La Face du Sauveur : Résurrection ou La Vie nouvelle, II, Alexej von Jawlensky
Quand on cherche des tableaux sur le thème de la Résurrection, on croule sous les propositions au XVIe et XVIIe siècles, puis le flot se tarit, comme si les peintres se sentaient moins concernés par l’évènement. Puis au début du XXe, quelques peintres se sentent à nouveau impliqués. Maurice Denis, Georges Rouault, Alfred Manessier, mais aussi Marc Chagall pour le Judaïsme ou encore Alexej von Jawlensky.
Jawlensky (1864-1941) a été d’abord un exilé russe, ayant vécu un moment en France puis plus longtemps en Allemagne. Il avait participé avec Kandinsky à l’aventure du Blaue Reiter. Mais en 1914, la déclaration de guerre l’a fait se réfugier en Suisse, à Saint-Prex, avec sa compagne Marianne von Werefkin et sa maîtresse Hélène Neznakomova, mère de leur fils.
Jawlensky, isolé, peint d’abord des vues depuis sa fenêtre. Il crée alors une série de paysages qu’il nomme Variations puis il se concentre sur des têtes humaines, qu’il emmène aux bords de l’abstraction. Profondément marqué par son éducation orthodoxe, il donne à sa peinture une dimension religieuse.
Alexej a écrit dans ses mémoires : « Au début, je voulais continuer de travailler à Saint-Prex comme je l’avais fait à Munich. Mais quelque chose dans mon for intérieur m’empêchait de peindre des tableaux colorés et sensuels. Tant de souffrance avait changé mon âme, et il me fallait trouver d’autres formes et d’autres couleurs pour exprimer ce qui l’agitait. »
Ce sera la série des Faces du Sauveur. Souvent sur ses visages, il a laissé voir une croix, symbole de celle du Christ. Expressionniste convaincu, Jawlensky inclut dans ses toiles toutes les modulations de ses états d’âme. Le choix de la palette très claire illustre ici la joie de Pâques, alors que c’est plus souvent un peu de tristesse qui s’exprime dans les têtes de l’artiste.
27/03/2016
Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad.