les marques, Samsung, Microsoft, Kindle, Kobo proposent des tablettes aux normes epub3 : sauf qu’elles refusent, dans leur moteur epub3, la possibilité de cette instruction dite non-linear et qui est pour nous, auteurs, après 15 ans de web, rien que l’élémentaire de l’écriture, un des modes de l’hypertexte. Et c’est grave, parce que – voyez les capacités de la Samsung – la prescription technique des marchands interfère alors en amont avec une norme d’écriture établie uniquement selon les critères marchands dérivés du livre traditionnel.»
D’après les tests assez exhaustifs que nous avons réalisés sur différentes tablettes, seul l’e-reader iBooks sur iPad supporte aujourd’hui proprement la navigation non linéaire (au passage, merci de nous dire si vous en avez trouvé un autre). Sur Androïd, elle est supportée partiellement avec l’e-reader Mantano. Sur PC, on peut utiliser, avec toutefois un confort de lecture moindre, l’extension epubreader sous Mozilla Firefox.

4) L’organisation de votre bibliothèque numérique et sa pérennité.

Chez VisiMuZ, en tant qu’éditeurs mais aussi en tant que lecteurs, nous sommes fondamentalement attachés à la notion de bibliothèque, et à la pérennité de celle-ci.
Un livre n’est pas et ne sera jamais comme un jeu vidéo qu’on utilise et qu’on jette quand la nouvelle version sort, ou qu’on perd quand on change d’ordinateur ou de tablette. Nous sommes aussi convaincus de la complémentarité du livre papier et du livre numérique.
Attention : autant les paragraphes précédents sont seulement factuels, autant nous faisons part ci-dessous de nos convictions et engagements.
Aussi :
– Un propriétaire d’un livre acheté doit pouvoir le stocker dans sa bibliothèque. Cette bibliothèque peut être sur un ordinateur, une clé USB ou dans le cloud, mais ne doit pas dépendre d’un des acteurs vus ci-dessus.
– Pour les livres que j’appelle « jetables », comme certains livres de vacances, l’origine (Amazon ou epub), et la présence ou non de DRM n’a aucune importance.
– Pour les autres, nous ne saurions trop vous conseiller de stocker vos livres au format epub, soit en les achetant dans ce format, soit en les y convertissant (programme Calibre) s’ils sont évidemment sans DRM.
En conséquence, acheter un livre qu’on veut garder, à la fois avec des DRM et sur Amazon serait une erreur, puisque dépendrait du bon vouloir de ce fournisseur au format propriétaire (on sait aussi qu’Amazon peut et a déjà effacé à distance des livres, en l’occurrence ceux de Georges Orwell, sur les Kindle de ses clients).
Dans le même ordre d’esprit, la bibliothèque de Google Play ne permet pas d’importer des livres issus d’un autre éco-système, par exemple des livres achetés sur l’iBookStore, ou créés artisanalement dans le cercle familial ou amical, ou des ebooks créés à partir de Wikipedia (nous parlerons de cette possibilité une autre fois). Google Play n’est donc pas une vraie bibliothèque et nous vous recommandons d’utiliser un autre système pour ranger vos livres numériques (au format epub évidemment).
Et comme vous l’avez évidemment compris, les guides VisiMuZ sont au format epub, et sans DRM. Ils sont pour l’instant disponibles uniquement sur l’iBookstore, mais transférables et lisibles sur les tablettes Androïd (avec certaines limitations des fonctionnalités fonction des e-readers) et sur Kindle Fire (mais sans la navigation interactive).
Nous espérons que ce tour d’horizon va vous permettre de mieux connaître les possibilités pour vos achats, vos lectures, et vous donner quelques idées pour l’organisation de votre bibliothèque numérique.

Pour VisiMuZ, François Blondel

WE à Londres : Visitez la National Gallery avec un guide VisiMuZ dès le 11 mars

Pour que vous soyez acteur de votre visite et rendre celle-ci plus riche et plus réussie,
Pour visiter à votre guise en fonction du temps que vous avez et selon l’itinéraire que vous souhaitez,
Pour éviter de sortir du musée en étant frustré de ne pas avoir vu ce que vous auriez aimé voir,
Emportez votre guide VisiMuZ de la National Gallery sur votre tablette.

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Le guide VisiMuZ de La National Gallery contient plus de 150 reproductions de tableaux, que vous pouvez agrandir en pleine page. Près de 1000 œuvres ont été référencées, dont 13 ☆☆☆ et 49 ☆☆.

Le guide de la National Gallery, est le troisième guide VisiMuZ, après ceux du Metropolitan de New-York et de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.
Les guides VisiMuZ sont dédiés aux peintures des collections permanentes des Grands Musées du monde. Ils répertorient les œuvres de plus de 500 parmi les peintres ou sculpteurs les plus importants pour l’histoire de l’art. Le guide a ensuite été conçu pour permettre de les localiser le plus facilement possible dans les bâtiments.
Les guides VisiMuZ sont innovants, complets, simples, pratiques. Ils profitent pleinement des avantages du support numérique (navigation intuitive, recherche textuelle, police adaptée à la vue du lecteur, annotations, etc.).

NationalGallery_Astuces_VisiMuZ

Vous pouvez préparer tranquillement votre visite chez vous, à l’hôtel, dans le train ou dans l’avion. Aucune connexion n’est requise après le téléchargement initial (à l’exception près de la  biographie wikipedia)

National Gallery -  Astuces plans et étoiles VisiMuZ

Vous pouvez vous déplacer de manière interactive dans le musée à partir du plan, retrouver directement et simplement les tableaux les plus célèbres. Au lieu de subir un itinéraire, vous organisez votre propre visite en étant sûr de retrouver les œuvres des artistes que vous aimez. Pour chacune des œuvres majeures, un petit commentaire vous plonge dans l’histoire du tableau ou de son auteur. Les enfants sont également demandeurs, car le guide transforme leur visite du musée en « chasse au trésor ».
Les guides VisiMuZ vous donnent une vision d’ensemble du musée que vous êtes en train de visiter.
Ce sont aussi des guides nomades. Ils sont rapides à télécharger, sont économes en place (6 Mo environ), ne nécessitent aucune connexion, ce qui est indispensable à l’étranger.
Les guides VisiMuZ sont pérennes. Ce sont d’abord des livres. Ils sont transférables sur différentes tablettes.
VisiMuZ Éditions est un éditeur issu du monde numérique, spécialisé dans le monde de l’Art.
À ce jour trois guides VisiMuZ ont été publiés :
– États-Unis – Metropolitan Museum of Art – New York
– Russie – Musée de l’Ermitage – Saint-Pétersbourg
– Grande-Bretagne – National Gallery – Londres
Les prochaines parutions sont les suivantes :
– Vatican – Pinacothèque, Chapelle Sixtine et autres – Rome
– Autriche – Kunsthistorisches Museum – Wien

Toutes les fonctionnalités des guides VisiMuZ sont actives sur les iPads, iPods, iPhones. Une version Androïd est en préparation (utilisable avec le programme de lecture Mantano).

