Devant la psyché, Berthe Morisot

Devant la psyché, Berthe Morisot

Devant la psyché, 1890, h.s.t., 55 x 46 cm, Berthe Morisot, collection particulière.

Vers 1890, Berthe a peint plusieurs scènes de femme à sa toilette. Un thème particulièrement ancré dans la vie moderne, cher aussi à Degas, et pour lequel elle suit le conseil d’Edmond Duranty (La Nouvelle Peinture, 1876) : « peindre son modèle de dos, et être en rupture avec les règles du passé ». Le décor est celui de son appartement de la rue Weber.

Bien que le tableau soit toujours dans une collection privée, il est vite devenu célèbre. La psyché, grand miroir sur deux axes et que l’on peut incliner à volonté, est un meuble emblématique de la fin du XIXe. Zola par exemple en fait mention dans Nana (1881).

Le nom de psyché est dérivé de celui d’une princesse de la mythologie grecque, dont la beauté excita la jalousie de la déesse Aphrodite. Celle-ci demanda à son fils Éros (Cupidon) de tourmenter Psyché mais celui-ci tomba amoureux de la belle. Aphrodite lui imposa des épreuves que Psyché, aidée des dieux, réussit. Elle fut élevée alors au rang de déesse et gagna l’immortalité. La fille de Cupidon et de Psyché est Volupté.

La touche de Berthe est reconnaissable et la plus « impressionniste » de toutes.

Un tableau à retrouver avec tous les autres dans la biographie de Berthe Morisot par Charles Fegdal, enrichie par VisiMuZ.

12/04/2016

Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad

La Seine à Saint-Cloud, Edvard Munch

La Seine à Saint-Cloud,  Edvard Munch

La Seine à Saint-Cloud, 1890, hst, 47 x 61 cm, Edward Munch, collection particulière.

Né en Norvège en 1863, Edward Munch a eu une enfance marquée par la mort. Il perd la plupart de ses proches (dont sa mère à l’âge de cinq ans) avant l’âge adulte. Il aura naturellement envie de peindre non ce qu’il voit mais ce qu’il ressent (tristesse, mélancolie, angoisse, etc.) et devient à ce titre un pionnier de l’expressionnisme. Il fait un premier séjour à Paris en 1885 puis revenu en Norvège, obtient à la suite d’une exposition, une bourse d’études de 3 ans à Paris en 1889.

Il est sensible aux grands mouvements théoriques qui agitent Paris à cette époque. Le divisionnisme, mais surtout les symbolistes et les Nabis. Il en déduit que « L’appareil photo ne peut pas concurrencer le pinceau et la palette tant que l’on ne peut pas l’utiliser au Paradis ou en Enfer. »

À l’époque de notre tableau, il est encore assez proche techniquement du divisionnisme cher à Seurat et Signac, et pour la lumière, de l’impressionnisme des séries de Claude Monet. Il reprend la Seine à différentes heures du jour comme s’il s’agissait de Meules, de la façade de la cathédrale de Rouen (Monet), ou du canal du Loing (Sisley). Il y exprime ses états d’âme au moins autant qu’il cherche à capter la lumière.. On connaît au moins 9 versions de notre tableau du jour, dont l’étude ci-dessous.

La Seine à Saint-Cloud Edvard Munch

La Seine à Saint-Cloud, 1890, huile sur carton, 17 x 33 cm, Edward Munch,collection particulière.

08/04/2016

Photos 1 et 2 : Courtesy The Athenaeum, rocsdad

Le Lac de Thoune aux reflets symétriques, Ferdinand Hodler

Le Lac de Thoune aux reflets symétriques,  Ferdinand Hodler

Le Lac de Thoune aux reflets symétriques, 1909, hst, 67.5 x 92 cm, Ferdinand Hodler, Musée d’Art et d’Histoire, Genève.

