Le Baiser, 1907-08, Gustav Klimt

Gustav Klimt, Le Baiser

Le Baiser, 1907-08, Gustav Klimt, galerie autrichienne, palais du Belvédère, Vienne.

Combien de tableaux sont aussi mythiques que celui-ci ? Très peu. Il suffit de se promener à Vienne pour voir les nombreux objets qui hantent les échoppes de souvenirs et font la fortune du musée du Belvédère (qui en conséquence interdit la prise de photos, pour des raisons mercantiles). Mais revenons au tableau. C’est l’œuvre la plus mûre et la plus aboutie de la période dorée de l’artiste. Elle est présentée dans une salle au mur tendu de noir qui la met extraordinairement en valeur.

Les motifs géométriques (carrés, triangles, arabesques) ou floraux se retrouvent dans de nombreuses œuvres antérieures (en particulier les frises de Beethoven ou celles du palais Stoclet à Bruxelles). Fritz Novotny écrivait en 1967 : « l’or, comme couleur d’un autre monde, plus précisément comme non-couleur, remplit le tableau de contrastes raffinés entre or mat et or brillant ».

Le tableau est devenu une icône, devant laquelle défilent entre autres des cohortes de touristes asiatiques, cette étape faisant partie de leur tour d’Europe.

En 2014, les participants de Museomix ont créé au MAH de Genève une expérience d’immersion sensorielle dans la couleur des tableaux. Le prototype était intéressant mais incomparable avec l’immersion que certains d’entre nous ont pu vivre pendant l’exposition Klimt-Schiele-Hundertwasser aux « Carrières de lumière » des Baux-de-Provence.

Klimt sur 15 mètres de haut, même en vidéo-projection, cela avait de la g… .

05/06/2016

Photo wikimedia commons Klimt_-_Der_Kuss.jpeg Usr Aavindraa

Portrait de Fritza Riedler, Gustav Klimt

Portrait de Fritza Riedler, Gustav Klimt

Portrait de Fritza Riedler, 1906, hst, 153 x 133 cm, palais du Belvédère, Vienne, catalogue Coradeschi n° 130.

L’œuvre total de Gustav Klimt ne contient que 200 à 220 tableaux (à comparer aux plus de 5000 d’Eugène Boudin par exemple). Les portraits, presque tous de femmes, en occupent une petite partie. En cette année 1906, Klimt est célèbre. Il est le leader du groupe de la Sécession viennoise, le Kunstschau, appelé plus couramment le groupe Klimt.

Il peint alors ce qui va devenir le premier portrait carré de la période dorée, ce Portrait de Fritza Riedler. C’est le tableau qui a été le plus montré dans les expositions (17 fois entre 1907 et 1965).

Le fond est très stylisé, hésitant entre abstraction et figuration. Le style géométrique et l’or que l’artiste utilise ici sont les conséquences d’un voyage qu’il a fait à Ravenne en 1903. Il est encore sous le charme des mosaïques byzantines. Une photographie a montré que les petits damiers du fond ont été ajoutés à la fin de la réalisation. Le fauteuil sur lequel est assis le modèle est traité aussi d’une manière très novatrice. L’imprimé du tissu (des yeux stylisés) crée un contraste avec les formes.

Le tableau montre une alternance de plans très remplis (la coiffure par exemple) et vides ou presque (le fond à gauche). L’or et l’argent sont appliqués soit au pinceau, soit directement à la feuille, et vont devenir pendant quelques années la marque la plus ostensible du style de Klimt.

En 1970, l’historien de l’art Werner Hoffmann voit dans ce tableau trois réalités artistiques. « Le personnage a la distance d’une icône.[…] Le tableau en tant qu’œuvre d’art rend une œuvre d’art dans une œuvre d’art, car il représente la personne humaine en tant qu’œuvre dans l’environnement imaginé par le peintre qui est aussi une réalité artistique composée du mur aux motifs de mosaïque et du fauteuil. Le peintre et son modèle font ainsi partie de “la création” qui recouvre “le créateur et le spectateur”. »

25/03/2016

Photo wikimedia commons File:Gustav_Klimt_052.jpg Usr : Eloquence

La Danseuse, Gustav Klimt

La Danseuse, Gustav Klimt

La Danseuse, 1916-18, Gustav Klimt, collection particulière, Paris.