8 mars – Journée internationale des femmes – Hommage à Suzanne Valadon

Ce 8 mars, les musées ont rendu en général hommage aux femmes en publiant des portraits de femmes par des hommes, ou en glorifiant la maternité, transformant peu ou prou la journée des Droits des femmes en une fête des Mères-bis. Ce n’est pas de cela que nous allons parler aujourd’hui, mais d’une femme libre. Marie-Clémentine Valadon  est arrivée à Paris peu avant la Commune. Elle sera  peintre et mère du peintre Maurice Utrillo, et les amants de cette fille de blanchisseuse s’appelaient Henri de Toulouse-Lautrec ou Erik Satie.
Nous n’allons pas refaire la bio de Suzanne Valadon. Celle de Wikipedia existe, et sa biographie complète par Jeanne Champion, dans laquelle nous avons puisé quelques anecdotes,  est constamment rééditée depuis 1984,  Mais arrêtons-nous sur quelques aspects !
1) Son physique
En classe, elle gribouille souvent des visages et en particulier le sien. Elle a de beaux traits, des yeux bleus, une grande bouche, le menton volontaire, un caractère fort et la gouaille d’une enfant des rues de Montmartre. Elle est remarquée par tous ceux qui la côtoient, camarades de classe d’abord, puis ouvriers de la Butte. Elle est petite (1,54 m), et on lui reproche alors facilement une arrogance qui n’est qu’une affirmation de sa liberté.

2) Maria, la modèle
En 1880, à quinze ans, elle devient brièvement acrobate, au cirque Fernando. C’est là qu’en 1879, Degas a peint Miss Lala au cirque Fernando (National Gallery- Londres). Mais Marie-Clémentine est trop pressée et une mauvaise chute interrompt sa carrière à peine commencée. Elle continue à dessiner et décide de devenir modèle, sous le prénom de Maria, pour subsister. C’est elle qui pose, entortillée dans un drap de lit pour Le Bois sacré cher aux Arts et aux Muses de Puvis de Chavannes,  et qui nous domine quand on monte l’escalier du musée des Beaux-Arts de Lyon.
Elle rencontre bientôt Renoir pour lequel elle pose souvent par exemple dans Danse à la ville ou les Parapluies.

Valadon_Pierre-Auguste_Renoir_Danse_Ville_OrsayValadon_Pierre-Auguste_Renoir_Parapluies_National_Gallery_Londres

Danse à la ville, 1882-83 – Orsay                               Les Parapluies, 1883 – National Gallery

Quand elle fait la connaissance de Toulouse-Lautrec, il lui donne le prénom de Suzanne, à cause des deux vieillards libidineux que sont pour lui Renoir et Puvis qui n’aiment rien tant que la faire poser nue. Toulouse remarque les gribouillis de Maria et, convaincu de son talent, la présente à Degas.

3) La femme-peintre et cougar
1891. Degas est devenu son maître, et pour elle comme pour lui, c’est d’abord la sûreté de son dessin qu’on admire. Toute sa vie, elle peindra des nus (comme le très beau Nu à couverture rayée de 1922 au musée d’Art moderne de la ville de Paris) ou le petit dessin ci-dessous (29 x 20 cm). Il a été exécuté en 1895 et donné plus tard à Berthe Weill, la découvreuse de Picasso en 1900, qui a exposé Suzanne dès les années 1900. Ce dessin a été vendu chez Sotheby’s Londres en 2007.
En 1894, elle est la première femme peintre à être admise à la Société Nationale des Beaux-Arts.

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Sans titre, 1895, dédicacé « à Berthe Weill, à son esprit, avec toute mon amitié » – collection privée

Elle vendait beaucoup moins que son fils Maurice Utrillo. Les clients préféraient les rues de Montmartre de celui-ci aux nus de sa mère au dessin plus construit. Comme Balthus (1908-2001) le fera plus tard, elle a beaucoup dessiné ou peint des portraits de jeunes enfants ou adolescents, mais aussi des natures mortes, ou des paysages. Sa nièce Gilberte, assise ci-dessous, a été son modèle pour des portraits moins sages que celui-ci. Notez aussi l’hommage de l’artiste à son maître Degas avec le tableau accroché au mur.

Musée_Beaux-Arts_Lyon_Valadon_MarieCoca Portrait de Marie-Coca et de sa fille Gilberte, 1913 – Musée des Beaux-Arts de Lyon

Suzanne abandonne pour un temps la vie de bohème le temps de son mariage avec le banquier Paul Moussis de 1896 à 1909. Mais le naturel reste le plus fort , et elle le quitte pour un ami de Maurice, André Utter, de 21 ans plus jeune qu’elle et « beau comme un dieu ». C’est lui qui pose dans le Lancement du filet ci–dessous.

Suzanne_Valadon-Le_Lancement_du_filet-Musée_des_beaux-arts_de_Nancy

Le Lancement du filet, 1914, 201 x 301 cm – Musée des Beaux-Arts de Nancy (dépôt du centre Pompidou depuis 1998)

4) La châtelaine profiteuse
André Utter a compris que Maurice Utrillo, son ex-compagnon de bringue et beau-fils, pouvait être leur manne à tous. Maurice est alcoolique et est, après plusieurs cures, sous surveillance permanente. En clair, il est enfermé et condamné à peindre . Ses peintures ont un succès toujours grandissant et il assure le train de vie du trio. André Utter a acheté en 1923 le château de Saint-Bernard dans l’Ain et rien n’est trop beau pour la mère et son mari. Une anecdote en particulier est bien connue. Suzanne va prendre un taxi pour aller de Paris à Saint-Bernard (400 km). Inquiet de leurs dépenses, la galerie Bernheim Jeune achète une maison au nom de Maurice, avenue Junot à Paris, pour cette curieuse famille. Dans le même temps, c’est la reconnaissance officielle pour Suzanne. Dans les années 30, l’Etat lui achète plusieurs œuvres importantes et elle est donc célébrée dans les musées nationaux de son vivant. Elle mourra en 1938 à 73 ans d’une congestion cérébrale.
« Je me suis trouvée, je me suis faite, et j’ai dit, je crois , tout ce que j’avais à dire. » avait-elle déclaré dans son âge mûr.  Pour évoquer Suzanne Valadon, Elisabeth Couturier dans Historia (n° 751 de 2009) a titré La Garçonne avant l’heure qui résume assez bien la vie de Marie-Clémentine Valadon.
Les tableaux de Suzanne Valadon sont visibles en France au centre Pompidou, au musée Utrillo de Sannois (95), mais aussi à Lyon, Nantes, Nancy, Montpellier, Limoges ou encore au musée d’art moderne de la ville de Paris. À l’étranger, le Met (Nu allongé), le musée de San Diego, le SMK de Copenhague (Fleurs de printemps), le musée de Gand, celui de Buenos-Aires, le musée du Petit Palais (fermé et dont la date de réouverture est inconnue) à Genève, par exemple, lui ont offert leurs cimaises.

