Marée basse à Varengeville, Claude Monet

Marée basse à Varengeville, Claude Monet

Marée basse à Varengeville, 1882, Claude Monet, hst, 60 x 81 cm, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid.

Après les années noires de Vétheuil (mort de sa femme Camille, vie avec Alice et les huit enfants, manque d’argent chronique), Claude Monet et sa famille recomposée ont déménagé à Poissy en décembre 1881. À peine installé, Claude Monet part seul pour deux mois, en plein hiver, à Pourville, près de Dieppe, et va en rapporter une quarantaine de paysages, ainsi que quelques portraits et natures mortes effectués les jours de pluie.

Il y retournera le 15 juin avec compagne et enfants et louera la villa Juliette pour trois mois, mais l’effet villégiature l’empêche alors de travailler au calme. Malgré les efforts qu’ils coûtent à Monet (« ce que j’ai commencé de toiles est insensé, mais hélas sans pouvoir arriver à rien terminer » écrit-il), les paysages de 1882 sont parmi ses plus belles marines . Durand-Ruel en achètera cinquante durant l’année.

Ici la composition est très solide, très géométrique, un triangle sur la droite partagé entre falaise et estran, le ciel et le sable qui se partagent presque symétriquement le reste de la toile. Mais c’est naturellement la lumière et les nuances de couleurs qui surprennent, puis attirent et finalement envoûtent.

06/05/2016

Photo The Athenaeum licence PD-Art Usr kohn1fox

Rochers à Port-Goulphar, Belle-Île, Claude Monet

Rochers à Port Goulphar, Belle-Île, Claude Monet

Rochers à Port-Goulphar, Belle-Île, 1886, hst, 66 x 81,8 cm, Claude Monet, Art Institute de Chicago, Wildenstein 1095

En 1886, Gustave Geffroy (1855-1926) rencontre Claude Monet à Belle-Île. De leur rencontre naît une amitié qui ne sera interrompue que par la mort. Geffroy a été l’un des fondateurs de l’académie Goncourt. Il nous a laissé quelques pages magnifiques sur son ami Monet.

« Claude Monet travaille devant ces cathédrales de Port-Domois, dans le vent et dans la pluie. Il lui faut être vêtu comme les hommes de la côte, botté, couvert de tricots, enveloppé d’un “ciré”’ à capuchon. Les rafales lui arrachent parfois sa palette et ses brosses des mains. Son chevalet est amarré avec des cordes et des pierres. N’importe, le peintre tient bon et va à l’étude comme à une bataille. Volonté et courage de l’homme, sincérité et passion de l’artiste, ce sont les caractéristiques de cette famille rustique et fine de paysagistes dont les œuvres sont l’honneur et l’originalité de l’art de ce siècle. Monet sera au premier rang dans ce groupe. Depuis 1865, toutes les colères l’ont assailli, on n’a pas ménagé les quolibets à ses toiles, il a eu à lutter contre la malveillance et l’inertie. Il est facile de prédire que les habitudes d’esprit et les appréciations changeront et qu’il en sera de Monet comme il en a été de tant d’autres méconnus et raillés. Ici, devant ces toiles d’un ample dessin, devant ces œuvres lumineuses, imprégnées par l’atmosphère, pénétrées par le soleil, où les couleurs se décomposent et s’unissent par on ne sait quelle magie d’alchimiste, devant ces falaises qui donnent la sensation du poids de la terre, devant cette mer où tout est en mouvement continu, la forme de la vague, la transparence sous-marine, les écumes nuancées, les reflets du ciel, on a l’impression qu’il est apparu dans l’art quelque chose de nouveau et de grand.

Mais ce n’est pas dans cette note griffonnée au soir d’une journée que peut être décrite et commentée cette histoire de la côte et de la mer à toutes les heures, sous tous les temps, tracée par un pinceau prestigieux. Les toiles peintes à Belle-Île seront vues à Paris. Qu’il suffise d’avoir dit l’amour profond et ému de la nature, qui fait à Claude Monet vouloir reproduire sur ces toiles les lignes qui ne changent pas et les effets fugitifs, les espaces sans bornes de l’eau et du ciel et le velours d’une motte de terre couverte de mousses humides et de fleurs desséchées. »

Avec une petite pensée pour les îliens de Belle-Ile, Houat, Hoëdic, etc. !

