Autoportrait aux seins nus, 1917, hst, 65 x 50 cm, Suzanne Valadon, collection privée.
Un selfie ! voire un sexfie ? Et pourtant Suzanne Valadon (1865-1938) n’appartenait pas à la génération Z. Mais cette femme a bousculé toutes les barrières. Issue d’un milieu plus que modeste, elle sera lingère, acrobate, modèle, peintre et mère de peintre (Maurice Utrillo). Elle est devenue châtelaine (à Saint-Bernard) dans l’Ain. Elle a vécu avec Toulouse-Lautrec, a eu comme amant Erik Satie, Renoir et Puvis de Chavannes. Son professeur de dessin s’appelait Degas (excusez du peu !) En 1894, elle est la première femme peintre reconnue en étant acceptée comme membre de le Société Nationale des Beaux-Arts. Nous avons publié sur le site un article sur cette femme libre :
https://www.visimuz.com/8-mars-journee-internationale-des-femmes-hommage-a-suzanne-valadon/
Mais arrêtons-nous quelques instants sur ce tableau ! On est loin de Flora ou de Vénus idéalisées par la Renaissance. Au point de vue du style, l’artiste a évolué depuis les années 1890 et a été influencée par le cubisme de ses confrères plus jeunes.
Suzanne s’est remariée en 1914 avec André Utter (de 21 ans son cadet). En 1917, elle a 52 ans et assume pleinement sa féminité. Elle récidivera en 1931 avec un autre autoportrait aux seins nus, elle avait alors 66 ans.
À la fin de sa vie, Suzanne confiait à Michelle Deroyer : « Que des hommes m’aient aimée comme une femme que j’étais, soit ! Mais je veux être aimée des hommes qui ne m’auront jamais vue, qui demeureront à rêver, à méditer, à m’imaginer devant un carré de toile où , avec quelques couleurs, j’aurai mis une image et aussi un peu de mon âme. » (Fayard, 1946).
Alors, Suzanne toujours aussi généreuse, nous donne son image, pour rêver et méditer, sur son destin, sur le désir et le plaisir, sur la Condition Humaine.
22/04/2016
Photo The Athenaeum Usr Irene