Crédits photographiques :
1) Danse à la ville Lien http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pierre-Auguste_Renoir_019.jpg
User (Eloquence) licence PD-Art (Yorck Project)
2) Les Parapluies Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pierre-Auguste_Renoir_122.jpg
User (Eloquence) licence PD-Art (Yorck Project)
3) Sans titre, 1895 Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Suzanne_Valladon_,_Nu,_1895.jpg
User : Alinea licence : CC-PD-Mark
4) VisiMuZ
5) Le Lancement du filet Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Suzanne_Valadon-Le_Lancement_du_filet-Mus%C3%A9e_des_beaux-arts_de_Nancy.jpg User : Ji-Elle licence CC-BY-SA-3.0

Deux chaises et une oreille : Gauguin et Van Gogh

La littérature a eu, quelques années avant, son drame. En 1873, Verlaine a tiré sur Rimbaud. Mais la peinture ne va pas longtemps être en reste. Le 23 octobre 1888, Paul Gauguin rejoint Vincent Van Gogh pour fonder un « atelier du midi » qui reprendrait le concept de l’école de Pont-Aven, mais sous le soleil du sud.  La vie quotidienne s’organise, les deux hommes se partagent les tâches ménagères mais les relations se dégradent vite.
De leur éphémère collaboration, subsistent deux grands tableaux : Les Arlésiennes (Mistral), à l’Art Institute de Chicago, pour Paul Gauguin, et La Salle de danse à Arles à Orsay pour Vincent Van Gogh.

En novembre 1888, il pleut sur Arles et Vincent, bloqué à la maison, loin des paysages qu’il aime tant, va écouter les conseils de Paul pour des sujets plus « symbolistes ». Il peint deux chaises, la sienne et celle de Gauguin.  En effet, Vincent avait l’ambition d’accueillir d’autres amis artistes dans sa maison-atelier, et avait acheté plusieurs chaises, chacune devant refléter un peu de la personnalité de leur propriétaire. Cette idée était née à la mort de Charles Dickens en 1870, la revue « Graphic » ayant fait paraître la gravure d’une chaise vide (ici) pour peindre l’absence de l’écrivain. Les objets posés sur la chaise sont là pour évoquer un peu de la personnalité de leur propriétaire.
Vers le 19 novembre, Vincent écrit à son frère Théo :
« Si à quarante ans, je fais  un tableau de figures tel que les fleurs dont parlait Gauguin, j’aurai une position d’artiste à côté de n’importe qui. Donc persévérance. En attendant je peux toujours te dire que les deux dernières études sont assez drôles. Toiles de 30, une chaise en bois et en paille toute jaune sur des carreaux rouges contre un mur (le jour). Ensuite le fauteuil de Gauguin rouge et vert, effet de nuit, mur et plancher rouge et vert aussi, sur le siège, deux romans et une chandelle. Sur toile à voile à la pâte grasse.»

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La Chaise de Vincent 1888 – National Gallery Londres, et La Chaise de Gauguin – Van Gogh Museum, Amsterdam

Vincent est le jour, Paul est la nuit. Pourquoi pas ?

Mais les relations se tendent  jusqu’à ce jour du 23 décembre où Vincent, le « Hollandais fou » menace Paul avec un rasoir avant de se trancher un morceau du lobe de l’oreille gauche. Il existe d’autres versions de l’histoire, comme celle d’un coup de rapière porté par Gauguin. On trouvera des commentaires sur un article du Figaro de 2009 (ici), à la suite de la parution d’une étude allemande.

Les deux hommes ne se reverront pas. Vincent un peu plus tard réalise des autoportraits le montrant avec l’oreille bandée (qui est donc à droite dans ses autoportraits au miroir).

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L’Homme à l’oreille bandée, 1889. Institut Courtauld , Londres

Il existe deux portraits de cet Homme à l’oreille bandée. Le premier est à l’Institut Courtauld à Londres. Si, passant par Londres avec votre guide VisiMuZ de la National Gallery (parution le 11 mars prochain), vous admirez La Chaise à la National Gallery, un détour s’impose pour aller jusqu’à l’Institut Courtauld (à 500 m à pied) pour voir la suite de l’histoire.

Le second (pour combien de temps encore ?) est dans une collection particulière à Chicago.
S’il est présenté dans une maison de ventes, nul doute que le montant d’adjudication sera pharaonique.

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Vincent a retrouvé Paul dans la salle de l’Institut Courtauld où leurs tableaux sont proches (photo ci-dessous). Permettez-nous à ce sujet à la fois une digression, un coup de cœur et un coup de gueule !

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La photo ci-dessus montre tout l’intérêt qu’il y a à (re-)découvrir les collections permanentes. Vous avez tout le temps, tout l’espace pour profiter des œuvres. On est loin de la foule agglutinée dans les expositions temporaires montées en épingle. Chez VisiMuZ, nous avons envie de vous emmener voir ces trésors accessibles, mais peu médiatisés, que sont les collections permanentes.

Crédits Photos :
1) La Chaise de Vincent
Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vincent_Willem_van_Gogh_138.jpg
User : Slick-o-bot licence : CC-PD-Mark
2) La Chaise de Gauguin
Lien http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vincent_van_Gogh_-_De_stoel_van_Gauguin_-_Google_Art_Project.jpg – User DcoetzeeBot – Licence : CC-PD-Art
3) VisiMuZ
4) L’Homme à l’oreille bandée
Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Self-Portrait_with_Bandaged_Ear_and_Pipe20.jpg
User : Nolan Licence : CC-PD-Mark
5) VisiMuZ

Théodore Chassériau et son Esther

Esther, se pare pour être présentée au roi Assuérus ou La Toilette d’Esther est notre tableau du jour. Quand Chassériau l’a réalisé, il n’avait que 22 ans.  Il s’était fait connaître deux ans auparavant avec deux tableaux de nu, aux prétextes mythologiques (Vénus anadyomène)  et bibliques (Suzanne au bain).

Théodore Chassériau (1819-1856)  est un peintre trop peu connu du grand public. Plusieurs raisons à cela : tout d’abord, il est mort jeune (à 37 ans). De plus, si son talent était évident, son style a balancé entre celui d’Ingres (1780-1867), dont il a été l’élève, et celui de Delacroix (1798-1863). Chassériau ne peut donc être rattaché directement à un courant (néo-classicisme, académisme, orientalisme, romantisme, réalisme, etc.) et cette difficulté à le catégoriser ou le classer l’a laissé un peu dans l’ombre.
En 1841, l’orientalisme est à la mode. L’Algérie a été prise en 1830, Delacroix y est allé dès 1832 et Chassériau ira en 1846.