26/02/2016

photo wikimedia commons File:Paysage_%C3%A0_Port-Goulphar.jpg Ust Tiago Vasconcelos

La Pie, Claude Monet

La Pie, Claude Monet

La Pie, 1868-69, hst, 89 x 130 cm, Claude Monet, musée d’Orsay

Monet a 28 ans, il cherche plus à exprimer la substance qu’à rendre une apparence. Alors il s’attaque à un sujet complexe, la neige, à la suite de Courbet mais en espérant minimiser les effets théâtraux de ce dernier. L’impressionnisme va naître cinq ans après.

Les bandes noires sont comme une portée musicale dont la pie est une note, dans cet espace presque monochrome aux reflets bleutés. Monet nous propose-t-il un hommage à Rossini ? On sait que celui-ci a écrit son opéra en 1817, mais il a révisé une dernière fois sa composition à Paris en 1866, seulement 3 ans avant la naissance du tableau de Monet.

La barrière à claire-voie est aussi une frontière entre l’espace du premier plan et celui-de l’arrière-plan. Mais il y a une autre dimension symbolique. La moitié inférieure du tableau est dédiée à la terre, la moitié supérieure à l’air et au ciel. Et juste à la limite entre ces deux mondes se tient la pie, capable d’appartenir à l’un comme à l’autre et séparant les deux espaces.

Au premier regard, ce sont la couleur et la texture de la neige qui nous frappent d’abord. Citons Federico Zeri[*] : « Les Romains avaient une grande sensibilité au blanc et au noir. Ils avaient deux mots pour désigner le blanc : candidus et albus. Candidus, c’est le blanc scintillant, celui de la neige ; albus, par contre, c’est le blanc qui n’a pas de reflet, celui de la coquille d’œuf…/… Nous disons, nous, simplement, la neige est blanche et les œufs sont blancs …/… On trouve chez les impressionnistes d’autres tableaux avec de la neige, très réussis, peints avec un grand bonheur d’expression. J’ai vu récemment un tableau de Monet où justement la neige est représentée avec cette extraordinaire qualité de silence… ».

La toile a évidemment été refusée au Salon de 1869.

[*]. Federico Zeri, Derrière l’image, p.30 et p.69

10/12/2015

Photo wikimedia commons Claude Monet – The Magpie – Google Art Project.jpg Usr : Paris 16

Le Bateau-atelier, Claude Monet

06112015-Monet-Bateau

Le Bateau-atelier, 1874, Claude Monet, musée Kröller-Müller, Otterlo.

En 1871, Manet a trouvé à Monet une maison à Argenteuil. Claude emménage en décembre et il habitera là jusqu’en 1874. Il déménagera alors à quelques mètres pour la maison rose aux volets verts du 21 boulevard Saint-Denis (actuel boulevard Karl-Marx), qui existe toujours.

Depuis 1851, le train arrivait ici en 15 minutes depuis la gare Saint-Lazare. Par rapport à un Paris dont la population avait doublé en cinquante ans, Argenteuil avait tous les avantages pour Monet  : la nature, l’eau et la proximité. La nature s’était déjà fortement transformée cependant. Si le petit bras de la Seine, le long de l’île Marande, illustrait une nature inchangée, le bassin montrait sur ses rives comme sur l’eau tous les aspects de la civilisation moderne (cheminées d’usine, ponts, péniches, voiliers, vapeurs, aviron, etc.). Monet, peintre de la modernité, va surtout dépeindre les aspects modernes (trains, voiliers) mais idéalisera le site dans ses tableaux en masquant les aspects qui lui déplaisent. L’Argenteuil que dépeint Monet est, selon le mot de Paul Hayes Tucker, « une cour de récréation urbaine pour citadins »[*].

Pour être plus proche de la nature, Claude a fait modifier un bateau en atelier, afin de lui permettre une présence au milieu de ses motifs préférés. Contrairement à certaines idées reçues, la peinture de Monet est alors très intellectuelle, le peintre regarde ses motifs au travers du cadre de la porte de son bateau, adaptant le décor à l’idée qu’il a imaginée (voir Alberti, et son ouvrage De Pictura, paru en 1436). L’idée du bateau-atelier lui avait été soufflée par Charles François Daubigny (1817-1878), qui avait fait construire le sien, baptisé Botin en 1856, et naviquait au demeurant beaucoup plus loin que Claude Monet.

