Portrait de Misia Natanson, 1897, hst, 82 x 96 cm, Henri de Toulouse-Lautrec, musée des Beaux-Arts de Berne.
Marie Sophie, dite Misia, Godebska (1872-1950) était pianiste. Elle a été l’égérie et le mécène de nombreux artistes. Elle a d’abord été l’épouse de Thadée Natanson (1893-1905) puis d’Alfred Edwards (1905-1920) et enfin du peintre José Maria Sert entre 1920 et 1927. Elle était la maîtresse de Sert depuis 1908. Une exposition décrivant ses rapports avec les peintres lui a été consacrée au musée d’Orsay en 2012.
Le portrait de Misia est un thème que l’on retrouve souvent dans la peinture vers 1900. Ses portraits par Vuillard, par Bonnard, par Renoir , par Vallotton ou comme ici par Lautrec permettaient d’allier plusieurs talents (la peinture, la musique) à la beauté, et à l’argent. Un vrai thème « people » de cette Belle Époque. Et en plus, tous ces artistes étaient royalement payés pour passer un moment en compagnie de la reine de Paris.
Un peu comme si aujourd’hui Jeff Koons réalisait le portrait d’Angelina Jolie, une technique de promotion qui met en valeur tant le peintre que le modèle et qui a perduré dans les années 20-30, avec Kees van Dongen qui en était le spécialiste, avant Bernard Buffet dans les années 50, ou Andy Warhol dans les années 60 à 80 avec les portraits de Jackie (Kennedy), de Liz (Taylor) ou de Brigitte (Bardot, adjugée 8 ,1 millions d’euros en 2007).
Il est dommage que Lautrec n’ait pas restitué toutes les nuances de la Misia décrite par Paul Morand dans Venises : « Misia, […] telle qu’elle exista : effervescente de joie ou de fureur, originale et emprunteuse, récolteuse de génies, tous amoureux d’elle : Vuillard, Bonnard, Renoir, Stravinsky, Picasso… collectionneuse de cœurs et d’arbres Ming en quartz rose ; lançant ses lubies, devenues des modes aussitôt exploitées […] Misia, reine du baroque moderne, ayant organisé sa vie dans le bizarre, dans la nacre, dans le Burgau ; Misia boudeuse, artificieuse, géniale dans la perfidie, raffinée dans la cruauté […]. Elle excitait le génie comme certains rois savent fabriquer des vainqueurs, rien que par la vibration de son être ».
Misia a laissé des traces durables. En 2013, Alexandra Lamy a interprété le personnage de Misia dans La Vénus au phacochère
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