La Toilette d'Esther
Esther, se pare pour être présentée au roi Assuérus ou La Toilette d’Esther, 1841
Musée du Louvre, aile Sully, salle 63

Acte I : entre 600 et 460 avant J.C.
Le thème d’Esther est tiré du livre éponyme dans la Bible.
Dans la troisième année du règne d’Assuérus, celui-ci a démis de son titre son épouse la reine Vashti. Sept jeunes Vierges doivent lui être présentées, dans sa capitale de Suse, et il choisira sa nouvelle épouse parmi elles. Mardochée, juif de la tribu de Benjamin, en exil après la destruction du temple de Salomon, a recueilli sa cousine orpheline Esther et l’envoie au palais. Le cérémonial prévoyait un an de préparation, avant la présentation au roi. Esther sera choisie comme reine. Pendant cette période, Mardochée surprend un complot contre Assuérus, et il fait prévenir le roi par Esther.
Neuf ans plus tard, le vizir Haman décide d’exécuter tous les Juifs de la diaspora installés dans l’empire perse. Assuérus apprend alors que Mardochée l’a sauvé neuf ans plus tôt. Dans le même temps, Esther révèle à son époux son appartenance au peuple juif et lui apprend aussi que le décret d’Haman n’est pas politique mais lié à des ressentiments personnels. Le décret est supprimé, Haman est pendu, et Mardochée devient vizir. Le peuple juif sauvé instaure alors la fête commémorative de Pourim. Si cet épisode a des fondements historiques, l’histoire se serait déroulée entre 600 et 460 avant J.C. La fête de Pourim est célébrée en 2013 les 23 et 24 février, et parmi les lecteurs du livre d’Esther ce week-end, certains pourront aussi penser à la beauté créée par Chassériau.

Acte II : Madame de Maintenon, Racine, et le jansénisme.
Esther, pièce jouée pour la première fois en 1689, est l’avant-dernière pièce de Jean Racine (1639-1699). Elle reprend le thème de la Bible, en respectant les préceptes classiques (unité de temps, de lieu, d’action). Ainsi le premier épisode est traité en flash-back et Esther raconte à une amie comment elle est devenue reine et comment Mardochée a déjoué le complot contre Assuérus. Racine, comme Louis XIV et son épouse morganatique Françoise de Maintenon se sont rapprochés du jansénisme. Racine, en bon courtisan, reprend un thème biblique, sa commande précisant qu’il doit écrire sur « quelque sujet de piété et de morale ». Il traite du concept de la « Providence » (théorisé quelques années auparavant par Bossuet, évêque de Meaux), mais aussi de la tolérance envers les autres religions. Il critique ainsi discrètement la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV, intervenue quatre ans auparavant le 22 octobre 1685, qui interdisait le protestantisme en France, et causera l’exil des huguenots.

Acte III : La Toilette d’Esther, 1841
Chassériau profite d’un thème sérieux, voire austère, pour nous donner une image pleine de vie et de beauté. Son ami Théophile Gautier parlait à son sujet de « grâce étrange ». À cette date, Chassériau a rompu avec son maître Ingres, et si son dessin reste très pur, on retient surtout la lumière qui se pose sur l’héroïne, la couleur exceptionnelle et l’atmosphère orientale pleine de sensualité, qui en font un chef-d’œuvre. Le tableau de Chassériau à l’érotisme puissant sera sévèrement jugé par la critique de l’époque, comme les tableaux de Courbet et Manet le seront quelques années plus tard,. Sans doute était-il trop en avance sur son temps !

Peintres du nord dans les grands musées internationaux

Au XIXe siècle, le monde de l’art n’a eu d’yeux que pour la France. Depuis Ingres, Delacroix, Courbet, Corot, Millet jusqu’à la déferlante des mouvements en « -istes » (impressionnistes, pointillistes, postimpressionnistes, symbolistes, etc.) ou non (nabis, Pont-Aven, etc.). Suivant le dicton, il « n’était bon bec que de Paris ». Même les étrangers accouraient à Paris et devenaient des peintres presque français : James Abbott Whistler, Mary Cassatt, Vincent Van Gogh au 19e, puis Pablo Picasso ou Juan Gris par exemple, quelques années plus tard. Pendant ce temps, plusieurs écoles originales naissaient aux États-Unis ou en Grande-Bretagne et trouvaient également un public international.

Dans l’ombre et une relative indifférence, des talents individuels émergeaient dans les pays du Nord.

Au Danemark, Christoffer Willem Eckersberg (1783-1853), Christen Købke (1810-1848), Michaël Ancher (1849-1927) et l’école de Skagen puis Vilhelm Hammershøi (1864-1916), en Norvège J.C. Dahl (1788-1857) puis Edward Munch (1863-1944), en Suède Anders Zorn (1860-1920), et, dans ce territoire sous protectorat qui deviendra la Finlande en 1917, Akseli Gallen-Kallela (1864-1931). Leurs œuvres ont été occultées par l’éclat de la scène parisienne et on découvre seulement depuis peu leur importance.

Alors qu’il y a vingt ans, on ne pouvait les admirer régulièrement que dans les pays du Nord, les plus grands musées les ont maintenant achetés ou sortis des réserves et les exposent. Parfois cela s’effectue de manière un peu confidentielle (ils sont perdus au niveau 2 du musée d’Orsay dans un accrochage très mélangé, et au Louvre, il faut chercher la salle D – aile Richelieu de la peinture scandinave, fermée le jeudi et le vendredi soir), ou en pleine lumière aux côtés des noms les plus célèbres comme à la National Gallery de Londres.

Christoffer Willem Eckersberg (1783-1853) a « explosé » depuis sa grande rétrospective à la NGA de Washington en 2004.

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Vue à travers trois des arches du troisième étage du Colisée à Rome , 1815-16
Statens Museum, Copenhague

En regardant Eckersberg , on pense immédiatement à David (dont il a été l’élève) ou Ingres mais aussi au Corot des jeunes années romaines. Le Louvre expose trois tableaux d’Eckersberg acquis en 1919, mais aussi 1980 et 1987, la National Gallery de Londres une Vue du Forum entrée en 1992, la National Gallery de Washington, une Vue du Cloaca Maxima à Rome, l’Art Institute de Chicago un Cloître de Saint-Laurent hors les murs.

Christen Købke (1810-1848) n’a eu droit à sa première grande exposition internationale qu’en 2010 (à la National Gallery de Londres) . Je suis prêt à prendre le pari que l’on reparlera souvent de son œuvre dans les années à venir.

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La porte du nord à la citadelle de Copenhague, 1834 – Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague

Vilhelm Hammershøi (1864-1916) a créé une œuvre sensible, souvent en grisaille, très intériorisée et très intéressante. Il est souvent surnommé « le Vermeer moderne du nord ». Sa première grande exposition internationale a eu lieu en 2008, à Londres (Royal Academy of Arts).

Une autre grande exposition s’est tenue en 2012, d’abord à Copenhague puis à la Kunsthalle de Hambourg.

201302Wilhelm_Hammershøi_-_Rest_-_Google_Art_ProjectRepos, 1905 – Musée d’Orsay

J.C. Dahl est un peintre norvégien, mail il a été rattaché à l’école danoise. Protégé par le roi du Danemark, ami de C.W. Eckersberg et de Caspar David Friedrich, il n’a pas encore eu droit aux honneurs d’une grande exposition internationale. Il est exposé à Londres, mais aussi au Met de New York.

oeuvre_6031 Les Chutes du bas au Lobrofoss, 1827 – National Gallery Londres

Edward Munch (1863-1944), presqu’inconnu il y a cinquante ans, qui est maintenant le peintre le plus cher du monde en vente publique depuis l’adjudication de 2012 à 120 millions de dollars pour une version du Cri.