Dans la dernière partie de sa vie, Ferdinand Hodler (1853-1918) a voulu simplifier sa peinture, il a éliminé tous les détails pour se concentrer sur les grandes lignes de la structure. De même il a simplifié au maximum sa palette chromatique et tenté de reproduire l’harmonie de la nature en utilisant la géométrie, le parallélisme et la symétrie. Ici, comme dans d’autres tableaux sur le même thème, peints depuis Leissingen, il nous révèle une double symétrie avec un axe vertical mais aussi avec un axe horizontal pour les reflets des montagnes dans l’eau du lac. Comme pourront le dire tous les touristes qui arrivent au lac de Thoune en ayant vu les tableaux de Hodler, ils voient alors le lac avec à l’esprit les structures de Hodler. Il est fréquent maintenant de parler de la « symétrie hodlérienne »

Une grande salle est consacrée aux paysages de Hodler au MAH Genève et l’effet est saisissant. À ne pas manquer si vous passez par là.

06/04/2016

Photo VisiMuZ

Femme en vert lisant, Jules Pascin

Femme en vert, lisant, Jules Pascin

Femme en vert lisant, 1917, hst, 89,2 x 69,2 cm, Jules Pascin, fondation Barnes, Philadelphie

Jules Pascin fait partie de la légende de l’école de Paris (avec Modigliani, Kisling, Soutine et les autres). Né Julius Mordecai Pincas (1885-1930), il utilise un anagramme de son nom de naissance. Il a grandi en Bulgarie. Après avoir fréquenté un temps les expressionnistes allemands (dont l’influence est perceptible dans sa peinture avant 1914), il arrive en 1905 à Paris. Il rencontre Hermine David (1886-1970), femme-peintre comme lui, en 1907 et elle devient sa compagne… En 1914, comme il est natif de Bulgarie, nation alliée de l’Allemagne, il doit partir de France et il rejoint Brooklyn (il était assez connu aux États-Unis depuis 1912). Hermine le rejoint l’année suivante. Ils prendront la nationalité américaine et se marieront en 1918 avant de rentrer en France en 1920.

Ernest Hemingway dans Paris est une fête, a raconté une rencontre au Dôme et 1924 et écrit que Jules Pascin était un « très bon peintre et il était ivre, constamment, délibérément ivre, et à bon escient. »

Durant leur période américaine, Pascin et Hermine vont passer entre 1915 et 1917 un long moment en Louisiane, au Texas, puis en Floride et à Cuba, des destinations exotiques et inhabituelles pour des Parisiens naviguant habituellement entre Montmartre et Montparnasse. Expressionniste, doté d’une sensibilité rare, Pascin a été d’abord le peintre de la Femme ou plutôt des femmes. Il a peint aussi de nombreuses aquarelles de paysages jusqu’à un accord avec Hermine. Désormais, Il peindrait des portraits et elle peindrait des paysages afin qu’ils ne s’influencent pas trop l’un l’autre.

Albert Barnes a fait la fortune de Pascin comme il a fait celle de Soutine, en achetant massivement à partir de son séjour à Paris en 1922. La collection compte encore aujourd’hui 57 tableaux et dessins de Pascin (et plus de 200 Renoir, 60 Matisse, etc.).

Nous ne saurions dire où notre tableau du jour a été peint, mais la lumière, le fauteuil, font penser au Sud, celui des États-Unis, des Bahamas ou de Cuba.

04/04/2016

Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad

Baigneuses à Perros-Guirec, Maurice Denis

Baigneuses à Perros-Guirec, Maurice Denis

Baigneuses à Perros-Guirec, ca 1912, Maurice Denis, musée du Petit-Palais, Paris

Maurice Denis (1870-1943) est un peintre très difficile à classer. Dans les années 90, il a fait partie des fondateurs du mouvement nabi (prophète en hébreu) et a été révélé avec toute une nouvelle génération (Bonnard, Vuillard, Vallotton, etc.). Dans les années 1900, celui qui avait été surnommé le « nabi aux belles icônes » s’est rapproché d’une peinture un peu plus classique comme ces Baigneuses. Après la première guerre mondiale, il deviendra le peintre décorateur des bâtiments officiels religieux comme civils. Profondément catholique, il peindra de nombreuses scènes religieuses, mais d’aussi nombreux nus féminins. Sa femme Marthe (tiens ! comme celle de Bonnard) est sa muse.

