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La Madone Alba, ca 1510, Raphaël

La Madone Alba, Raphaël

La Madone Alba, ca 1510, huile sur panneau transférée sur toile, D : 94,5 cm, Raphaël, National Gallery of Art, Washington (DC), catalogue De Vecchi n° 90.

La Vierge est présentée assise, tenant un livre de la main gauche. Elle tient Jésus sur ses genoux. Le livre, certainement les Évangiles, est une préfiguration de la Passion du Christ. Saint Jean-Baptiste tient sa croix de roseau et Jésus la saisit. Les regards de Marie et des enfants convergent vers cette croix.

La composition pyramidale des trois personnages a été empruntée par Raphaël dès 1507 à Léonard de Vinci. Les violettes symbolisent l’humilité de la Vierge, les ancolies sont symboles de la Passion. On retrouve les mêmes fleurs dans La Belle Jardinière (musée du Louvre).

Les couleurs du premier plan, l’arbre mort (symbole du péché) sur lequel s’adosse la Vierge, annoncent aussi les malheurs à venir pour la Mère de Jésus. A contrario, le fond aux tons pastels annoncerait un avenir radieux, après la Rédemption (rachat des pêchés du monde).
La forme circulaire correspond à ce qu’on appelle un tondo (le nom provient de rotondo).

Comme beaucoup de tableaux de Raphaël, cette Vierge à l’Enfant tient son nom de l’un de ses anciens propriétaires, toujours prestigieux. Le tableau demeura d’abord jusqu’au XVIIe siècle dans l’église des Olivétains de Nocera. En 1686, elle a été vendue à Gaspard, comte-duc de Olivares, marquis del Carpio, vice-roi de Naples et néanmoins Madrilène. Sa fille Catalina en hérita, qui devint ensuite duchesse d’Albe. Après plusieurs générations, le tableau passa ensuite à l’ambassadeur du Danemark en Espagne, puis au tsar Nicolas 1er de Russie en 1836 pour la galerie impériale de l’Ermitage.

Mais son histoire incroyable continue quand, en 1931, le gouvernement des Soviets le met en vente pour se procurer des devises. Andrew Mellon, alors ministre des finances des États-Unis, l’acheta, à titre personnel, aux Soviétiques pour la somme incroyable à l’époque de 1,18 million de dollars. Au-delà du tableau lui-même, il achetait un morceau de l’histoire du Monde. Andrew Mellon le légua ensuite en 1937 à la National Gallery de Washington (DC).

Un tout petit aperçu des 140 tableaux qu’on peut retrouver dans la nouvelle biographie parue aujourd’hui chez VisiMuZ, celle de Raphaël.

14/05/2016

Photo Courtesy The National Gallery of Art, Washington (DC)