Anders Zorn (1860-1920) est un peintre suédois, de son temps connu d’abord comme portraitiste mondain, des deux côtés de l’Atlantique, à l’instar d’un John Singer-Sargent, par exemple.
Mais on regarde maintenant ses scènes de la vie quotidienne, ses paysages et ses portraits naturistes. Il a eu l’honneur d’une grande exposition pour l’inauguration de la nouvelle aile Renzo Piano au Isabella Stewart Gardner Museum de Boston en 2012 et de nouveau du 28 février au 13 mai 2013 :
https://www.gardnermuseum.org/collection/exhibitions
Exposé aussi au Met ou à Orsay, Zorn est le peintre suédois le plus cher en vente publique avec une adjudication à 3,076 Millions d’euros en 2010 pour Sommervergnügen.

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Sommervergnügen – Summer Fun, aquarelle sur papier, 1886.

Akseli Gallen-Kallela (1864-1931) est un peintre finlandais audacieux et éclectique.

201302_Akseli_Gallen-Kallela_-_Lake_Keitele,_1905 Le Lac Keitele, 1905 – National Gallery Londres

Ses paysages contrastés contribuent à sa gloire montante, mais d’autres pièces plus confidentielles mettent en valeur une personnalité forte, aux œuvres parfois dérangeantes.
On pourra suivre le lien suivant pour voir Démasquée, exposée à l’Ateneum d’Helsinki.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Akseli_Gallen-Kallela_-_Démasquée.jpg

Alors que, par exemple, les peintres de l’école de Barbizon, adulés il y a trente ans, subissent maintenant une relative éclipse, ces peintres du nord sont en accord avec le goût de notre époque.
Faites nous part de vos découvertes et de vos impressions sur ces peintres majeurs du Danemark, de Norvège, de Suède et de Finlande dans les musées que vous visitez !

Crédits Photographiques

1) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:C.W._Eckersberg_-_A_View_through_Three_Arches_of_the_Third_Storey_of_the_Colosseum_-_Google_Art_Project.jpg User : DcoetzeeBot   licence : CC-PD-Mark
2) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Christen_K%C3%B8bke_-_The_North_Gate_of_the_Citadel_-_Google_Art_Project.jpg User : DcoetzeeBot licence : CC-PD-Mark
3) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Wilhelm_Hammersh%C3%B8i_-_Rest_-_Google_Art_Project.jpg User : DcoetzeeBot licence : PD –Art
4) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Johan_Christian_Dahl_-_The_Lower_Falls_of_the_Labrofoss.jpg User : Boo-Boo Baroo licence : CC-PD-Mark
5) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sommarn%C3%B6je_%281886%29,_akvarell_av_Anders_Zorn.jpg User : IdLoveOne licence : PD-Art
6) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Akseli_Gallen-Kallela_-_Lake_Keitele,_1905.JPG User : Boo-Boo Baroo  licence : CC-PD-Mark

Monet en 1867 à Sainte-Adresse

De Claude Monet (1840-1926), on connaît l’attirance pour les séries, celles des meules, des cathédrales, ou des nymphéas. Mais celles-ci sont surtout le fait d’un Monet mûr, effectuant des recherches sur la lumière. On sait qu’il finira sa vie en patriarche de 86 ans, ami de Georges Clémenceau, et notable de la République. On connaît aussi son lien particulier avec la Manche, la ville du Havre (Impression, soleil levant est d’abord une vue du port du Havre) et ses environs.

Monet_Pointe_de_la_HèveLa Pointe de la Hève à marée basse, 1864. ★ National Gallery Londres

Une autre version peinte en 1865 est au Kimbell Art Museum de Fort Worth, Texas.
Mais regardons d’un peu plus près la vie de Monet en 1867. Il a grandi au Havre, et s’il habitait alors Paris, la ligne de chemin de fer, ouverte depuis 1847, lui permettait de retourner facilement dans cette ville qu’il aimait. Il retrouvait l’ambiance maritime et bucolique de la maison de sa tante et de ses cousins Lecadre.
Il y vivait une vie bourgeoise dans ce qui était une villégiature à la mode. Osera-t-on dire que la vie en été à Sainte-Adresse était dionysiaque, du nom de ce dieu grec que l’on associe souvent aux fêtes et au vin ? En tout cas, les habitants de Sainte-Adresse s’appellent des dionysiens.

Claude_Monet-Sainte-Adresse-Montpellier

On sait qu’autour de 1866, Monet a peint cette maison (★ musée Fabre Montpellier) à Sainte-Adresse. Il est heureux en cette année 1867. Camille, qui ne deviendra sa femme qu’en 1870, lui donne un fils (Jean) le 8 août. Et ce bonheur familial transparaît dans ses tableaux. Ceux de l’année 1867 sont très connus et reçoivent souvent deux ou trois étoiles dans les guides VisiMuZ des musées qui les possèdent. La joie de vivre de l’artiste transparaît dans ses tableaux et ravit les spectateurs-admirateurs que nous sommes.

Claude_Monet_022

La Femme au jardin (★★ musée de l’Ermitage Saint-Pétersbourg) est Jeanne-Marguerite Lecadre. Ce tableau formait originellement une paire avec Adolphe Monet lisant dans un jardin aujourd’hui dans une collection particulière.

DSC01348La Terrasse à Sainte-Adresse – ★★ Metropolitan Museum of New York

Sur la terrasse, les personnages sont le père de Monet et les cousins Lecadre. On remarquera que Jeanne porte la même tenue que dans la toile précédente.

DSC01349Les Régates à Sainte-Adresse – ★★ Metropolitan Museum of New York

La première régate en France a eu lieu au Havre en 1838. On aperçoit dans cette toile les bourgeois bien mis qui admirent les voiliers de plaisance. De 1853 à 1860, la Société des Régates du Havre a eu pour président d’honneur Jérôme Bonaparte (1784-1860), ex-roi de Westphalie et oncle de l’empereur, et en 1867 son fils le prince Napoléon en assurait la présidence d’honneur. Mais Monet aime les contrastes et peint aussi les pêcheurs au travail.

Claude_Monet_-_The_Beach_at_Sainte-Adresse_-_Google_Art_ProjectLa Plage à Sainte-Adresse – ★★ Art Institute of Chicago

ou les cabanes qui sont encore dévolues au monde de la pêche et seront remplacées au XXe par celles de la ville du Havre et de la Société des Régates

MAH_Monet_CabaneSteAdresseLa Cabane de Sainte-Adresse – ★ Musée d’Art et d’Histoire de Genève

Monet va avoir vingt-sept ans, il a une femme et un bébé, du talent et des relations. Le monde lui appartient.