Nous sommes en Bretagne, région chère au cœur de l’artiste. Ce tableau montre l’influence que Gauguin et Pont-Aven ont eus sur la nouvelle génération : un travail sur la lumière et la couleur, des aplats de surface importante. On note les oppositions de bleu et orange qui augmentent la luminosité. Mais Les Fauves sont aussi passés par là.. pour la force des couleurs.

Même si les Nabis se veulent aussi décorateurs, la toile illustre les propos que Maurice Denis avait tenus dès 1890, une « surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ».

01/04/2016

Photo wikimedia commons File: Female_bathers_at_Perros-Guirec,_by_Maurice_Denis Usr: Jan Arkesteijn

Scène de plage, Edgar Degas

Scène de plage, Edgar Degas

Scène de plage, ca 1875, 47,5 x 82,9 cm, Edgar Degas, National Gallery Londres et galerie Hugh Lane, Dublin.

De Degas (1834-1917), on a souvent une vision partielle, tronquée par ses succès les plus éclatants. Les danseuses, les femmes à leur toilette, occultent certains aspects souvent brillants de son œuvre.

Notre tableau du jour date des débuts de l’aventure impressionniste mais Degas n’a jamais cessé de peindre en atelier et non en plein air. La plage est sans doute à Paris, chez lui. Qui est cette dame ? La mère de la fillette ou plus vraisemblablement sa nurse, vu son habillement. La fillette revient de la mer, elle a enlevé son costume de bain et s’est changée. La proximité de Degas avec Manet à cette époque saute aux yeux. Mais Degas, contrairement à Manet, ne connaît rien au vent, à la mer et aux bateaux (Manet était parti à dix-sept ans, en 1848, comme pilotin sur un navire-école, vers Rio de Janeiro). Sur notre tableau, Degas dessine en arrière-plan deux vapeurs dont la fumée part en sens inverse.

L’accrochage de ce tableau a une particularité. Il est partagé à moitié entre la National Gallery à Londres et la galerie Hugh Lane à Dublin, et il est exposé dans l’un ou l’autre musée par période de 6 ans.

Retrouvez Degas, ses danseuses, ses repasseuses, ses portraits d’amis, ses jockeys, ses modistes, son humour caustique dans sa biographie par Paul Jamot enrichie par VisiMuz : ici.

30/03/2016

Photo wikimedia commons Edgar_Germain_Hilaire_Degas_041 Usr : Eloquence

La Face du Sauveur : Résurrection ou La Vie nouvelle, II, Alexej von Jawlensky

La Face du Sauveur : résurrection Alexej von Jawlensky

La Face du Sauveur : Résurrection ou La Vie nouvelle, II, Alexej von Jawlensky

Quand on cherche des tableaux sur le thème de la Résurrection, on croule sous les propositions au XVIe et XVIIe siècles, puis le flot se tarit, comme si les peintres se sentaient moins concernés par l’évènement. Puis au début du XXe, quelques peintres se sentent à nouveau impliqués. Maurice Denis, Georges Rouault, Alfred Manessier, mais aussi Marc Chagall pour le Judaïsme ou encore Alexej von Jawlensky.

Jawlensky (1864-1941) a été d’abord un exilé russe, ayant vécu un moment en France puis plus longtemps en Allemagne. Il avait participé avec Kandinsky à l’aventure du Blaue Reiter. Mais en 1914, la déclaration de guerre l’a fait se réfugier en Suisse, à Saint-Prex, avec sa compagne Marianne von Werefkin et sa maîtresse Hélène Neznakomova, mère de leur fils.

Jawlensky, isolé, peint d’abord des vues depuis sa fenêtre. Il crée alors une série de paysages qu’il nomme Variations puis il se concentre sur des têtes humaines, qu’il emmène aux bords de l’abstraction. Profondément marqué par son éducation orthodoxe, il donne à sa peinture une dimension religieuse.