Très vite le bateau où, dit Monet, il a juste assez de place pour installer son chevalet, se transforme le soir en salon d’été pour les amis. Renoir et Manet se retrouvent là avec Monet et sa femme Camille. Caillebotte fera la connaissance de Monet au début de 1876 et les rejoindra au printemps. Ce n’est donc pas Caillebotte l’architecte naval, qui construisit ce bateau (contrairement à ce qui est évoqué parfois). On compte plusieurs tableaux représentant le bateau-atelier, mais tous de 1874 à 1876. Monet fera encore référence à ce bateau dans une lettre de 1884 (« il est en réparation »), puis plus rien. Il a sans doute fini pourri entre deux eaux. Notons aussi qu’à l’été 1876, Monet a rencontré Alice Hoschedé et que la terre a de nouveaux arguments pour le retenir.

Une réplique du bateau-atelier a été construite en 1990 et est perdue (elle-aussi) depuis 2002. Si vous avez des informations sur ce sujet, elles seront transmises avec diligence !

06/11/2015

[*] TUCKER Paul H., Monet à Argenteuil, Paris, Éditions du Valhermeil, 1990, p. 24.
Dim 50 x 64 cm
Photo wikimedia commons File:Claude_Monet_The_Studio_Boat.jpg Usr Arz1969

Le Pont japonais, Claude Monet

Le Pont japonais, Claude Monet

Le Pont japonais et la mare aux nénuphars, Giverny, 1899, Claude Monet, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie

Si la maison de Giverny est très connue des Français, si les papiers peints, la déco, le jardin, et même le service de table font l’objet de déclinaisons répétées, beaucoup d’entre nous ont oublié la genèse de ce domaine magique. Aujourd’hui, nous ne dirons rien et laisserons Gustave Geffroy, le premier biographe de Monet et son ami proche, nous raconter Giverny. Nous avons aussi l’honneur de publier G.Geffroy chez VisiMuZ.

« C’est à Giverny qu’il faut avoir vu Claude Monet pour le connaître, pour savoir son caractère, son goût d’existence, sa nature intime…/… Celui qui a conçu et agencé ce petit univers familier et magnifique n’est pas seulement un grand artiste dans la création de ses tableaux, il l’est aussi dans le décor d’existence qu’il a su installer pour s’y plaire à l’abri de toutes les tentations du luxe, car le luxe, il l’a, …en correspondance parfaite avec son esprit et sa philosophie de la vie. Cette maison et ce jardin, c’est aussi une œuvre, et Monet a mis toute sa vie à la créer et à la parfaire.

…/… Ce n’est pas toute la richesse florale du domaine. Pour la connaître tout entière, il faut traverser le chemin, grimper au talus du chemin de fer de Vernon à Pacy-sur-Eure, traverser la voie, et pénétrer dans un second jardin qui est le Jardin d’Eau. Autrefois, la petite rivière de l’Epte passait là, sous une voûte de feuillage, et Monet prenait plaisir à y promener ses hôtes en barque jusqu’à la Seine. La rivière passe toujours, mais avec un arrêt. Monet a obtenu du Conseil municipal de Giverny la permission de détourner la rivière, de créer des bassins, et le Conseil municipal a été bien inspiré, car cette création fut la cause d’une éclosion de chefs-d’œuvre. Le cours d’eau détourné dans les bassins creusés, Monet dessina le jardin et les plantations. Les saules déployèrent leurs vertes chevelures, les bois de bambous s’élancèrent du sol, et les massifs de rhododendrons bordèrent les sentiers. Monet ensemença les bassins de nymphéas, dont les libres racines flottèrent entre les eaux sur lesquelles s’étalèrent les larges feuilles et jaillirent les fleurs blanches et roses, mauves et verdâtres. Du haut d’un pont garni de glycines, qui se trouve être de style japonais, Monet vient juger le tableau qu’il a créé. »

Giverny n’est pas loin de Paris, mais pour voir notre tableau du jour, il faut aller à Philadelphie.

Dim 89,2 x 93,3 cm

17/10/2015

Photo Claude_Monet,_French_-_The_Japanese_Footbridge_and_the_Water_Lily_Pool,_Giverny_-_Google_Art_Project.jpg Usr DcoetzeeBot

Soleil levant (Marine), Claude Monet

05092015_Monet_Getty_Soleillevant
Saga hebdo 2/2

Soleil levant (marine), 1873, hst, 48,9 x 60 cm, Claude Monet, Getty Museum, Los Angeles , W262.