Crédits Photos
1 Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Monet_Pointe_de_la_H%C3%A8ve.jpg User : Paola Severi Michelangeli licence : CC-PD-Mark
2 Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Monet-Sainte-Adresse-Montpellier.jpg User : Tancrède licence : CC-PD-Mark
3 Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Claude_Monet_022.jpg User : Olpl licence : CC-PD-Mark
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6 Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Claude_Monet_-_The_Beach_at_Sainte-Adresse_-_Google_Art_Project.jpg User : DcoetzeeBot licence : CC-PD-Mark
7 VisiMuZ

Escapade à la National Gallery avec James

Les spectateurs de Sky Fall n’ont pas manqué de le remarquer. James rencontre Q (son nouveau Quartermaster) assis sur un banc dans la salle 34 devant deux des Turner les plus connus de la National Gallery.
En face d’eux se trouve le Dernier Voyage du Téméraire.

Turner_temeraire_wEst-ce un clin d’œil au scénario du film, à un James Bond vieillissant et affaibli ?

En 1839, le vétéran qu’est devenu aussi Joseph Turner (1775-1851) peint le voilier vétéran de Trafalgar, remorqué par un vapeur. Le monde change, le voilier est magnifié, et le remorqueur évoque la crasse et la suie. Turner traite de la couleur comme une « lumière obscurcie » selon la théorie des couleurs théorisée par Goethe (1810). Le bleu représente le côté obscur (et la mort du vieux voilier), les jaunes et rouges le côté pur. L’ère victorienne à laquelle appartient cette toile, de même que le poème de Tennyson, Ulysses, lu par M. dans le film, est le symbole absolu de la grandeur du Royaume-Uni.

À la droite de James sur le mur se trouve Ulysse raillant Polyphème, l’Odyssée d’Homère, autre tableau de Turner peint plusieurs années auparavant. Au total, ce ne sont pas moins de cinq tableaux de Turner qui se trouvent sur le mur de cette salle, dont le célébrissime Pluie, Vapeur, Vitesse.

Dans le dos des acteurs, on peut aussi entrevoir à droite, un tableau de Thomas Gainsborough (1727-1788), Mr et Mme William Hallett (La Promenade du matin), 1785, et à gauche un tableau au sujet très original de Joseph Wright of Derby, Une expérience sur un oiseau avec la pompe à air, élément d’une série de peintures des années 1760, éclairées par des bougies.

Vous pouvez faire une visite virtuelle 360° de cette salle sur le site web de la National Gallery (salle 34).
skyFall_James&Q

Skyfall : la rencontre de James et Q.

L’entrée à la National Gallery est gratuite. Mais ses gestionnaires utilisent divers moyens pour équilibrer leur budget. Parmi ces moyens, le fait de louer les salles pour des évènement privés, comme ici pour le tournage d’un film.

Le site du musée fait la promotion de ses salles comme décors en citant le clip Wonderbra ou le film St Trivian.

2006

Par un froid matin de novembre, Wonderbra a utilisé l’escalier de l’aile Sainsbury pour une scène avec une centaine de mannequins en soutien-gorge. Les employés et les visiteurs se sont demandé un moment s’il s’agissait d’un nouvel outil de communication du musée, ou… un nouvel uniforme pour les employées.

2007

Le film St. Trinian, pensionnat pour jeunes filles rebelles avec Ruppert Everett, prend la National Gallery comme décor. Le pitch est le suivant. St. Trinian’s est une école pour jeunes filles de l’aristocratie qui se trouve au bord de la faillite. Les pensionnaires, qui n’acceptent pas que leur école soit fermée, décident de voler la Jeune fille à la perle de Vermeer à la National Gallery.

Ne vous précipitez pas à Londres pour voir La Jeune fille à la perle. Si deux Vermeer se trouvent bien à la National Gallery, La Jeune Fille est à la Haye au Mauristhuis.

Si vous êtes intéressé pour tourner un film dans le musée, rien de plus simple. Voir sur le site du musée.

Le formulaire de devis est sur l’onglet Book now : « Please complete the form below to enquire about using The National Gallery as a filming location ». La National Gallery n’est pas un exemple isolé. On se souvient d’Audrey Tautou au Louvre dans le Da Vinci Code en 2006.

Le quizz du jour ? Trouver dans quels films apparaissent vos musées favoris.

Crédit photos
Turner : User : MGA73bot2
Lien https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Turner_temeraire_w.jpg (PD-Art)
Sky Fall : Image Credit: MGM/Danjaq, LLC

Léonard de Vinci et ses deux Madones à l’Ermitage

Le musée de l’Ermitage de Saint Pétersbourg vient de faire sur sa page Facebook un focus sur la Madone Benois et la Madone Litta, deux tableaux vedettes du musée, devant lesquels les groupes de croisiéristes s’agglutinent, ce qui oblige à aller les voir tôt le matin ou en fin d’après-midi.

Je vous joins le lien sur ces articles (voir en date du 18 janvier). Les russophones pourront voir que tout n’est pas dit par le musée…par rapport aux commentaires VisiMuZ.

http://www.facebook.com/state.hermitage

La Madone Benois
Salle 214. La Madone Benois a été acquise en 1914 auprès de la famille Benois. Cette oeuvre de Léonard de Vinci est entrée en possession de Léon Benois par son mariage.

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Ce petit tableau (49,5 x 33 cm) est certainement une des toutes premières œuvres (avec la Madone à l’œillet de Munich) peintes par Léonard de Vinci en tant que maître, après qu’il ait quitté son maître Andrea del Verrochio. Il a été peint probablement en octobre 1478. Deux études préparatoires se trouvent au Bristish Museum à Londres. Raphaël s’est inspiré de cette composition pour sa célèbre Madone aux œillets, depuis 2004 à la National Gallery de Londres. En 1790, la Madone quitte l’Italie pour la collection du général Korsakov. A la mort de celui-ci, son fils le vend pour la somme de 1400 roubles à un marchand du nom de Sapozhnikov. La petite-fille de celui-ci épouse Léon Benois et lui apporte le tableau. Dans les archives de Sapoznikov, on retrouvera beaucoup plus tard un document de 1827, sur lequel il était écrit : « Mère de Dieu, tenant l’Enfant sur la main gauche… Maitre Leonardo da Vinci.. collection du général Korsakov ».
Léon Benois dévoile sa collection en 1908 lors d’une exposition. Le tableau est alors inconnu et E.Lipgartu, conservateur en chef de l’Ermitage impérial, reconnaît alors dans la Madone une œuvre de Léonard de Vinci. Les discussions durent quatre ans. Joseph Duveen, toujours à l’affût des œuvres importantes, en propose 500 000 francs or. Mais l’opinion publique russe se mobilise et fait campagne pour que le tableau reste en Russie. Léon Benois le vend alors au musée pour la somme beaucoup plus modeste de 150.000 roubles.
Les Benois sont depuis plus de deux siècles des notables importants à Saint-Pétersbourg. Un musée leur est d’ailleurs consacré depuis 1988. Louis-César Benois, confiseur de son état, avait quitté la France en 1794, à cause de la Révolution, pour s’installer en Russie. Le passeport russe était déjà très prisé ! Son fils Nicolas devint l’architecte du tsar au palais de Peterhof, métier repris à son tour par son fils Léon. De nombreux autres membres de la famille sont célèbres, comme peintres, musiciens, décorateurs, ou… acteurs. La Scala de Milan a été décorée puis dirigée par Nikolaï Benois (1901-1988) et Sir Peter Ustinov est le petit-fils de Léon Benois.