Alexej a écrit dans ses mémoires : « Au début, je voulais continuer de travailler à Saint-Prex comme je l’avais fait à Munich. Mais quelque chose dans mon for intérieur m’empêchait de peindre des tableaux colorés et sensuels. Tant de souffrance avait changé mon âme, et il me fallait trouver d’autres formes et d’autres couleurs pour exprimer ce qui l’agitait. »

Ce sera la série des Faces du Sauveur. Souvent sur ses visages, il a laissé voir une croix, symbole de celle du Christ. Expressionniste convaincu, Jawlensky inclut dans ses toiles toutes les modulations de ses états d’âme. Le choix de la palette très claire illustre ici la joie de Pâques, alors que c’est plus souvent un peu de tristesse qui s’exprime dans les têtes de l’artiste.

27/03/2016

Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad.

Portrait de Fritza Riedler, Gustav Klimt

Portrait de Fritza Riedler, Gustav Klimt

Portrait de Fritza Riedler, 1906, hst, 153 x 133 cm, palais du Belvédère, Vienne, catalogue Coradeschi n° 130.

L’œuvre total de Gustav Klimt ne contient que 200 à 220 tableaux (à comparer aux plus de 5000 d’Eugène Boudin par exemple). Les portraits, presque tous de femmes, en occupent une petite partie. En cette année 1906, Klimt est célèbre. Il est le leader du groupe de la Sécession viennoise, le Kunstschau, appelé plus couramment le groupe Klimt.

Il peint alors ce qui va devenir le premier portrait carré de la période dorée, ce Portrait de Fritza Riedler. C’est le tableau qui a été le plus montré dans les expositions (17 fois entre 1907 et 1965).

Le fond est très stylisé, hésitant entre abstraction et figuration. Le style géométrique et l’or que l’artiste utilise ici sont les conséquences d’un voyage qu’il a fait à Ravenne en 1903. Il est encore sous le charme des mosaïques byzantines. Une photographie a montré que les petits damiers du fond ont été ajoutés à la fin de la réalisation. Le fauteuil sur lequel est assis le modèle est traité aussi d’une manière très novatrice. L’imprimé du tissu (des yeux stylisés) crée un contraste avec les formes.

Le tableau montre une alternance de plans très remplis (la coiffure par exemple) et vides ou presque (le fond à gauche). L’or et l’argent sont appliqués soit au pinceau, soit directement à la feuille, et vont devenir pendant quelques années la marque la plus ostensible du style de Klimt.

En 1970, l’historien de l’art Werner Hoffmann voit dans ce tableau trois réalités artistiques. « Le personnage a la distance d’une icône.[…] Le tableau en tant qu’œuvre d’art rend une œuvre d’art dans une œuvre d’art, car il représente la personne humaine en tant qu’œuvre dans l’environnement imaginé par le peintre qui est aussi une réalité artistique composée du mur aux motifs de mosaïque et du fauteuil. Le peintre et son modèle font ainsi partie de “la création” qui recouvre “le créateur et le spectateur”. »

25/03/2016

Photo wikimedia commons File:Gustav_Klimt_052.jpg Usr : Eloquence

Bords du Loing près de Moret, Alfred Sisley

Bords du Loing près de Moret, Alfred Sisley

Bords du Loing près de Moret, 1892, hst, 73 x 92 cm, Alfred SISLEY, collection particulière Daulte 795.

En 1879, Sisley s’est établi près de Moret-sur-Loing (à Veneux). Les bords du Loing et Moret lui ont fourni une très grande variété de motifs.

Le 31 août 1881, Alfred écrit à son ami Claude Monet :

« Moret est à deux heures de Paris, manque pas de maisons à louer dans les prix de six cents à mille francs. Marché une fois par semaine, église fort jolie, vues assez pittoresques ; d’ailleurs si votre idée est de venir par ici, venez voir. Veneux-Nadon est à dix minutes de la station de Moret. »

Dans les lignes qu’il a consacrées à Sisley, Gustave Geffroy nous dit :

« Et voici les bords du Loing, des saules, des peupliers, des matins beaux comme la jeunesse du monde, la rosée qui s’évapore en halo blond autour des cimes légères, l’ombre bleue d’un village, des barques sur le flanc au bord de la rivière, des bicoques belles de lumière comme des palais de légende, des clartés blanches et des clartés mauves, les feuilles argentées des saules qui palpitent sous une brise fraîche. »

Notre toile du jour a été vendue le 19 juin 2013 chez Sotheby’s Londres pour 2 882 500 livres Sterling (soit 3,368 millions d’euros). On remarquera dans cette composition l’importance des souvenirs de Sisley, qui avait beaucoup fréquenté la National Gallery durant ses années londoniennes, et s’inspire ici d’un très célèbre tableau de Meindert Hobbema, ci-après.