Connaissez-vous ce tableau ? Autant celui d’hier est célèbre, autant celui-ci est plus discret. Dans le catalogue raisonné de Georges Wildenstein, il porte le numéro 262 et précède donc immédiatement l’icônique « Impression, soleil levant » du musée Marmottan, que nous avons rencontré hier.
Ils ont été tous deux peints au Havre à la toute fin 1873 (ou aux premiers jours de janvier 1874). On retrouve le même fond dilué des mâts et vergues des bateaux de commerce. Le soleil est un peu plus haut et à demi-caché derrière les nuages. Au premier plan, la silhouette blanche du yacht se déhale doucement dans un vent évanescent. Grand-voile haute, yankee (foc sur le bout-dehors) et trinquette (foc entre le yankee et le mât) établis. Les teintes rosées qui éclairent la mer derrière le voilier participent à cette atmosphère poétique qui déconcerta tant les critiques de la première exposition de de la Société anonyme des peintres, sculpteurs et graveurs, en 1874. Ce tableau n’a pas été exposé lors de cette première exposition.

Mais celui-ci ne démérite pas par rapport à celui de Paris. Et ces deux tableaux pourraient, selon certains commentateurs, signifier aussi métaphoriquement, l’aube d’une ère nouvelle pour la France après la défaite de 1870 et la Commune.

Bon week-end à tous et à lundi !

05/09/2015

Photo Wikimedia commons Claude_Monet_(French_-_Sunrise_(Marine)_-_Google_Art_Project.jpg Usr DcoetzeeBot

Impression, soleil levant, Claude Monet

Impression, Soleil levant, Monet
Saga hebdo 1/2

Impression, Soleil Levant, 1873, hst, 48 x 63 cm, Claude Monet, musée Marmottan-Monet, Paris, W263.

Le tableau a été peint au Havre fin 1873 (et daté 72 postérieurement). W263 signifie le n° 263 dans le catalogue raisonné de Wildenstein. Nous en reparlerons demain.
Rappelons ce qu’a écrit Théodore Duret, l’historien des Impressionnistes (dont 2 ouvrages ont déjà été publiés chez VisiMuZ), lorsqu’il relata dès 1906 (seulement 32 ans après) la première exposition historique d’avril 1874, chez Nadar…

« …/… Jusqu’en 1874, ceux qui pouvaient s’occuper d’eux, à un titre quelconque, ne savaient comment les désigner. Un nom leur manquait. Les uns disaient les peintres de la nouvelle peinture. C’est ce titre de la « Nouvelle peinture », que Duranty, dans une brochure qui leur était consacrée, prenait personnellement ; d’autres les appelaient les Indépendants ou encore les Intransigeants. Cependant quand une chose existe, une appellation survient sûrement pour la désigner.
Au milieu des trente peintres qui se produisaient sur le boulevard des Capucines, les amis de Manet, ayant hardiment adopté la pratique des tons clairs et du plein air, attiraient surtout les regards. Claude Monet avait envoyé des toiles particulièrement caractéristiques et c’est l’une d’elles, qui allait faire surgir le nom. Il en exposait cinq, dont l’une avait pour titre : Impression, soleil levant, une vue prise dans un port. Des bateaux sur l’eau, légèrement indiqués, apparaissaient au travers d’une buée transparente, qu’éclairait le soleil rouge. Au titre Impression correspondait une touche rapide et légère et des contours fondus, dans une enveloppe générale. Cette œuvre donnait bien la formule de l’art nouveau, aussi par son titre et sa facture fit-elle naître l’expression qui paraissait le mieux caractériser les artistes, qui le représentaient, celle d’Impressionnistes.
Le mot, venu en quelque sorte spontanément sur les lèvres des visiteurs, fut pris et appliqué par Le Charivari. Le 25 avril, un de ses rédacteurs, Louis Leroy, mettait « Exposition des Impressionnistes », en tête d’un article consacré aux exposants du boulevard des Capucines. Le nom nouveau n’était du reste employé que dans le sens le plus défavorable, approprié à des hommes considérés comme ignorants et présomptueux. L’article n’était qu’une suite de railleries et de sarcasmes. Le Charivari était alors dirigé par Pierre Véron, un homme sans jugement artistique. Il faisait systématiquement bafouer Manet. Il devait repousser Forain comme dessinateur, incapable de découvrir la moindre apparence de talent dans ce qu’on lui montrait de lui. Et maintenant que les Impressionnistes survenaient, il ne laissait apparaître leur nom dans son journal qu’à titre de dénigrement…./… »