La Madone Litta
Salle 214. La Madone Litta tire elle-aussi son nom de son ancien propriétaire, le duc Litta. Il a été acheté à Milan suite à une offre internationale de vente, le 12 janvier 1865, par le tsar Alexandre II via le directeur du musée impérial, S.A. Gedeonov.

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L’œuvre est beaucoup plus plaisante que la précédente, et on retrouve en plus précis le sfumato caractéristique dans le paysage. Cette Vierge allaitante est toujours présentée lors des visites guidées à l’Ermitage comme une œuvre majeure de Léonard de Vinci, mais les historiens de l’art (comme Martin Kemp [1981]) tendent maintenant vers une attribution à un élève du maître, comme Giovanni Boltraffio (1467-1516), dont le style plus sec et la recherche du fini, différaient de la manière de Léonard. David Alan Brown (cf. Madonna Litta, XXIX Lettura Vinciana, Florence [1990], cité par Wikipedia) l’attribue pour sa part à Marco d’Oggiono (ca 1470-1530 ou 49 ?) dont il reste très peu de tableaux.
La plupart des experts s’accorde toutefois à reconnaître dans la Madone Litta un dessin préparatoire de la main de Léonard (voir aussi le Codex Vallardi au Louvre). Quand l’Ermitage prêtera-t-il l’oreille à ces débats ? Noter qu’à l’Ermitage, au dos du chevalet de la Madone Litta se trouve une Madeleine repentante par Gianpetrino (actif entre 1508 et 1549), un autre des disciples préférés de Léonard.

 

Crédits Photos :in
Madone Benois
User : Eloquence Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Leonardo_da_Vinci_026.jpg
Madone Litta
User : Olpl Lien http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Madonna_Litta.jpg</i>

Retour sur les tableaux volés, tableaux retrouvés en 2012

Petit retour sur les vols et tableaux retrouvés en 2012. Pour chacun, le lien vous permettra de connaître les détails, souvent croustillants, de l’aventure. La vraie vie est plus déroutante encore que les romans, des berges d’une rivière à l’aéroport international de Miami, des sacs poubelle corses au siège d’Interpol, de la manifestation des sud-américaines topless devant leur musée aux mafias des Balkans.

Commençons par les tableaux retrouvés. On a appris il y a quelques jours qu’un tableau de Matisse de 1920, volé le 11 mai 1987 à Stockholm a été retrouvé en Angleterre le 7 janvier grâce à la base de données des tableaux volés.

http://www.leparisien.fr/faits-divers/londres-un-tableau-vole-de-matisse-retrouve-25-ans-apres-07-01-2013-2461083.php

Mais c’est la suite d’une année 2012 riche en trésors retrouvés. « L’Olympe » de René Magritte a été rendu par les voleurs en janvier 2012, car invendable. Il avait été volé à Bruxelles deux ans auparavant.

http://www.rtbf.be/info/societe/detail_un-tableau-de-magritte-vole-rendu-par-les-voleurs-car-invendable?id=7340813

Quatre tableaux volés en 1988 à New York, « Effigie » de Jean Dubuffet, « La Bouteille bleue » de Fernand Léger, « Figuration » de Robert Motherwell, « Untitled » de Franz Kline ont été retrouvés à Cologne en 2012.

http://blogs.artinfo.com/berlinartbrief/tag/jean-dubuffet/

En mars, c’est « Le Marché aux Poissons », de Camille Pissarro, volé au mois de novembre 1981 qui a rejoint le musée Faure d’Aix-les-Bains.

article : le musée Faure d’Aix-les-Bains retrouve son Pissarro: (lien désactivé en 2016) http://www.la-vie-nouvelle.fr/actualite/Le-musee-Faure-d-Aix-les-Bains-retrouve-son-Pissarro-4120.html

«Jeune garçon au gilet rouge», de Cézanne, volé en 2008  à Zürich, a été retrouvé à Belgrade en avril 2012.

http://www.tdg.ch/culture/Un-tableau-de-Cezanne-vole-a-Zurich-retrouve-en-Serbie/story/31469881

« Ludovic Lepic et ses filles »  d’Edgar Degas, volé aussi à Zürich en 2008, a été retrouvé le même mois en Serbie.

http://www.rts.ch/info/suisse/3953340-le-quatrieme-tableau-vole-a-zurich-en-2008-a-ete-retrouve.html

« Midas à la source du fleuve Pactole » de Nicolas Poussin  et une « Vierge à l’Enfant » de Giovanni Bellini du palais Fesch à Ajaccio ont été retrouvés en mai 2012, abandonnés dans un sac poubelle sur un parking à Ajaccio.

http://www.francesoir.fr/actualite/faits-divers/ajaccio-quatre-grands-tableaux-voles-retrouves-intacts-220565.html

« La jeune fille au foulard rouge », de Charles Camoin, vendu par Sotheby’s en 2007 et volé pendant son acheminement chez le transporteur Fedex a été retrouvé par un pêcheur dans un fourré sur des berges en Isère en juin 2012.

http://www.lessentiel.lu/fr/news/insolites/story/1891377

Une aquarelle de Dali a été volée dans une galerie à New York et rendue une semaine plus tard.

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/northamerica/usa/9366612/Stolen-Dali-painting-posted-back-to-gallery-from-Greece.html

« L’Odalisque au Pantalon rouge » de Henri Matisse, avait été volé en 2000 au musée de Caracas, et remplacé par une copie. La supercherie n’a été découverte qu’en 2002 et le tableau a finalement été retrouvé par le FBI à Miami en juillet 2012.

http://www.exponaute.com/magazine/2012/07/24/le-fbi-retrouve-un-matisse-vole/
http://french.ruvr.ru/2012_07_27/Matisse-Odalisque-au-pantalon-rouge/

Dans un contexte politique tendu entre les États-Unis et le Vénézuela, une quinzaine de vénézuéliennes, a manifesté en août 2012, en pantalon rouge et topless devant le musée, pour que le tableau revienne vite au Vénézuela.

http://www.guardian.co.uk/world/2012/aug/17/lost-matisse-topless-protest-caracas

« La Rivière » de Francis Picabia, volé en 1974 au musée de la faïence de Nevers a été retrouvé en septembre 2012.

http://www.republicain-lorrain.fr/france-monde/2012/09/06/tableau-vole-et-vendu-trois-fois-au-grand-jour

En octobre, la veuve du grand marchand Léo Castelli a récupéré un tableau de 1962 de Roy Lichtenstein, volé en 1971, et estimé plus de 4 millions de dollars.
http://www.reuters.com/article/2012/10/16/us-crime-newyork-arttheft-idUSBRE89F1RJ20121016