L'Avenue à Middelharnis, Meindert Hobbema

Avenue à Middelharnis, 1689, 103,5 x 141 cm, Meindert Hobbema, National Gallery, Londres.

Nous avions déjà évoqué, le 19 novembre 2015, ce tableau à propos d’une composition de Ferdinand Hodler [ici].

Retrouvez les tableaux au bord du Loing et toute la poésie de Sisley, ici, dans la monographie publiée par VisiMuZ.

22/03/2016

Photo wikimedia commons
1) File:Alfred_Sisley_064.jpg Usr Jan Arkesteijn
2) File:Meindert_Hobbema_001 Usr Sandik

Portrait de Charlotte Berthier, Pierre-Auguste Renoir

Portrait de Charlotte Berthier, Pierre-Auguste Renoir

Portrait de Charlotte Berthier, 1883, hst, 92,1 x 73 cm, Pierre-Auguste Renoir, National Gallery of Art, Washington.

Un portrait de plus par Renoir, direz-vous ! Même s’il est très fin et délicat, avec ce visage de la période ingresque (1883-88), ce fond qui annonce déjà la période nacrée (après 1889) et une composition solide, on peut passer devant sans rien savoir. Qui était Charlotte ?

Car l’histoire est peu connue et seulement depuis quelques années. L’absence de femme dans la vie publique de Gustave Caillebotte (1848-1894), et certaines des peintures où il représentait ses amis avaient fait conclure (un peu hâtivement) qu’il était surtout intéressé par les hommes. Mais Charlotte Berthier, de son vrai nom Anne-Marie Hagen (on ne connaît pas la raison du pseudonyme), vivait avec Gustave Caillebotte depuis le début des années 80, et restera sa compagne jusqu’à sa mort prématurée en 1894. Caillebotte écrit en 1883 dans une lettre à Monet (vente Artcurial, archives Monet, 13 décembre 2006). « Renoir est ici depuis trois semaines ou un mois. Il fait le portrait de Charlotte qui sera très joli. ». À la mort de Caillebotte, Charlotte héritera d’une rente et de la maison du Petit-Gennevilliers (sur le bassin d’Argenteuil). Elle y vivra jusqu’en 1903 avant de la vendre et de s’établir à Monaco. Caillebotte était aussi le mécène des impressionnistes et on peut penser que Renoir a mis tout son temps et son talent pour plaire à son ami et client. La timide et jolie Charlotte, qui pose ici à 25 ans, avait dix ans de moins que Gustave Caillebotte.
Caillebotte sera en 1885 le parrain de Pierre, fils de Pierre-Auguste, et Renoir sera l’exécuteur testamentaire de Caillebotte à sa mort en 1894.

Le tableau a été ensuite vendu à Alexandre Berthier (1883-1918), 4e et dernier prince de Wagram, petit-fils du maréchal Berthier (1753-1815). Alexandre n’avait, malgré son nom, rien à voir avec le modèle (qui avait, rappelons-le, pris un pseudonyme). La célèbre collection impressionniste d’Alexandre alla, après sa mort au front en 1918, à sa sœur, qui la vendit en 1929 à la galerie Knoedler de New York. La toile, vendue ensuite aux États-Unis à Angelika Wertheim Frink (millionnaire connue dans l’histoire pour ses démêlés avec Sigmund Freud) a rejoint la National Gallery of Art en 1969.

Renoir : un peintre de génie mais aussi un homme attachant, un ami fidèle, à retrouver en détail dans la biographie par Vollard, chez VisiMuZ.

