Les Baigneurs, Roger de la Fresnaye

Les Baigneurs, Roger de la Fresnaye

Les Baigneurs, 1912, hst, 162 x 130 cm, Roger de la Fresnaye, National Gallery of Art, Washington (DC)

Roger de la Fresnaye (1885-1925) fait partie des peintres qui ne sont pas aujourd’hui « à la mode » et ses résultats sur le marché de l’art sont très erratiques. Élève de Maurice Denis et de Sérusier, admirateur de Cézanne, il adhère dès 1908 au cubisme et à sa déconstruction de la perspective. Entre 1911 et 1914, il est à l’apogée de sa carrière et construit une œuvre innovante, tout en restant décorative (un héritage des nabis).

Sa conception du cubisme est très personnelle. En effet, très vite, les cubistes historiques (Picasso, Braque, Gris) avaient prôné l’abandon du nu. Blaise Cendrars écrira ainsi un peu plus tard (en 1919)[*] : « Réduire à la qualité de l’objet, de synthétiques, les recherches devenaient analytiques. Aussi voyons-nous rapidement les peintres cubistes s’astreindre à ne faire plus que des natures mortes, et, prenant l’effet pour la cause, introduire bientôt des matières authentiques dans leurs toiles, telles que tessons de bouteille, faux cols, papiers, bois, faux bois, étoffes, cheveux, voire «l’objet» lui-même tel qu’il se trouve dans le commerce ! ».

La Fresnaye, avec Jean Metzinger puis André Lhote et Albert Gleizes résistèrent. Au-delà des formes, La Fresnaye se définit également souvent par des couleurs éclatantes pendant que Braque et Picasso se tournaient vers une monochronie beige. On sait que, très heureusement, Picasso reviendra au nu quelques années plus tard.

C’est évidemment Cézanne autant que le cubisme qu’il faut pourtant invoquer dans notre tableau du jour. La Fresnaye, malgré sa courte carrière (il est mort à 40 ans), est accroché dans les plus grands musées du monde, et très présent aux États-Unis.

Mais on peut le trouver dans des lieux beaucoup plus proches. Ainsi le très beau nu ci-dessous, au musée Pierre Lévy à Troyes.

Nu debout de face, Roger de La Fresnaye

Nu debout, de face, 1910-11, hst, 80 x 45 cm, Roger de La Fresnaye, musée d’art moderne de Troyes, donation Pierre Lévy.

08/12/2015

[*]. Blaise Cendrars, Le Cube s’effrite, in La Rose rouge, n°3, 15 mai 1919.

Photo 1–Courtesy NGA Washington, 2–VisiMuZ