Le Renoir  «Paysages Bords de Seine»  trouvé par hasard dans un marché aux puces pourrait en fait provenir du musée de Baltimore où il aurait été volé en 1951.

http://usnews.nbcnews.com/_news/2012/09/28/14133957-renoir-bought-for-7-at-flea-market-may-have-been-stolen-from-museum-in-1951?lite
Mais la compétition entre gendarmes et voleurs n’est pas prête de s’arrêter. En 2012 toujours, « Tête de femme »  de Pablo Picasso, une œuvre donnée à la Grèce en 1949,  et  le « Moulin » de Piet Mondrian ont été volés à Athènes.
http://www.artline.ro/Paintings_stolen_from_Greece_s_National_Gallery-26800-2-n.html

http://sysiphus-angrynewsfromaroundtheworld.blogspot.fr/2012/01/athens-greece-picasso-and-mondrian.html

A Rotterdam, en octobre,  ce sont «Tête d’Arlequin» de Pablo Picasso,  «La Liseuse en Blanc et Jaune» de Matisse, « Waterloo Bridge, London» et «Charing Cross Bridge, London» de Claude Monet, « Femme devant une fenêtre ouverte, dite la Fiancée» de Paul Gauguin, « Woman with Eyes Closed» (2002) de Lucian Freud, qui ont disparu des cimaises du musée Kunsthal à Rotterdam.

http://www.parool.nl/parool/nl/224/BINNENLAND/article/detail/3332410/2012/10/16/Zeven-topschilderijen-gestolen-uit-Kunsthal.dhtml?utm_source=scherm1&utm_medium=button&utm_campaign=Cookiecheck

Enfin toujours en octobre, c’est une aquarelle de Delacroix qui a été dérobée à la galerie Schmit à Paris. VisiMuZ en avait parlé.

http://rt.com/art-and-culture/news/delacroix-painting-stolen-paris-027/

Mais c’est toujours le Vermeer volé en 1990 au musée Isabella Stewart Gardner de Boston, qui reste la vedette des tableaux volés et pas encore retrouvés. Picasso est  l’artiste dont les tableaux sont le plus souvent volés. Pas moins de 1147 œuvres de l’artiste sont dans la nature après des vols,

lien désactivé en 2016 : http://rivlib.info/anza-library/content/picasso-1147-works-registered-stolen-thief

dont le fameux « Pigeon aux petits pois » volé au musée d’art moderne de la ville de Paris en 2010.

Bonne lecture !

L’Adoration des bergers au Quattrocento en Italie du Nord

En cette période de la Nativité, deux tableaux vont retenir notre attention. L’Adoration des bergers est un épisode cité dans l’évangile de Luc (2). Il a été fréquemment traité par les artistes pour leurs commanditaires religieux.

Mantegna

La première Adoration, par Andrea Mantegna, est au Metropolitan Museum (voir le guide VisiMuZ du Met). Petite par la taille (40 x 55 cm), elle est grande par sa présence. C’est une œuvre de jeunesse de l’artiste, peinte vers 1450-1451.

20121231_Andrea_Mantegna_The_Adoration_of_the_ShepherdsAndrea Mantegna (ca 1431 – 1506) – L’Adoration des bergers, ca 1450-51.

Andrea Mantegna a grandi à Padoue dans un milieu féru d’érudition, étudiant la statuaire antique en pleine redécouverte à cette époque. Il sculpte autant qu’il peint ses personnages, et utilise un type de draperie dit romain, pour les habiller. Le paysage est austère, évidemment idéalisé. Joseph dort, deux bergers sont en adoration devant l’Enfant, mais leurs regards sont bizarrement plus orientés vers Joseph, deux autres personnages sont en train d’arriver sur la droite. Un bœuf se trouve sur la gauche, conformément à la tradition de l’Évangile apocryphe dit du « pseudo-Mathieu ». La barrière est aussi un symbole de la virginité de Marie, les angelots rouges introduisent un peu de poésie dans un dessin précis et dur. On retrouvera une évolution de la conception monumentale et très architecturée de Mantegna dans l’Adoration des bergers de Carlo Crivelli (1490, musée des Beaux-Arts de Strasbourg)

Mantegna, bien que beau-frère des Bellini, est loin d’eux dans la conception de ses tableaux et sa manière.

Giorgione

Il suffit pour s’en convaincre de contempler une autre Adoration des Bergers. Ce tableau plus grand (91 x 111 cm) est attribué quasi unanimement à Giorgione. Ce tableau est à la National Gallery of Art de Washington, maintenant l’un des tous premiers musées du monde grâce à la générosité de ses donateurs.

20121231_741px-Giorgione_014Giorgio Zorzi, dit Giorgione (1477-1510) – L’Adoration des bergers, ca 1500

Dans le schéma ci-dessous, on a indiqué les liens familiaux entre les artistes par un trait, les rapports maître-élève par une flèche pleine, les influences directes par une flèche pointillée.

20121231_VeniseOn voit bien les différences de conception de ces deux tableaux, alors que seuls cinquante ans séparent les deux œuvres. A la grandeur et la virtù antique de Mantegna, Giorgione oppose la douceur de la campagne vénitienne, toujours idéalisée, et celle d’une Nativité très humaine. La composition est symétriquement inversée. On retrouve la barrière symbolique, ainsi que le bœuf.

Ce moment de piété et de calme bucolique nous semblait un thème idéal en cette fin d’année. Joyeuses fêtes et heureuse nouvelle année à tous !

Crédits Photos

Mantegna  Auteur : Sailko.   Lien :http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Andrea_Mantegna_The_Adoration_of_the_Shepherds.jpg

Giorgione : Auteur Scewing. Lien : http://en.wikipedia.org/wiki/File:Giorgione_014.jpg

Brêve de fin d’année : 8,87 millions de nouvelles tablettes à Noël

 

Dans un article synthétique du 29 décembre, Elizabeth Sutton nous apprend que, selon un comptage effectué par Flurry  Analytics, 17,4 millions de tablettes et smartphones ont été activés (donc vendus) pour Noël 2012 à comparer aux 6,8 millions de Noël 2011, soit une augmentation de 255 % d’une année sur l’autre

Les tablettes représentent 51% des activations soient 8,87 millions de tablettes. Elles ne représentaient entre le 1er et le 20 décembre que 20% du total. Pour l’article originel, voir : http://www.idboox.com/etudes/noel-2012-174-millions-de-tablettes-et-smartphones-ios-et-android-actives/

Dans un autre article (lien) du même jour, Elizabeth Sutton cite une étude de Pew Research Center selon laquelle   « En novembre 2012, 25% des américains possédaient une tablette  comme un iPad ou un Kindle Fire et 19% une liseuse comme un Kindle ou un Nook. Dans l’ensemble, le nombre de personnes possédant une appareil permettant de lire des ebooks a plus que doublé par rapport à décembre 2011. »