Klimt (1862-1918) est un artiste fascinant. Après le conformisme de ses années de jeunesse, il invente de nouvelles voies sous l’influence des néo-impressionnistes français (Van Gogh et Bonnard pour les couleurs, Cézanne, Gauguin) puis des cubistes et de Matisse, ainsi que de la décoration japonaise. Après sa période dorée (1903-1908), il conçoit une synthèse nouvelle tant dans ses paysages que dans ses portraits.

Erich Lederer (1896-1985), fils des amis de Klimt, August et Serena Lederer, spoliés lors de la seconde guerre mondiale, a été une source précieuse pour les biographes de Klimt. Ainsi, Erich a indiqué que ce portrait avait été peint sur une toile réutilisée par l’artiste, qui lui avait déjà servi pour un portrait. Notez les motifs orientaux, caractéristiques de cette période, ainsi que les fleurs. La pose, avec les seins découverts, introduit un érotisme qui ajoute un charme supplémentaire. Ce procédé a été utilisé à plusieurs reprises par l’artiste durant cette période, par exemple dans le Portrait de Wally (Wally Neuzil, la sulfureuse compagne du non moins sulfureux Egon Schiele), ou Les Amies, deux tableaux brûlés en 1945 avec la collection Lederer, ou encore La Dame à l’éventail (collection particulière, Vienne)

Enfin, on pourra remarquer le guéridon et le tapis à motifs géométriques, placés verticalement au mépris de toute perspective, des motifs et une position qui sont manifestement sous influence cubiste.

07/11/2015

Dim 180 x90 cm
Courtesy wikiart.org

Ferme en Haute-Autriche, Gustav Klimt

Ferme en Haute-Autriche – Klimt

Ferme en Haute-Autriche, 1911-12, Gustav Klimt, Palais du Belvédère, Vienne

Gustav Klimt (1862-1918) n’est pas seulement le peintre de la période dorée et du Baiser. Il a peint de nombreux (55) paysages très lumineux, le plus souvent sur des toiles au format carré. Il a en effet découvert les mouvements artistiques français et décidé d’épurer son style à partir de 1909, évitant l’or et se rapprochant du divisionnisme cher à Seurat, Signac, etc.. mais aussi des couleurs des Fauves qui ont exposé à Vienne en 1908.

Klimt le Viennois a passé à partir de 1897 ses vacances d’été en Haute-Autriche, sur le lac Atter (Attersee à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Salzbourg) avec sa compagne Émilie Flöge. Ses paysages sont toujours vides de personnages, ce qui leur donne une sérénité et un calme particulier. Le feuillage des arbres répond à la prairie en fleurs. Klimt peignait ses toiles en plein air et les terminait en atelier. Les lieux sont donc réels et non imaginaires. Un autre tableau de Klimt, célèbre pour d’autres raisons, a été peint ici. Le Jardin au crucifix (1912-1913) a été détruit dans l’incendie du château d’Immendorf par les Nazis le 8 mai 1945 (à moins que les camions en fuite aient été chargés avec les œuvres et que…).

Le tableau du jour est au palais du Belvédère comme Le Baiser ou Judith. Son succès est si grand qu’il a été reproduit sur toutes sortes de supports, y compris des coques de téléphone portable. On sait aussi que l’Autriche s’est dotée d’une loi exemplaire de restitution aux héritiers spoliés dans le cas d’achats douteux à partir de 1938, et qu’un autre paysage de Klimt de même taille (Litzlberg am Attersee) a été vendu aux enchères en 2011 pour 40,4 millions de dollars suite à un jugement de restitution envers le musée de Salzbourg. Mais l’acquisition de cette toile dès 1912 ne saurait être douteuse. Vous pourrez toujours aller l’admirer au Belvédère.

Dim 110 x 110 cm
Photo wikimedia commons : Oberösterreichisches Bauernhaus Usr : GianniG46

Parution en juillet 2017 de Gustav Klimt (1862-1918), entre femmes et paysages

Retrouvez sa biographie, les femmes qu’il a peints et qu’il a aimées, les 55 paysages de sa maturité, les records d’enchères des vingt dernières années, …