La suite de notre histoire demain…

04/09/2015

Photo wikimedia commons Claude_Monet,_Impression,_soleil_levant.jpg Usr Quibik

Monet en 1867 à Sainte-Adresse

De Claude Monet (1840-1926), on connaît l’attirance pour les séries, celles des meules, des cathédrales, ou des nymphéas. Mais celles-ci sont surtout le fait d’un Monet mûr, effectuant des recherches sur la lumière. On sait qu’il finira sa vie en patriarche de 86 ans, ami de Georges Clémenceau, et notable de la République. On connaît aussi son lien particulier avec la Manche, la ville du Havre (Impression, soleil levant est d’abord une vue du port du Havre) et ses environs.

Monet_Pointe_de_la_HèveLa Pointe de la Hève à marée basse, 1864. ★ National Gallery Londres

Une autre version peinte en 1865 est au Kimbell Art Museum de Fort Worth, Texas.
Mais regardons d’un peu plus près la vie de Monet en 1867. Il a grandi au Havre, et s’il habitait alors Paris, la ligne de chemin de fer, ouverte depuis 1847, lui permettait de retourner facilement dans cette ville qu’il aimait. Il retrouvait l’ambiance maritime et bucolique de la maison de sa tante et de ses cousins Lecadre.
Il y vivait une vie bourgeoise dans ce qui était une villégiature à la mode. Osera-t-on dire que la vie en été à Sainte-Adresse était dionysiaque, du nom de ce dieu grec que l’on associe souvent aux fêtes et au vin ? En tout cas, les habitants de Sainte-Adresse s’appellent des dionysiens.

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On sait qu’autour de 1866, Monet a peint cette maison (★ musée Fabre Montpellier) à Sainte-Adresse. Il est heureux en cette année 1867. Camille, qui ne deviendra sa femme qu’en 1870, lui donne un fils (Jean) le 8 août. Et ce bonheur familial transparaît dans ses tableaux. Ceux de l’année 1867 sont très connus et reçoivent souvent deux ou trois étoiles dans les guides VisiMuZ des musées qui les possèdent. La joie de vivre de l’artiste transparaît dans ses tableaux et ravit les spectateurs-admirateurs que nous sommes.

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La Femme au jardin (★★ musée de l’Ermitage Saint-Pétersbourg) est Jeanne-Marguerite Lecadre. Ce tableau formait originellement une paire avec Adolphe Monet lisant dans un jardin aujourd’hui dans une collection particulière.

DSC01348La Terrasse à Sainte-Adresse – ★★ Metropolitan Museum of New York

Sur la terrasse, les personnages sont le père de Monet et les cousins Lecadre. On remarquera que Jeanne porte la même tenue que dans la toile précédente.

DSC01349Les Régates à Sainte-Adresse – ★★ Metropolitan Museum of New York

La première régate en France a eu lieu au Havre en 1838. On aperçoit dans cette toile les bourgeois bien mis qui admirent les voiliers de plaisance. De 1853 à 1860, la Société des Régates du Havre a eu pour président d’honneur Jérôme Bonaparte (1784-1860), ex-roi de Westphalie et oncle de l’empereur, et en 1867 son fils le prince Napoléon en assurait la présidence d’honneur. Mais Monet aime les contrastes et peint aussi les pêcheurs au travail.

Claude_Monet_-_The_Beach_at_Sainte-Adresse_-_Google_Art_ProjectLa Plage à Sainte-Adresse – ★★ Art Institute of Chicago

ou les cabanes qui sont encore dévolues au monde de la pêche et seront remplacées au XXe par celles de la ville du Havre et de la Société des Régates

MAH_Monet_CabaneSteAdresseLa Cabane de Sainte-Adresse – ★ Musée d’Art et d’Histoire de Genève

Monet va avoir vingt-sept ans, il a une femme et un bébé, du talent et des relations. Le monde lui appartient.

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