Le Port de Saint-Tropez, 1901-02, hst, 131 x 161,5 cm, Paul Signac, musée national de l’art occidental, Tokyo
Paul Signac est arrivé (sur son voilier Olympia, ainsi nommé en hommage à Édouard Manet) à Saint-Tropez en 1892. Enchanté par l’endroit, il s’y installe et achète une maison : « La Hune ». Depuis, il n’a de cesse de peindre les bords de mer et surtout le port. À propos de cette toile, Signac écrit à son ami, le critique d’art Félix Fénéon (lettre, 13 février 1902) :
« Ici, calme. Commencé une assez grande toile. Port de Saint-Tropez. Arabesque bleu (quai, tonneaux, pêcheurs, filets barque) sur un fond très orangé (maison, clocher, tartanes, cargo-boat, torpilleur, brick, goélette) ».
Le peintre-yachtman se fait ici plaisir en montrant différents types de gréements, propices à des variations de formes et couleurs. Lorsque la toile sera exposée au Salon des Indépendants, le critique H. Bidou écrira, dans L’Occident (juin 1902) :
« Le sujet, conformément à son éclat et sa magnificence, s’enferme dans des lignes tournantes et constitue un ovale. L’architecture de cet ovale est marquée non seulement par les lignes, mais par les couleurs. L’arc inférieur (bateaux, pêcheurs du premier plan) est bleu tandis que l’arc supérieur, qui le prolonge et tourne dans le ciel, s’amincit et s’évapore en nuages couleur de laque. Dans l’ellipse formée par ce cadre froid d’outremer, de violet et de rose, resplendit au contraire l’or des maisons et des eaux… »
Joli compliment à l’artiste, n’est-il pas ? Un tableau pour se réchauffer dans cette grisaille de fin d’automne.
02/12/2015
Photo wikimedia commons : Paul_Signac_-_The_Port_of_Saint-Tropez_-_Google_Art_Project Usr DcoetzeeBot.