20/03/2016

Photo Courtesy of National Gallery of Art, Washington

Sorrow (Chagrin), Vincent van Gogh

1Sorrow (Chagrin) Vincent van Gogh

Sorrow (Chagrin), 1882, Vincent van Gogh, crayon et déteinte sur papier, 28 x 44 cm, The New Art Gallery, Walsall, Royaume-Uni

L’art n’est pas toujours un monde où, comme disait Jean Yanne, « Tout le monde est beau, tout le monde, il est gentil ». Et chez VisiMuZ, nous avons envie de montrer tous ses aspects, y compris, les plus tristes. Citons Théodore Duret, dans la monographie qu’il a consacrée à Vincent, éditée chez VisiMuZ.

« Le père, quelle que fût l’amertume qu’il ressentît des singularités et des mésaventures de son fils, finissait toujours par l’aider. Van Gogh, sorti de chez Anton Mauve, en reçut donc les moyens de poursuivre l’étude de son art. Une femme abandonnée, mère de cinq enfants, traînait une existence misérable, en posant pour les peintres dans les ateliers. Van Gogh l’eut comme modèle. Il a fait d’après elle un dessin, reproduit ensuite en lithographie, auquel il a donné le titre anglais de Sorrow (Chagrin), complété par cette remarque de Michelet : « Comment se fait-il qu’il y ait sur la terre une femme seule, désespérée ? » Il fut pris de compassion pour elle et la recueillit avec ses enfants. Le secours venu de son père, qui lui permettait tout juste de vivre et de parer aux frais qu’exigeait la poursuite de son art, se trouva insuffisant pour l’entretien de sept personnes. Il s’endette et tombe de nouveau dans le dénuement. Son père l’apprend et, comme il l’avait déjà fait dans le Borinage, vient le chercher et le ramène encore une fois sous son toit, à Nuenen. »

On sait que cette femme s’appelait Clasina Maria Hoornik (1850-1904). Elle était surnommée Sien et a vécu avec Vincent de janvier 1882 à l’automne 83. C’est la seule compagne qu’on lui ait connu.

En 1882, Vincent a alors 29 ans. C’est le début de sa courte carrière, dans un dessin d’autant plus émouvant qu’il y dévoile sa vie privée

17/03/2016

Photo wikmedia commons File:Vincent_van_Gogh_-_Sorrow.jpg Usr Christoph Braun

Portrait de Jean Cocteau, Amedeo Modigliani

Portrait de Jean Cocteau - Amedeo Modigliani

Portrait de Jean Cocteau, 1916, hst, 100 x 81 cm, Amedeo Modigliani, collection Pearlman, Princeton University Art Museum, Princeton (NJ), catalogue Ceroni 106.

De retour du front et en permission au début avril 1916, Cocteau avait demandé son portrait à la fois à Kisling et à Modigliani pour se mettre en valeur sur la scène parisienne. Il s’est habillé de façon élégante (costume, pochette, col dur et nœud papillon). Les deux portraits ont été réalisés lors des mêmes séances de pose, dans l’atelier de Kisling, 3, rue Joseph-Bara, le modèle étant assis dans un fauteuil à haut dossier.

Blaise Cendrars et Pierre Reverdy étaient présents. Reverdy précisa qu’il avait rencontré Cocteau ce jour-là pour la première fois. Le portrait de Modigliani met en évidence la fatuité du modèle. Cocteau, comme Gertrude Stein quand Picasso a réalisé son portrait, déclara qu’il était peu ressemblant, vexé par la bosse de son nez et son attitude hautaine.

Pour la suite, c’est Cocteau qui raconte : « Modigliani voulait me le donner. Je ne voulais pas qu’il me le donne. Je dis “si tu ne veux pas me le vendre”, et il me l’a vendu cent sous – cinq francs. Mais je n’avais pas de quoi prendre le fiacre ouvert qui permettait d’emporter cette grande toile. Alors elle est restée assez longtemps chez Kisling. Kisling devait onze francs au propriétaire de La Rotonde, il lui a demandé si à la place de ses onze francs, il voulait accepter mon portrait. Il a accepté mon portrait : le portrait est resté longtemps sur des banquettes de La Rotonde ».

Retrouvez Cocteau et Modigliani avec Raymond Radiguet et Béatrice Hastings dans la monographie de Modigliani chez VisiMuZ. Quelle époque épique !

15/03/2016

Photo Courtesy wikiart.org